Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

Touffe d’iris fétide dans l’une des parcelles des vergers de l’Etoile gérés en bio

Parmi la flore sauvage que l’on peut trouver dans les vergers de l’Etoile (St Amant-Tallende-63) et le verger-test figure une plante qui ne manque pas d’attirer l’attention bien que présente sous la forme de quelques pieds seulement : un iris sauvage, l’iris fétide. Ses touffes denses peuvent atteindre 70cm de haut et persistent tout l’hiver. Les feuilles sont aplaties comme celles des autres iris mais un peu brillantes ; autrefois, elles lui ont valu les surnoms de spatule ou encore glays ou glaïeul par confusion avec ce dernier (un proche parent)

Pour s’assurer qu’il s’agit bien de cette espèce et pas d’iris échappés de jardins, il y a un test infaillible (outre la couleur vert très foncé du feuillage) : prenez un morceau de feuille et froissez la bien fort entre vos doigts tout en la portant sous votre nez ; elle répand une forte odeur désagréable (fétide disent les botanistes) que d’aucuns comparent à celle de viande faisandée ! 

La floraison a lieu en fin de printemps-début d’été et donne de discrètes fleurs très élégantes, typiques des iris, d’un beau bleu violet teinté de brun jaunâtre à la base. Mais les fruits qui vont suivre ces fleurs sont bien plus spectaculaires : de grosses capsules de 4 à 7cm de long, d’abord vertes puis brunissant en séchant ; à maturité, elles s’ouvrent en étoile à trois branches et exhibent alors des rangées de graines assez grosses couvertes d’une peau charnue rouge orangé du plus bel effet. On les a comparées aux anciennes manches dites gigot des vêtements luxueux portés du XVème au XVIème siècles : d’où son autre surnom d’iris gigot (mais l’odeur de viande a du jouer en ce sens aussi car les anglais le surnomment par ailleurs roast-beef plant !)

Ces graines sont consommées en fin d’hiver par les merles et les grives qui les avalent : la peau charnue est digérée et la graine dure rejetée ce qui permet le déplacement des graines (dispersion). C’est sans doute ainsi que ces quelques touffes se sont installées dans les vergers depuis les bois favorables qui se trouvent autour. Cette espèce n’est pas rare en Limagne sur les coteaux calcaires et tendrait même à être en expansion car elle aime les sols enrichis en nutriments. On la trouve par ailleurs dans les bois clairs, sur les lisières chaudes et bien exposées et dans les parcs et friches aux abords des villages. 

En tout cas, il semble important de conserver ces quelques touffes voire même d’en favoriser l’installation car ce n’est pas une plante envahissante, loin s’en faut et sa présence apporte un plus esthétique et écologique intéressant. On pourrait en faire une des plantes symboles de ces vergers … sauf que nom d’iris fétide ou iris puant n’est pas très engageant et glamour !!

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html