Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

Dès les premiers beaux jours du milieu de l’hiver, on la voit apparaître un peu partout le long des chemins, sur les talus, dans les pelouses rases, dans les lieux piétinés, sur des sols rocailleux ou sableux, … sous forme de délicats tapis blancs au ras du sol : la drave printanière. On dirait une efflorescence neigeuse qui parsème les espaces dénudés à partir de janvier (parfois dès décembre) avec un pic en février-mars. 

Il faut au minimum se mettre à genoux pour faire connaissance avec cette minuscule annuelle très répandue. On découvre d’abord que chaque tapis se compose de centaines ou de milliers de pieds différents. Chacun d’eux se compose d’une rosette de feuilles entières à un peu dentées, étalée et plaque au sol, d’où montent une ou plusieurs tiges délicates ramifiées, sans feuilles qui portent les fleurs au sommet. Chaque fleur comporte quatre pétales (typique de sa famille, les Crucifères ou Brassicacées) de 1 à 3mm de long, profondément échancrés en deux lobes. Ces fleurs n’attirent guère les insectes ; d’ailleurs, elles n’en n’ont pas besoin puisqu’elles s’autopollinisent avant même l’ouverture des boutons floraux ! Ces fleurs cèdent rapidement place à de petits fruits secs aplatis, en forme de lentille, des silicules. A maturité, elles s’ouvrent en deux valves, laissent tomber les graines ; il ne va en rester que le cadre central parcheminé, à la manière des monnaies-du-pape (de la même famille) mais en version ultra-mini. 

Profitez en bien car ensuite la belle disparaît de la circulation après avoir séché : tous les pieds meurent … mais après avoir répandu les graines. Celles-ci passent tout l’été en dormance et vont germer dès les pluies d’automne et du début d’hiver, donnant les premières rosettes … qui fleuriront à la première occasion au printemps suivant. Ainsi vont ces plantes annuelles : une vie de deux à trois mois et puis s’en vont ; on retrouve ce cycle de vie éphémère chez d’autres espèces spécialisées des sites extrêmes (piétinés, secs le reste de l’année) comme la minuscule mibora naine, une herbe rare des carrières de Cacherat (voir la chronique). 

G Guillot. Zoom-nature.