Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

Une parcelle ancienne de pommiers du verger de l’Etoile (St Amant-Tallende 63)

On peut s’intéresser aux arbres des vergers pour de multiples raisons : comme outil de production pour l’arboriculteur, comme support de biodiversité pour le naturaliste, comme modèle de plasticité face à le taille pour le physiologiste végétal, … Mais, on oublie souvent un dernier aspect : la bienveillance et l’empathie. Cela signifie les observer non pour ce qu’ils nous apportent matériellement mais pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des êtres vivants à part entière aussi proches de nous que les animaux . Cela va faire sourire nombre de gens mais de plus en plus de botanistes très rationnels tirent la sonnette d’alarme quant à notre attitude vis-à-vis du monde végétal et notamment notre incapacité à voir les plantes comme des êtres vivants, sensibles, actifs, réactifs, … et à saisir leur importance capitale dans tous les écosystèmes terrestres comme base de toute vie. Ils avancent qu’une grande partie des dommages irréparables commis envers la nature viennent du schisme profond de nos sociétés occidentales quant à la perception du monde végétal. Voir à ce propos deux chroniques approfondies sur ce sujet passionnant dans la partie scientifique de ce site : Plantes à fleurs : les (presque) invisibles et De l’urgence d’ouvrir notre regard sur les plantes

Pour illustrer concrètement ce problème, je me suis livré, le temps d’une visite en cette fin d’hiver dans une des parcelles du verger de l’Etoile, à une profonde observation de vieux pommiers taillés depuis des générations et aux formes tortueuses et improbables. J’ai donc essayé de les regarder comme des êtres sensibles et de considérer avec empathie ces vieillards encore productifs qui risquent de bientôt de disparaître pour avoir atteint la limite d’âge.

Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

Pour traduire cette empathie, j’ai essayé de capturer en images quelques « gueules cassées » engendrées par les tailles répétées et qui évoquent une certaine animalité voire une profonde humanité.

Certes, il s’agit là d’une vision anthropomorphique où l’on projette sur l’arbre des images animales mais le but recherché reste d’attirer l’attention du profane et d’essayer d’ouvrir le regard. 

Pour conclure cette chronique « hors science » mais pas tant que çà, je vous livre à la réflexion cette observation : des associations ou des particuliers  mettent en place des structures d’accueil pour recueillir des animaux domestiques qui ne « sont plus rentables » ou blessés et c’est très bien ; mais à ma connaissance, je n’ai jamais entendu parler de « maisons de retraite pour vieux arbres fruitiers cultivés » ? On pourrait être en garder quelques uns a minima lors du réaménagement des parcelles (si elles sont replantées), voire conserver carrément une parcelle en les accompagnant par des soins minimaux jusqu’à leur mort finale ; la biodiversité locale n’y verrait, je pense, aucun inconvénient (voir la chronique à venir sur le bois mort des pommiers) ! Utopie futile ou autre vision unifiante de notre monde naturel ? 

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html