Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

Mare de Parret en hiver avec les tiges et feuilles sèches des massettes qui occupent une grande partie de la mare.

Si vous passez dans le village de Parret, vous ne pouvez pas les rater, été comme hiver, dans la grande mare communale au centre du « coudert » (le communal) : les faux-roseaux ou massettes. Souvent confondu avec le « vrai » roseau (pour les botanistes) à plumeau ou phragmite (voir la chronique sur les rouchus de Parret), la massette ou roseau à quenouille en langage populaire se reconnaît très facilement à sa haute stature (jusqu’à 3m de haut !), à ses feuilles vert foncé larges de 2cm, très souples et engainant la tige robuste. Mais surtout, en période de floraison en été, les tiges portent ces fameuses « quenouilles » qui sont des épis de fleurs minuscules innombrables très serrées formant comme un gros cigare brun chocolat surmonté d’un second épi jaunâtre plus fin. Nos amis anglais les surnomment cat-tail soit « queue-de-chat » : bien vu ! 

Ces massettes développent de puissantes tiges souterraines charnues (des rhizomes) grosses comme le pouce, chargées de réserves, sur lesquels poussent les tiges. Elles envahissent rapidement leur milieu de vie tant que l’eau n’est pas trop profonde et qu’il y a de la vase au point de recouvrir complètement le fond de la mare ; au fil des ans, les couches enchevêtrées de rhizomes finissent par tout étouffer et contribuent à assécher la mare en été. C’est pourquoi sous l’égide du Conservatoire des Paysages d’Auvergne, à plusieurs reprises, un chantier nature a été mené pour extirper ces rhizomes et donner un peu « d’air » à la mare et permettre la survie des autres espèces. Mais, très rapidement, les massettes reviennent et recolonisent en quelques années le fond de la mare. 

Cela dit, les massettes n’ont pas que des aspects négatifs pour la mare ; ce sont des pantes indigènes (on en trouve çà et là dans les fossés humides) et elles hébergent une riche biodiversité de « petites bêtes » et leurs abondantes graines en automne nourrissent divers animaux dont des oiseaux. 

G Guillot. Zoom-nature.