Ophioglossum vulgatum

Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici.

Sur la commune de Saint-Myon, vivent une dizaine d’espèces de fougères dont une espèce rare présente sur deux petites stations de quelques dizaines de mètres carrés ! C’est la langue-de-serpent, connue des botanistes sous le nom d’ophioglosse (ophio = serpent ; glossum = langue). Cette petite fougère s’est considérablement raréfiée dans le Puy-de-Dôme où elle n’existe que dans les Limagnes et leurs bordures : sa présence à Saint-Myon est donc remarquable ! 

Colonie d’ophioglosse du verger communal

Elle sort de terre en avril-mai et ne mesure que quelques centimètres de haut. Elle ne fait pas du tout penser à une fougère : une tige, une feuille large et ovale et une massue allongée avec une gouttière centrale  qui produit les spores (la fausse langue-de-serpent) ! 

Cette petite fougère forme des colonies nombreuses lors des années humides sur des sites herbeux sur un sol argileux et calcaire, détrempé en hiver mais sec en été. A Saint-Myon, la plus belle station avec des dizaines de pieds (voire une centaine certaines années) se trouve dans une parcelle communale transformée en « verger nature », sur une pente marneuse bien exposée non loin du Puy de Loule.

Le verger communal : une oasis de nature au milieu des cultures intensives

Cette parcelle récupérée au moment du remembrement est maintenue en herbe et fauchée tous les ans par les soins des services communaux ; des arbres fruitiers y ont été plantés grâce à l’action de personnes bénévoles soucieuses de l’environnement local. Cet entretien régulier empêche la colonisation par des arbustes envahissants si bien qu’au fil des années cette parcelle verger a vu sa diversité végétale s’accroître avec l’installation de plusieurs espèces d’orchidées et de notre langue-de-serpent ! S’agit-il d’une colonisation récente (les spores transportées par le vent peuvent voyager très loin) ou était-elle déjà présente sur la parcelle avant sa transformation : impossible de dire. En tout cas, voici un bel exemple d’une action positive de conservation communale. 

Chaque année, la parcelle est fauchée et broyée ce qui empêche la prolifération des buissons comme les cornouillers sanguins (tiges rouges sur la photo) ; sans ces interventions, l’ophioglosse aurait disparu !

L’autre station que j’avais découverte il y a plus de vingt ans se situait sous des prunelliers en lisière d’un bosquet humide au lieu-dit Chanteloze ; je l’ai retrouvée en 2018 dans une friche herbacée tout près de là avec une bonne centaine de pieds ! 

Longue vie à la langue-de-serpent sur notre commune ! 

N.B. : Si vous voulez en savoir plus sur cette fougère surprenante, vous pouvez lire une chronique scientifique plus complète la concernant.

Pas facile de repérer cette petite fougère au printemps quand l’herbe est en pleine croissance !

G. Guillot. Zoom-nature