Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

Vue aérienne du secteur des vergers de l’Etoile (modifié d’après Geoportail)

Le verger de l’Etoile (St Ament-Tallende 63), géré en bio, couvre dix hectares mais se compose en fait, d’une mosaïque de parcelles de tailles variées dispersées dans le paysage du coteau marno-calcaire qui surplombe la vallée de la Monne. Cet éclatement peut être perçu comme un inconvénient pour la gestion agricole du site mais par contre d’un point de vue écologique il offre un gros avantage compte tenu de la diversité paysagère de la matrice dans laquelle s’insèrent ces multiples parcelles. Dans cette matrice, on trouve outre d’autres vergers conventionnels toute une gamme variée d’éléments semi-naturels : des bois d’acacias peuplés de colonies de clématites et de lierres, des friches-pelouses avec des arbustes épineux, des chemins et talus, des haies, des arbres isolés dont de vieux noyers, quelques cultures, des vergers abandonnés complètement embroussaillés, …

Une des parcelles du verger de l’Etoile entourée de divers milieux semi-naturels

Cette diversité des éléments de la matrice paysagère place les parcelles dispersées du verger au cœur d’un vaste réseau d’échanges écologiques. Les espèces animales circulent entre ces différents éléments pour se nourrir et pour se reproduire et les vergers deviennent pour eux un milieu potentiel à exploiter comme les autres. Beaucoup ainsi visitent les vergers comme sites de ressources alimentaires mais sans s’y reproduire car ils n’y trouvent pas forcément les sites ou les conditions propices au bon déroulement de leur cycle de vie. 

Pour l’arboriculteur, ces apports extérieurs offrent des avantages majeurs car ils permettent le maintien en nombre et en diversité de deux grands groupes. D’une part, les insectes pollinisateurs, dont les adultes se nourrissent du nectar et/ou du pollen des fleurs, assurent ainsi une bonne reproduction des arbres fruitiers ; ce sont les abeilles domestiques et solitaires, les bourdons, les syrphes, …  D’autre part, les animaux qualifiés d’auxiliaires qui se nourrissent des insectes ravageurs des arbres fruitiers vont les protéger et permettre le bon développement des feuilles, des fleurs et des fruits : ce sont tous les insectes prédateurs (dont les carabes, les guêpes et frelons, les mantes, les chrysopes, les coccinelles, …), les innombrables araignées, les oiseaux dont les passereaux insectivores, des mammifères dont les chauves-souris, des lézards et serpents ou des grenouilles et crapauds. L’installation de fleurs sauvages (voir l’exemple de l’iris fétide) au sein des vergers participe aussi au maintien et à la diversité de ces groupes et la majorité d’entre elles viennent justement des milieux semi-naturels environnants sous forme de graines ou fruits dispersés par le vent ou les animaux. 

Ainsi, via cette matrice très diversifiée et imbriquée en mosaïque avec les parcelles des vergers, la protection et la production des vergers s’en trouvent améliorée en même temps que la biodiversité. 

La piste probable d’un blaireau passe de la friche au verger ; au passage dans celui-ci il a peut-être déterré un campagnol

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html