Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

En 2019, sur le verger de l’Etoile (Saint Amant-Tallende ; 63), des nichoirs à chauves-souris ont été installés dans plusieurs parcelles. Au delà de favoriser la reproduction d’espèces fortement menacées dans notre environnement, cette opération apporte un sérieux bonus pour la gestion de ces vergers en bio. En effet, et on le sait peu, les chauves-souris peuvent être de très efficaces auxiliaires en arboriculture (voir la chronique sur la matrice pour cette notion) comme en attestent ces informations glanées dans un document de synthèse destiné aux professionnels de l’arboriculture (voir bibliographie). 

Sur les nombreuses espèces de chauves-souris locales, seules quelques unes chassent dans les milieux agricoles dont les trois espèces de pipistrelles avec la pipistrelle commune, une espèce encore très répandue. Dans les crottes de cette espèce, on retrouve des restes d’insectes appartenant à 23 familles différentes et dans celles de l’oreillard gris les traces de 137 espèces ! Une pipistrelle commune peut capturer plus de 3000 insectes par nuit. Dans le Gard, dans des vergers de pommiers et de pêchers, on a étudié des crottes d’oreillard gris en y recherchant via des méthodes génétiques la présence de deux espèces précises de ravageurs des fruitiers : le carpocapse de la pomme et la tordeuse orientale du pêcher ; jusqu’à 21% des crottes analysées contenaient des traces de l’un de ces deux insectes  bioagresseurs. 

Dans cette synthèse, on fait aussi le point sur les habitats de chasse de ces précieux auxiliaires : « privilégier des parcelles de taille modeste, plutôt longues et étroites, pour maximiser l’effet de lisière ». Ca tombe bien pour le verger de l’Etoile avec ses nombreuses parcelles dispatchées dans une matrice variée comportant des haies, des lisières de bois, (voir la chronique sur ce sujet)… D’autre part, il est aussi mentionné : « Les vergers de basse tige sont moins favorables, mais peuvent le devenir: réduction des traitements, allègement du rythme des fauches d’inter-rangs, enrichissement de l’environnement des vergers, amélioration de la connectivité avec les éléments paysagers, préservation du petit patrimoine bâti source de gîtes… ». C’est exactement ce à quoi s’emploient les gestionnaires de ce verger conduit en bio ! Donc, au petit jeu de la notation, on peut attribuer un ***** au verger de l’Etoile !

Une des parcelles du verger de l’Etoile en situation idéale pour les chauves-souris en chasse avec les lisières au dessus et sur le côté

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html

LE POINT SUR LES CHAUVES-SOURIS CIFTI n°46-mars 2009