24/10 /2020 « Combrailles, Sioule et Morge (C.S.M.)» et sa médiathèque de Combronde organisent en mars 2021une exposition participative sur les rapaces nocturnes (chouettes et hiboux). A partir du 15 novembre prochain et jusqu’au 31 janvier 2021 vous pouvez déposer à la médiathèque de Combronde des objets en rapport avec ce thème qui seront donc exposés en mars-avril 2021. Pour plus d’informations : 04.73.33.35.76 ou mediatheque-combronde@comcom-csm.fr

Dans ce cadre, zoom-nature propose une présentation générale des six espèces de rapaces nocturnes vivant sur le territoire de C.S.M. (auquel nous avons ajouté la commune d’Artonne). A partir du site Faune-Auvergne géré par la LPO Auvergne, nous avons estimé le nombre de communes où chacune de ces espèces avait été observée dans les vingt dernières années ; ces données sont uniquement indicatrices de l’abondance relative de ces espèces car les rapaces nocturnes sont en général mal connus et on manque de données sur nombre de communes de Combrailles. 

L’Effraie des clochers

Facilement reconnaissable à son masque facial en forme de cœur, ses yeux noirs et son dessous tout blanc (on la surnomme la Dame blanche), l’effraie des clochers habite les milieux agricoles tels que les paysages bocagers et les secteurs de polyculture où elle peut trouver en abondance ses proies favorites : les petits rongeurs (campagnols surtout) et les musaraignes. Elle chasse activement à l’aube et au crépuscule et est souvent victime de chocs avec des véhicules. Pour nicher, elle s’installe le plus souvent dans des bâtiments près des hommes à condition qu’ils soient obscurs, tranquilles et vastes : pigeonniers, granges, clochers d’églises. Elle n’a pas de chant véritable comme les autres rapaces nocturnes mais pousse en vol un chuintement typique. L’agriculture intensive avec la destruction des haies et l’usage des pesticides ainsi que la rénovation des bâtiments anciens ou la fermeture des clochers par des grillages ont provoqué une forte baisse des populations de cette chouette.

Image rare d’une Effraie perchée en plein jour (par temps de brouillard) (Près du péage autoroutier de Combronde)

Sur CSM, l’Effraie  été notée dans 18 communes sur 29 : elle est donc assez répandue mais très discrète et difficile à détecter. 

Le Petit-Duc scops

Ce tout petit hibou (il a des aigrettes sur la tête) de la taille d’un merle possède un plumage brun à gris tout tacheté et rayé. On ne peut guère le détecter que grâce à son chant très particulier : un sifflement flûté tiou répété régulièrement toutes les 2 à 3 secondes et qui s’entend de loin. Mais, on peut facilement le confondre avec le chant très proche de l’alyte ou crapaud accoucheur assez commun ! Dans le Puy-de-Dôme il est rare et mal connu et habite la vallée de l’Allier et les Limagnes. Migrateur, il n’est présent chez nous que d’avril à août. Il recherche souvent la proximité des villages avec des zones de haies, des vergers et des cultures céréalières. Il niche dans les arbres creux, les trous de pic ou dans les vieux murs. Il chasse essentiellement de grands insectes dont des papillons de nuit. 

Sur CSM, il a été contacté au chant dans quatre communes mais à chaque fois de manière ponctuelle sans qu’on sache s’il y niche vraiment. 

Le Grand-Duc d’Europe

Grand-duc photographié en captivité (Le Pal)

Il est le plus grand rapace nocturne d’Europe avec une envergure de 1,6 à 1,9m ! Facilement reconnaissable donc à sa taille massive, son plumage brun taché de noir, ses deux grandes aigrettes et ses grands yeux orange à pupille noire. Ce rapace impressionnant habite les milieux rocheux avec des falaises ou d’anciennes carrières sur lesquelles il niche. Dès la fin de l’automne et surtout à partir de janvier, le mâle chante : des séries espacées de Oû-Ho très graves pouvant porter à plusieurs kilomètres ! il niche à terre sur un rebord de rocher.  Il s’agit d’un super-prédateur qui se nourrit essentiellement de lapins, de rats, de hérissons (dont il sait détacher la peau) et de corneilles. Il est capable de maîtriser des martres ou de jeunes chats ! Sédentaire, il reste sur ses sites de reproduction toute l’année. 

En CSM, le Grand-duc est noté sur une dizaine de communes essentiellement dans la vallée de la  Sioule et la vallée de la Morge. Ce rapace est très sensible aux dérangements en période de reproduction : il faut donc impérativement éviter de fréquenter les parois rocheuses ou essayer de le photographier si on a découvert son aire : cela peut conduire à l’abandon de la ponte ou même des jeunes. 

Le Hibou moyen-duc 

Deux fois plus petit que le Grand-duc, il partage avec lui les aigrettes et les yeux orange. On peut le confondre avec la chouette hulotte de même taille car en vol il rabat ses aigrettes. Il habite les régions bocagères, les abords des villages et les coupes forestières. Dès le milieu de l’hiver, on peut entendre le chant du mâle : hoû-ou, bas, ne portant pas loin, répété toutes les 3 secondes. Il niche souvent dans d’anciens nids de pies ou  de corneilles ; en période de reproduction, on le voit souvent chasser en plein jour. Dès que les jeunes sont capables de voleter, ils quittent le nid et restent perchés dans des arbres parfois très bas, poussant sans cesse des cris plaintifs : piiii ! Beaucoup de gens qui les trouvent ainsi croient qu’ils sont abandonnés alors qu’il faut simplement les laisser tranquilles : les parents ne sont pas loin et les ravitaillent en mulots et campagnols, les proies préférées. L’hiver, on peut observer des rassemblements de plusieurs oiseaux dans des bois ou en ville (souvent dans des conifères) : on parle de dortoirs. La pratique des battues de printemps aux corvidés (pies et corneilles) par les chasseurs détruit souvent des nichées. 

En CSM, le hibou moyen-duc est connu sur plus de la moitié des communes au moins, toujours en petit nombre. Sa présence varie d’une année à l’autre selon l’abondance des petits rongeurs. 

La chevêche d’Athéna ou chouette chevêche 

De la taille d’un merle, cette petite chouette adorable se reconnaît à sa grosse tête aplatie sur le dessus, son plumage moucheté de blanc et ses grands yeux jaunes à pupille noire. On la voit très souvent en plein jour, perchée sur un poteau, un piquet, le toit d’un bâtiment, … Son vol est nettement onduleux. Cette petite chouette est typique des régions bocagères et affectionne les vieux vergers : elle a besoin de prairies où elle peut chasser les petits rongeurs mais aussi beaucoup de gros insectes et les vers de terre. Au printemps, le mâle chante : un coû répété régulièrement, plaintif : on dirait qu’il pose une question ! Elle niche dans les vieux arbres creux ou les anciens bâtiments, les trous  de mur, … Sédentaire, on peut la voir toute l’année. Cette espèce connaît un fort déclin du fait des pratiques d e l’agriculture intensive et de la destruction des vieux arbres. La pose de nichoirs adaptés permet de compenser l’absence de cavités naturelles. 

Chevêche d’Athéna (photo G. Lory/S. Miolane)

En CSM, la chevêche est notée sur la moitié des communes mais elle a disparu de certains secteurs trop transformés. 

La Chouette hulotte 

Une silhouette trapue, des yeux noirs, un plumage rayé brun-roux et l’absence d’aigrettes signent la hulotte. On la connaît surtout pour son chant très sonore qui s’entend dès l’automne et tout l’hiver : deux notes graves sonores suivies d’un silence et ça recommence ! Ce chant qui porte loin lui vaut le surnom de chat-huant. Cette chouette habite toutes sortes de milieux pourvu qu’il y ait des arbres : les bois, les bocages, les parcs et jusqu’en ville et dans les villages. Elle niche dans des trous d’arbres et plus rarement dans de veux nids de corneilles ou de pies et rarement dans des bâtiments. Elle chasse surtout les petits rongeurs mais elle s’attaque aussi volontiers aux moineaux en ville, voire à des grenouilles ou de gros insectes. Elle reste toute l’année sur son territoire. Contrairement au moyen-duc, elle ne sort pas de jour. 

Les chouettes sont des victimes trop fréquentes des chocs avec des véhicules : ici, une Hulotte (Bois de Dinagot ; St Pardoux)

Notée dans presque toutes les communes de CSM, elle est de loin la chouette la plus commune mais aussi la plus facile à détecter avec son chant. 

Bibliographie

Atlas des oiseaux nicheurs d’Auvergne. LPO 2010

Site Faune-Auvergne