Erysiphe alphitoides

L’oïdium du chêne, champignon parasite qui affecte surtout le chêne pédonculé, est connu outre-Manche sous le nom de «oak powdery mildew », le mildiou poudreux du chêne ».

Un mildiou qui est, lui, un vrai champignon

Mildiou est un terme général qui désigne diverses maladies végétales dans lesquelles l’agent pathogène se développe à la surface des feuilles ce qui le rend visible à l’œil nu. L’oïdium du chêne appartient au groupe des Erysiphales qui comporte au moins 500 espèces, toutes agents de maladies végétales, au sein de l’immense groupe des Eumycètes, plus connus sous le nom de … champignons.

oidium-mildiouvigne

Le mildiou de la vigne n’est pas un champignon contrairement au « mildiou poudreux  » ou oïdium du chêne. ERREUR: voir ci-dessous

NB : un lecteur (J. Meffre) signale une erreur sur la photo ci-dessus : « La photo présente des symptômes de l’érinose qui est un acarien. Les taches blanches sont dues à une hyperpilosité de la vigne due au développement de l’acarien qui y trouve un endroit propice à son développement. Généralement, la face supérieure de la feuille est boursoufflée. les taches de mildiou sont plus grandes et plus rondes avec une jaunissement (tache d’huile) en face supérieure. »

Par contre, le célèbre mildiou de la vigne (Plasmopora viticola) qui affecte les feuilles de la vigne n’est pas du tout un champignon ; on le classe dans le groupe des Oomycètes au sein de l’ensemble des Straménopiles, auprès des Diatomées ou des Algues rouges, comme on peut le voir sur l’arbre phylogénétique des Eucaryotes joint ci-dessous.Ces organismes n’ont rien à voir avec les Champignons et font partie d’un vaste groupe d’êtres unicellulaires tels que les paramécies.

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Arbre phylogénétique des Eucaryotes sur lequel on remarque que les champignons (Eumycètes) en bas sont nettement éloignés en termes d parentés des Oomycètes regroupés au sein des Straménopiles (en haut). document reproduit de la page 99 (4).

 

Une histoire plus compliquée qu’on ne croyait

Observé pour la première fois en 1907 en France et en Espagne, l’oïdium va se répandre sur toute l’Europe en quelques années et devenir omniprésent. On a longtemps cru qu’il s’agissait d’une espèce inconnue venue d’Amérique. Des analyses génétiques (1) menées au cours de la dernière décennie indiquent une de fortes ressemblances avec des espèces tropicales ; de plus, on a réalisé qu’en fait il n’y avait pas qu’une espèce mais sans doute quatre ; s’agit-il d’espèces individualisées, indiscernables autrement que par leur ADN (espèces dites cryptiques) ou de simples lignées présentant des différences génétiques mineures ? Parmi elles, on a identifié notamment Erysiphes quercicola que l’on croyait strictement asiatique.
Le scénario plausible qui se dessine serait donc une espèce exotique d’origine tropicale introduite par des plantes exotiques cultivées infectées et qui aurait muté pour donner une nouvelle espèce au moins.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Phylogeny and taxonomy of the oak powdery mildew Erysiphe alphitoides sensu lato ; S. TAKAMATSU, Uwe BRAUN, S. LIMKAISANG, S. KOM-UN, Y. SATO, James H. CUNNINGTON. 2007 The British Mycological Society.
  2. Phenotypic variation in the phenology of ascospore production between European populations of oak powdery mildew. B. Marcais, M. Kavkova, M.-L. Desprez-Loustau Ann. For. Sci. 66 (2009) 814
  3. Spatial distribution of lineages of oak powdery mildew fungi in France, using quick molecular detection methods. A. Mougou-Hamdane, X. Giresse, C. Dutech, M-L. Desprez-Loustau. Ann. For. Sci. 67 (2010) 212
  4. Classification phylogénétique du vivant. G. Lecointre ; H. Le Guyader. Belin Ed. 2001 ; document reproduit de la page 99

A retrouver dans nos ouvrages

Retrouvez le chêne pédonculé
Page(s) : 206 Guide des fruits sauvages : Fruits secs