Erysiphe alphitoides/Quercus robur

Sur le chêne pédonculé (Quercus robur), l’espèce de chêne la plus touchée, on peut facilement observer le déroulement du cycle de l’oïdium, champignon parasite.

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Le chêne pédonculé reste l’espèce de loin la plus touchée par l’oïdium.

Un cycle à deux phases

Comme de nombreux autres champignons pathogènes, le cycle se caractérise par l’alternance plus ou moins régulière de deux phases que l’on tendait autrefois à prendre pour deux espèces différentes. La maladie se manifeste à partir de la fin mai, par le revêtement poudreux blanc si caractéristique sur les feuilles. Ceci correspond à la phase asexuée du cycle du champignon au cours de laquelle il produit des conidies : c’est elle que l’on nommait autrefois « Oïdium quercinum ».

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Le revêtement blanc poudreux si caractéristique de l’oïdium du chêne.

En fin de saison (de mi août à septembre), on peut éventuellement observer la phase sexuée, très différente, qui produit des petites structures rondes noirâtres, sous les feuilles infestées (des cléistothécies) ; elles libèrent des spores qui se dispersent avec le vent.

Sa cible : les pousses de la Saint-Jean

L’oïdium s’attaque de préférence aux jeunes feuilles juste écloses. Or, il ne commence à reprendre son activité qu’en fin de printemps à partir de la mi-juin ce qui est sans doute une réminiscence de ses origines tropicales (voir article précédent). Il va donc s’attaquer à la seconde génération de pousses qui se forme justement à cette époque (voir articles en lien) et surnommées les pousses de la Saint-Jean (fête du 24 juin). On peut donc dire qu’il a un cycle décalé, qui n’est pas optimal au regard du développement de son hôte : il « rate » en quelque sorte la première vague de pousses feuillées du printemps. Par contre, c’est une chance pour les chênes qui échappent ainsi à une attaque en règle dès leur première vague de pousses feuillées en avril, ce qui explique la relative résistance des chênes adultes aux attaques de ce parasite.

Des études génétiques ont montré la faible diversité génétique de l’oïdium du chêne sur l’ensemble de l’Europe alors qu’il est quand même installé depuis plus d’un siècle : toutes les lignées présentent ce même développement tardif et varient très peu au niveau de ce timing. Comme l’oïdium réussit ainsi sans problèmes à boucler son cycle en parasitant seulement la seconde ou troisième génération de pousses feuillées, ce caractère tardif ne semble pas avoir subi de pression sélective.

Il se peut cependant que le changement climatique en cours ne bouleverse quelque peu ces données dans un avenir proche.

BIBLIOGRAPHIE

Phylogeny and taxonomy of the oak powdery mildew Erysiphe alphitoides sensu lato ; S. TAKAMATSU, Uwe BRAUN, S. LIMKAISANG, S. KOM-UN, Y. SATO, James H. CUNNINGTON. 2007 The British Mycological Society.

Phenotypic variation in the phenology of ascospore production between European populations of oak powdery mildew. B. Marcais, M. Kavkova, M.-L. Desprez-Loustau Ann. For. Sci. 66 (2009) 814

Spatial distribution of lineages of oak powdery mildew fungi in France, using quick molecular detection methods. A. Mougou-Hamdane, X. Giresse, C. Dutech, M-L. Desprez-Loustau. Ann. For. Sci. 67 (2010) 212

A retrouver dans nos ouvrages

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