Morimus asper

Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici.

Je l’ai posé sur un vieux piquet pour en faire le portrait !

13 juin 2018 : notre voisine Anne-Marie Michel nous apporte, précieusement renfermé dans un pot de verre, un gros coléoptère qu’elle vient de récupérer dans sa cuisine : « je ne sais pas si c’est un grand ou un petit capricorne ; je ne le trouve pas dans mes livres ? ». Je soulève le couvercle et le verdict tombe : « non, ce n’est pas un capricorne mais un proche cousin, le morime rugueux ! ». Je connais cette espèce pour l’avoir déjà vue plusieurs fois dont une fois dans notre jardin. Je lui tire le portrait et le rend à Anne-Marie qui l’a libéré aussitôt après. Voilà une belle espèce imposante et très intéressante par son mode de vie qui témoigne d’une certaine qualité de la biodiversité locale et, en plus, il s’agit d’une espèce rare en net déclin. 

Il s’agissait d’un mâle reconnaissable à ses très longues antennes

Pour le reconnaître, notez les longues antennes (comme les « vrais » capricornes dans la même famille), une sorte de collier jaunâtre au niveau du cou et le thorax qui porte de chaque côté une épine forte. Cet insecte appartient au groupe des mangeurs de bois mort. Le morime se cantonne dans les bois avec des vieux arbres contenant une certaine quantité de bois mort sur pied ou au sol, même dans les taillis à la faveur des souches. Hêtres et chênes viennent en tête de ses arbres préférés mais la liste des essences occupées est longue. 

Les femelles pondent sur des arbres fraîchement morts et les larves, sortes de gros vers blancs, creusent ensuite des galeries en mangeant le bois mort pendant 3 à 4 ans avant de se métamorphoser en adulte. Les adultes ne volent pas et ne se déplacent qu’à pied ! 

Sa présence vers les Varennes Hautes tient sans doute à l’existence dans les environs de vieux arbres dans le parc de Val Rose et dans le bois des Bans. Les arbres morts ont une importance écologique majeure pour cette biodiversité des insectes liés au bois mort qui se raréfie de plus en plus à cause du « nettoyage » excessif des bois.

Si vous aussi vous trouvez un insecte inhabituel que vous ne connaissez pas, photographiez le et envoyez moi les photos (adresse mel du site) et n’oubliez pas de le relâcher ; j’essaierai de l’identifier et peut-être en ferai-je une chronique. Vous pouvez en apprendre beaucoup plus sur cette espèce rare à laquelle j’ai consacré une chronique plus détaillée dans la partie scientifique de mon site Zoom-nature.

Arbre mort abattu par le vent dans le bois des Bans : un milieu de vie précieux pour les insectes comme le morime

G. Guillot. Zoom-nature