Urtica urens

 Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

13/05/2020 Sur la place devant l’Eglise, le long du mur du bâtiment juste après la Mairie, je repère de loin une plante verte sombre au pied du mur. Belle surprise : il s’agit d’une ortie brûlante, une espèce devenue rare. D’aucuns vont se dire que je dis n’importe quoi car les orties sont très abondantes : oui, mais on parle alors des grandes orties (leur nom commun) ou orties dioïques (nom officiel) et celle-ci est une autre espèce méconnue surnommée par opposition à la précédente, la petite ortie. 

Elle frappe d’emblée par sa taille bien plus modeste (50cm de haut au maximum) et ses feuilles bien plus petites (4cm grand maximum) mais tout aussi dentées que celles de la grande. Prenez garde car elle se montre tout aussi urticante que sa grande cousine : d’ailleurs son adjectif latin urens signifie brûlant et nos voisins anglo-saxons la surnomment aussi burning nettle. Son port diffère nettement : elle forme des touffes partant d’un seul point, souvent ramifiées dès la base car il s’agit d’une plante annuelle : elle n’a pas la capacité envahissante de la grande ortie dotée de rhizomes souterrains traçants et qui forme elle des colonies étalées vivaces. 

La petite ortie produit des fleurs minuscules regroupées en grappes simples (et non ramifiées comme chez la grande) ; autre différence : ces grappes renferment des fleurs femelles en grand nombre et quelques fleurs mâles alors que la grande ortie a des pieds mâles différents des pieds femelles. 

Cette petite ortie recherche les lieux frais au sol enrichi en substances nutritives ; son site préféré reste les cultures sarclées dont les cultures maraîchères où, localement, elle peut se montrer envahissante et surtout gênante au moment du désherbage ou de la récolte par exemple des épinards. Chassée de ces milieux par les traitements chimiques, elle se réfugie maintenant plutôt en ville : le long des murs, au pied des arbres (où elle profite de l’urine des chiens !), près des fermes et des stabulations, dans les friches, sur les tas de déblais…

En Auvergne, comme dans une bonne partie de la France, elle a beaucoup régressé mais reste bien présente en Grande Limagne tout en étant toujours très discrète. A Saint-Myon, je l’avais observée il y a près de vingt ans en masse dans une culture maraîchère au bout du chemin des Sagnes mais elle en a disparu depuis. Elle est donc toujours présente et doit réapparaître via ses graines qui restent dans le sol. 

G Guillot. Zoom-nature.