Erysiphe alphitoides/Quercus robur

Des inquiétudes étayées commencent à poindre à propos de l’épidémie d’oïdium du chêne qui affecte surtout le chêne pédonculé et de son avenir dans le cadre du changement climatique en cours. Pour comprendre ces craintes, il faut d’abord s’intéresser aux sources d’infection de cette espèce.

La phase sexuée change tout

Il existe deux sources d’infection au printemps :

– par les jeunes pousses infectées à partir du développement des bourgeons eux-mêmes porteurs de la maladie de l’été précédent ; mais ce processus semble très rare en fait

– par  les spores produites en automne au cours de la phase sexuée et dispersées par le vent ; cette voie semble bien être la plus efficace et présente un inconvénient majeur du point de vue des chênes : la source d’infection (l’inoculum comme disent les spécialistes) est prête dès le début du printemps sous réserve qu’elle ait résisté à l’hiver.

oidium-rejets

Rejets sur souche infestés par l’oïdium et « condamnés » à végéter au cours de la saison de croissance.

Des signes inquiétants

Or, à propos de cette phase sexuée, deux observations viennent jeter le trouble.

Aux débuts de l’invasion, elle était inconnue ; la première observation ne remonte qu’à 1911 et pendant des décennies elle ne fut que rarement observée. Progressivement, la phase sexuée s’est généralisée avec production de spores automnales, sans doute sous l’effet du réchauffement climatique. En effet, la température semble bien être le facteur clé favorisant la production de spores sexuées et leur survie hivernale.

Au cours des années 2000-2010, on a observé dans le sud-ouest de la France des infestations sévères sur des jeunes pousses feuillées….de la première génération, celles qui se forment en avril. Autrement dit, le pas critique pourrait être en voie de franchissement : le parasite devient capable d’infester les chênes dès le début de leur cycle végétatif ce qui change tout, notamment pour les chênes adultes jusque là relativement peu affectés. Le changement climatique semble être en train de compenser la maladaptation relative de l’oïdium avec son démarrage tardif.

Il se pourrait que cette nouvelle donne exerce du coup, outre de sérieux ravages, une nouvelle pression de sélection sur les chênes qui, eux, par contre, présentent une forte diversité génétique au niveau du timing de leur démarrage végétatif en avril (le débourrement des bourgeons) : si on suit tous les descendants d’un même arbre, on observe des différences de 20 jours entre ceux qui démarrent le plus tôt et ceux qui le font le plus tard.

BIBLIOGRAPHIE

Phylogeny and taxonomy of the oak powdery mildew Erysiphe alphitoides sensu lato ; S. TAKAMATSU, Uwe BRAUN, S. LIMKAISANG, S. KOM-UN, Y. SATO, James H. CUNNINGTON. 2007 The British Mycological Society.

Phenotypic variation in the phenology of ascospore production between European populations of oak powdery mildew. B. Marcais, M. Kavkova, M.-L. Desprez-Loustau Ann. For. Sci. 66 (2009) 814

Spatial distribution of lineages of oak powdery mildew fungi in France, using quick molecular detection methods. A. Mougou-Hamdane, X. Giresse, C. Dutech, M-L. Desprez-Loustau. Ann. For. Sci. 67 (2010) 212

A retrouver dans nos ouvrages

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