Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

L’allée des chênes qui descend vers la Veauvre

Quand on aborde la ferme des Préaux (Fleuriel, 03) par la petite route, on ne la distingue guère du paysage environnant : un bocage à maille large, avec des cultures, beaucoup de prairies, des bois dispersés et des grands arbres isolés. Mais, quand on parcourt les terres de la ferme, on y découvre, entre autres, des arbres vénérables que je n’hésite pas à qualifier d’exceptionnels. En voici quelques exemples, photographiés lors d’une visite à la ferme début février.

Chêne majestueux au bord de la Veauvre

Les chênes dominent largement le paysage et dès que l’on descend vers la Veauvre, la petite rivière qui serpente en contrebas, on est accompagné par une superbe rangée de vieux chênes majestueux qui semblent vous indiquer le chemin à suivre. Dans la forêt rocheuse clairsemée (voir la chronique sur ce milieu original) qui domine la Veauvre, ils sont bien présents avec là aussi quelques spécimens impressionnants. Mais le plus « beau », je l’ai trouvé sur le plateau, au milieu des haies, vers le vallon qui délimite la ferme à l’Est : une énorme trogne devenue gigantesque, un vétéran devant lequel on ne peut que s’incliner et murmurer son respect et son admiration. 

On s’incline devant tant de sagesse accumulée !

Les frênes ne manquent pas non plus et la plupart sont taillés en trognes (voir la chronique sur ce qu’est une trogne) ; un exemplaire sidérant m’a tellement estomaqué que je lui consacre, pour lui seul, une autre chronique à voir ! 

Deux trognes de frênes dans une haie sur le plateau

Mêmes les cépées de noisetiers, dans le replat qui longe la Veauvre, frappent par leur volume conséquent et le nombre de troncs qui les composent. Avec elles, il y a aussi de très vieilles aubépines en arbres noueux avec leur écorce lacérée en lanières : de superbes fruitiers sauvages, une manne pour les oiseaux hivernants frugivores. 

Vieilles aubépines en arbres

Un arbre de sature plus modeste mais au tronc « musclé » et creux à la base attire mon attention ; en cherchant des feuilles mortes au sol, je peux l’identifier comme un érable champêtre : encore un spécimen exceptionnel pour cette espèce surtout avec un seul tronc. 

Je terminerai par ce peuplier noir, une espèce sauvage de peuplier, près du ruisseau juste avant l’entrée de la ferme et son tronc volumineux, puissant mais avec une ouverture à la base : et quand on s’approche on découvre qu’en fait il est complètement creux ! 

Tout autour, de tels spécimens ont disparu pour la plupart depuis longtemps, abattus ou arrachés. Ces arbres vénérables conservés témoignent d’une gestion bienveillante et respectueuse de l’environnement qui va bien au delà des simples règles de l’agriculture biologique en soi. 

Au delà de l’esthétique, ces vieux arbres nous signalent l’exceptionnelle qualité écologique de cette ferme ; il faut savoir qu’un seul de ces vieux arbres peut être, à lui seul, capital pour le maintien de toute une population locale de tel ou tel insecte rare vivant dans le bois mort ou comme gîte à chauves-souris par exemple. Chacun d’eux a donc une valeur écologique intrinsèque inestimable pour la conservation de la biodiversité locale. Chacun d’eux est une « cathédrale Notre-Dame » de la nature qui mériterait autant d’attention que le vénérable monument.

Si quelqu’un a des idées pour valoriser ce patrimoine exceptionnel d’une manière qui soit par ailleurs une source de revenus complémentaire pour la ferme des Préaux, faites le savoir ! 

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html