Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

Rocailles des carrières de Cacherat : le site préféré du criquet des garrigues

Le site des falaises et des carrières de Cacherat, sur la rive gauche de la Morge côté Artonne recèle bien des pépites de biodiversité côté flore (voir la chronique sur la mibora naine ou sur la gagée de Bohême) mais aussi côté faune. L’orientation plein sud de ces milieux rocheux « écorchés », avec une certaine déclivité et la présence de la Morge en contrebas créent un micro-climat très abrité, chaud et sec voire aride en plein été. 

Le 09 août 2107, alors que je prospecte le pied des falaises, je photographie un criquet qui m’avait paru un peu inhabituel. Je l’ai enregistré sur le site Faune Auvergne (voir l’adresse ci-dessous), une plate-forme de collecte des données naturalistes sur la faune et le soir même, le verdict tombait de la part des experts qui contrôlent toutes les observations entrées : il s’agissait d’un criquet des garrigues, un nom intriguant en soi ? 

Un criquet parmi tant d’autres, penserons certains … Pas tout à fait : jusqu’à une dizaine d’années, cette espèce n’était connue en Auvergne que sur deux sites de la partie centrale de la Limagne au sud de Clermont et, dans les ouvrages scientifiques, on la qualifiait de strictement méditerranéenne. Depuis une dizaine d’années, grâce à une prospection active de divers observateurs de Faune Auvergne notamment, on a découvert qu’il était en fait bien représenté sur les buttes du pays des Couzes et du sud Limagne ainsi que dans le Cantal et la Haute-Loire. Néanmoins, début 2020, la station découverte à Cacherat reste toujours la plus au nord connue en Auvergne à plus de 50 km de la station la plus proche, le puy de Crouel près de Clermont-Ferrand ! A priori aussi, ce serait la station la plus au nord connue actuellement dans toute la France ! 

Carte de répartition du criquet des garrigues en Auvergne d’après le site Faune Auvergne ; la station de Cacherat est représenté par deux points (un vert et un blanc car le site se trouve à cheval sur deux carrés de 10km qui servent de grille de référence)

Depuis cette découverte, j’ai appris à mieux connaître ce criquet qui ressemble à d’autres espèces proches communes et j’ai pu évaluer la population locale, répartie entre le pied des falaises et surtout dans la partie haute des carrières à quelques dizaines d’individus. S’agit-il d’une expansion récente liée au réchauffement climatique ou est-il présent ici depuis bien plus longtemps ? Impossible à dire tant ces insectes sont peu connus et recensés ! 

Pour l’identifier, il faut pratiquement le capturer et l’observer en main avant de le relâcher ou réussir à le photographier de très près : c’est un criquet assez  petit, de coloration foncé, qui se confond bien avec son décor de pierraille, avec l’extrémité des ailes nettement enfumées, assombries. Il recherche les sites les plus chauds, les plus rocailleux avec une végétation rase ou discontinue : bref, un méridional bon teint ! 

G Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie

Site internet de Faune Auvergne : https://www.faune-auvergne.org/index.php