Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

Alternance de plages de sol nu et de bandes herbeuses

25/01/2020 Je visite pour la première fois, sur la commune de Saint-Sandoux (63) les parcelles de verger bio gérées par Pierre et Amélie, les deux arboriculteurs associés à Terre de Liens et le Verger de l’Etoile. Sur ces parcelles se côtoient des vergers « anciens » et des plantations plus récentes de pommiers ou de pêchers ce qui créé à l’intérieur des parcelles une mosaïque de conditions différentes pour la flore que je me propose de suivre (voir la chronique sur l’inventaire botanique). Ce premier contact bien qu’en plein hiver permet déjà de « prendre la température » et d’évaluer la qualité du milieu. Le temps doux qui règne cet hiver et les pluies d’automne ont par ailleurs permis un bon développement de la flore avec de nombreuses rosettes ou plantules présentes, voire des floraisons ! 

Dans les nouvelles plantations, les vastes allées herbeuses semi-naturelles (pas de « gazon » artificiel à base de ray-grass) hébergent une certaine diversité (pour ce qui est visible et identifiable à cette époque, soit une petite proportion) : là, une rosette d’inule conyze ou de vipérine, ici une carline sèche ou une touffe de réséda jaune. Signe de bonne qualité du milieu : des rosettes d’orchis bouc, espèce commune certes (voir la chronique sur cette espèce en expansion).

Rosettes d’orchis boucs

Une colonie de pissenlits en pleine floraison attire déjà quelques abeilles domestiques et deux syrphes, auxiliaires-clés pour la lutte contre les pucerons (voir la chronique sur ce sujet).  Il me tarde de voir ces allées fleuries ce printemps avec sans doute bien plus d’espèces en perspective !

Mais, le meilleur se situe sans doute autour des arbres plantés avec de larges plages dénudées entretenues pour laisser le sol s’échauffer. Là, se sont déjà installées des multitude d’annuelles et de petites vivaces. Les fines rosettes de feuilles tordues des muscaris à grappe prospèrent, laissant espérer, qui sait, la présence de gagées des champs, une espèce typique de ce milieu et devenue rare. Les véroniques de Perse en pleine floraison abondent (voir la chronique sur cette espèce très commune) ; çà et là, une autre espèce proche a aussi fleuri : la véronique luisante indigène et bien moins commune. Des rosettes de panais sauvage se montrent un peu partout : cette ombellifère est fréquente dans ces vergers sans doute à cause des sols argileux. Les pieds de « doucette » sauvage (mâche) côtoient les feuilles de coronille variée. Petite surprise : quelques pieds en fin de floraison d’épiaire annuelle, une espèce typique des moissons et en forte régression qui a du trouver refuge sur ce substitut de terre cultivée. 

Cette première approche me donne en tout cas très envie de revenir suivre la flore de ces vergers où l’on se sent bien, comme dans un milieu naturel ! En plus, une étude suisse (voir la chronique) a démontré l’importance capitale des plages de sol nu pour certaines espèces d’oiseaux en fort déclin comme la huppe, le torcol fourmilier ou le rouge-queue à front blanc. 

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html