Ficus carica

Cette chronique est dédiée à la biodiversité des communes des coteaux du val de Morge en Limagne auvergnate. Vous pouvez retrouver toutes ces chroniques locales en cliquant ici

04/10/2020 Quand on déambule dans les rues d’Artonne, on remarque vite le nombre de grands figuiers qui dépassent derrière les murs des cours intérieures. Leur hauteur et leur vigueur laissent à présager qu’ils doivent être anciens quand on sait que cet arbre peut vivre entre 200 et 300 ans. Désormais, avec le changement climatique, on ne s’étonne plus de voir des arbres d’origine méditerranéenne capables de pousser ainsi en Auvergne ; ne voit-on pas dans une rue du village un bel olivier planté en pleine terre !

Olivier en hiver à Artonne

Mais, si on remonte seulement un siècle en arrière, la présence de ces figuiers apporte des informations intéressantes sur le microclimat qui règne dans cet ancien village vigneron. En effet, originellement, le figuier se cantonnait de manière spontanée au bassin méditerranéen en remontant sur la façade atlantique. 

Dans sa flore d’Auvergne des années 1950, A. Chassagne en disait ceci : 

Le figuier est assez fréquent en Limagne où il est cultivé et naturalisé, ordinairement dans les jardins, adossé à un mur au sud. On en voit des pieds isolés, toujours à l’exposition sud dans les vignes et près de l’emplacement de vieux monastères, indiquant leur ancienneté. La plupart donnent des fruits mûrs, une récolte, rarement deux par année ; les fortes gelées tuent les branches mais elles repoussent du pied.

Le figuier fait partie des espèces aimant la chaleur (dites thermophiles) : ses parties aériennes supportent des gelées ponctuelles descendant à – 8°C à – 10°C. Ce n’est donc pas par hasard que pratiquement tous les figuiers d’Artonne se trouvent entre des murs, abrités des vents froids et profitant de la chaleur emmagasinée par les murs de calcaire. Par ailleurs, son bois cassant le rend sensible aux coups de vent : il bénéficie ainsi d’une double protection. Ces figuiers ont probablement du subir les coups de buttoir des derniers grands hivers très froids dans les années 1960-70 avec des gelées très fortes persistant sur de longues périodes. Mais même en partie détruit, le figuier n’a aucun mal à rejeter de souche depuis son puissant appareil souterrain capable de régénérer en quelques années des troncs nouveaux ; d’autre part, les branches basses s’enracinent facilement au contact du sol (marcottage). Ceci explique que tous ces figuiers forment des « touffes » composées de multiples troncs. 

Par contre, le figuier résiste très bien aux sécheresses pour peu que son enracinement puisse s’enfoncer profondément dans le sol. Il est donc promis à un bel avenir sur cette partie des coteaux de Limagne et va sans doute « sortir » des cours intérieures pour s’installer en plein air comme il le fait sur le coteau de Châteaugay au milieu des vignes.

Figuier à Montpeyroux au sud de Clermont-Ferrand.

A Saint-Myon, village vigneron mitoyen d’Artonne, on en trouve aussi de beaux spécimens mais la situation « à plat » de la commune lui est moins favorable que celle d’Artonne à flanc de coteau. 

Figuier à Saint-Myon près de la place de Loche

Bibliographie 

Flore forestière française. Tome 3 région méditerranéenne. J.C. Rameau et al. Ed. IDF 2008