Hartigiola annulipes

Sur les feuilles de hêtre, outre la très voyante galle pointue, on trouve très souvent une autre galle, plus petite et typiquement poilue, due elle aussi à un Diptère Cécidomyiidé : Hartigiola annulipes. En dépit de sa parenté avec la précédente, cette espèce possède un cycle bien différent avec plusieurs originalités.

Une boursouflure poilue

En septembre, au pic de son développement, la galle poilue se présente sous forme d’une excroissance verte arrondie de 4 à 6mm de haut, le plus souvent coiffé de poils brun clair ou rougeâtres. Plus tôt en saison, elle est bien difficile à repérer car limitée à une lentille aplatie qui déborde des deux côtés, mais surtout visible sous la feuille. D’ailleurs jusque dans les années 1970, avant une étude détaillée du développement, on attribuait ce stade initial à une autre espèce.

Une même feuille peut porter plusieurs galles (jusqu’à cinquante !), le plus souvent le long de la nervure principale.

Un développement larvaire singulier

Les adultes, des petits moucherons insignifiants, éclosent en moyenne plus tard que chez Mikiola fagi : fin avril à mi mai. Les femelles pondent alors leurs œufs isolés ou par petits paquets de 2 à 4 sous les feuilles des hêtres. Si le débourrement des feuilles est tardif au moment de l’émergence, la femelle dépose les œufs au niveau des poils qui bordent la feuille encore enroulée ; si le débourrement est déjà avancé, elle pond directement le long de la nervure principale. Dans les deux cas, la présence des poils sous les feuilles (typiques du hêtre) semblent servir de déclencheur pour la ponte et cachent les œufs. Ceux-ci éclosent quelques jours plus tard et donnent de petits asticots brunâtres à peau durcie qui se déplacent activement sous la feuille. Ils recherchent un emplacement favorable, généralement à la jonction entre la nervure principale et une nervure secondaire.

La jeune larve commence à grignoter les cellules de son site d’implantation ; en moins de 24 heures, un tissu nutritif se développe tandis qu’un creux se forme, amorce de la future galle qui se soulève. Trois jours plus tard, les premières cellules formées au sommet se durcissent tandis que de nouvelles cellules nutritives apparaissent sur les parois latérales, induites semble t’il par l’étrange comportement de la larve : elle frappe de sa tête les nouvelles cellules nutritives formées tout en tournant sur elle même et sans détruire celles-ci ! La larve change, devenant blanche et presque transparente et s’immobilise. Une semaine plus tard, elle se trouve entièrement incluse protégée par des parois durcies. Son développement va alors connaître un très net ralentissement, comme une sorte d’estivation tandis que la galle évolue.

Deux mois plus tard (en début d’été), la poche s’est étendue vers le haut et a déchiré l’épiderme supérieur, la rendant alors nettement visible dessus. Des poils apparaissent alors au sommet lui donnant son aspect si singulier.

La larve effectue sa seconde mue et sa croissance va connaître une nouvelle accélération. Elle se nourrit des tissus nutritifs formés sur les parois latérales du fait de son activité initiale ; elle a en quelque sorte préparé « sa salle à manger », ce qui explique l’accélération de son développement. Elle suce les cellules couche après couche vers l’extérieur, aspirant les contenus à travers les cellules qu’elle a percées en premier.

Le développement global aura donc demandé près de cinq mois ce qui est inhabituellement long pour ce groupe d’espèces du fit de ce développement en deux temps.

Une fin de cycle classique

Comme chez Mikiola fagi , une fois le développement terminé, la larve ferme l’entrée de la galle sous la feuille et la galle tombe au sol, laissant une cicatrice ronde sur la feuille. La larve hiverne donc au sol et se transforme en pupe au printemps, laquelle va éclore donc fin avril à mi mai.

Apparemment, cette galle, même quand elle est abondante, cause moins de problèmes aux arbres infestés et n’affecte aps la croissance des arbres.

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Feuille de hêtre tombée au sol avec ses galles poilues. ©zoom-nature.GG

BIBLIOGRAPHIE

  1. Relations hôte-parasite au début de la cécidogenèse du Hartigiola annulipes Hartig sur le Hêtre. O. Rohfritsch. Bull. Soc. Bot. Fr. ; 127, Actual. Bot., 1980 (1) 199-207
  2. Plant galls. M. Redfern. The New Naturalist Library. 2011
  3. Ravageurs des végétaux d’ornement : Arbres, Arbustes, Fleurs. D.V. Alford. Version française. INRA Editions. 2002

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