Erysiphe alphitoides/Quercus robur

Qui n’a pas remarqué en début d’été les feuilles de certains chênes devenues toutes blanches sous l’attaque d’un champignon parasite : l’oïdium du chêne, (Erysiphe alphitoides ; autrefois nommé Microsphaera a.). L’oïdium parasite diverses espèces de chênes mais c’est le chêne pédonculé (Q. robur) qui est de loin le plus touché.

Un amateur de jeunes feuilles fraîches

L’oïdium se développe de préférence sur les très jeunes feuilles (sans doute plus faciles à infester et plus chargées en nutriments), notamment celles des rejets à la base des souches après une coupe ou celles des jeunes plants. Ainsi, dans les taillis, peut-on voir des souches coupées couronnées de rejets tout blanchis.

oidium-rejets

L’oïdium attaque souvent des rejets de chêne sur souche.

Le revêtement blanc farineux correspond au mycélium, les filaments microscopiques du champignon qui pénètrent les tissus de la feuille pour y prélever la nourriture ; sur les feuilles attaquées très tôt dans leur développement cela peut conduire à une nécrose locale. L’infestation entraîne des déformations des feuilles qui se tordent et deviennent rabougries. En fin d’été, elles finissent souvent par se dessécher ou flétrir.  Cette réduction de la durée de vie des feuilles constitue l’impact majeur du aprasite sur la vie d el’arbre.

Des conséquences physiologiques plutôt limitées

Considérons le cas d’un jeune plant de 60cm de haut ; une fois atteint, il va dépérir et la moitié supérieure va se dessécher. L’année suivante, il repartira mais avec 30cm en moins et des ressources diminuées qui vont limiter sa nouvelle croissance ; si en plus, il est de nouveau atteint, il va progressivement s’épuiser et végéter mais sans forcément mourir. Les très jeunes plants d’un an voient leur avenir fortement compromis pour assurer la régénération d’un peuplement dans le cadre d’une exploitation forestière ; si on se place dans le cadre d’un peuplement « naturel » non exploité, l’impact reste limité.

oidium1

Les jeunes feuilles sont déformées par l’attaque d’oïdium et finissent par se nécroser.

Sur une jeune cépée (un tronc coupé au ras du sol avec des rejets), l’impact sera du même type avec une croissance fortement ralentie et le risque de voir d’autres espèces compétitrices non concernées (comme le noisetier par exemple) prendre le dessus après une coupe à blanc de type taillis.

Sur les arbres adultes, comme seules les feuilles de seconde génération sont atteintes, l’effet reste limité. En plus, les parties non atteintes d’une feuille atteinte tendent à compenser la baisse de la photosynthèse dans les parties infectées. Par contre, si cette attaque se trouve associée à d’autres problèmes (comme une sécheresse ou une canicule), alors l’arbre y perd en vigueur et risque de moins bien lutter contre le problème principal. Le pire scénario concerne les épisodes de défoliation massive au printemps suite à une attaque de chenilles car l’arbre a alors perdu sa première génération de feuilles et va se trouver attaqué sur la seconde génération qu’il a déjà du mal à fabriquer.

oidium2

Feuille adulte atteinte par l’oïdium mais peu affectée.

Des études menées en laboratoire montrent que l’infestation par l’oïdium agit peu sur les échanges gazeux et ne change presque pas la transpiration à l’échelle de toute la plante ; l’assimilation de carbone par les feuilles se trouve néanmoins altérée.

Donc, globalement, ce parasite ne constitue pas une menace directe sur la survie des chênes même si, forcément, il affecte le rendement de production de bois au final.

BIBLIOGRAPHIE

Impact of Erysiphe alphitoides on transpiration and photosynthesis in Quercus robur leaves. M. Hajji & E. Dreyer & B. Marçais. Eur J Plant Pathol (2009) 125:63–72

Impact of Erysiphe alphitoides (Griffon & Maubl.) U. Braun & S. Takam. on Leaf Physiological Parameters in Pedunculate Oak (Quercus robur L.) Saplings. Pap, P., Stoiniã, S., Nikoliã, N., Orloviã, S., Markoviã, M., Vasiã, V. and Stevanov, M. 2014. Baltic Forestry 20(1): 2-9.

A retrouver dans nos ouvrages

Retrouvez le chêne pédonculé
Page(s) : 206 Guide des fruits sauvages : Fruits secs