Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

Vue de la parcelle par au-dessus ; au fond, le village d’Artonne

18/05/2020. Toute la moitié plaine de la commune de Saint-Myon est fortement investie par l’agriculture intensive et il devient difficile de trouver ne serait-ce que des micro-espaces semi-naturels, exempts de traitements chimiques et d’épandage d’engrais. Dans le secteur de Monclavel, un peu à l’ouest de la Station d’épuration communale près de la Morge, le promeneur pourra apprécier une parcelle préservée, petite oasis de biodiversité surgissant d’un océan de grandes cultures à perte de vue au détour d’un chemin.

Cette parcelle de 6500m2 conduite en pré a été ainsi préservée et plantée en mémoire de l’ancien président de la Société de chasse de St Myon, Dominique Caille, par ses collègues chasseurs. En 2014, la société de chasse locale avec l’appui de la fédération des chasseurs du Puy-de-Dôme a réalisé un programme de plantations d’arbres et arbustes. 200 mètres de bandes boisées sur trois mètres de large ont été installés. Une grande diversité d’essences locales ou de fruitiers ont été ainsi plantées : cognassier, poirier, pommier, troène vulgaire, cornouiller mâle, érable champêtre, sorbier des oiseaux, fusain d’Europe, cassissier et groseillier, charme, prunellier, noyer, noisetier et viorne obier !

Six ans plus tard, on peut apprécier l’évolution de cette végétation et l’intérêt qu’elle présente désormais comme refuge de biodiversité au cœur d’un environnement très dégradé. 

Paradis d’insectes 

Les floraisons successives des arbustes et arbres offrent des ressources en pollen et nectar pour toute une foule d’insectes et aussi des terrains de chasse pour les prédateurs tels que araignées ou chasseurs de pucerons. Sur une des bandes boisées, des églantiers sauvages se sont invités et ont été judicieusement laissés libres avec de superbes floraisons qui, en ce printemps, attirent des foules de syrphes et d’abeilles. Les syrphes, ces mouches aux allures de guêpe, viennent butiner le pollen des fleurs et cherchent aux alentours des plantes infestées de pucerons pour y pondre leurs œufs : les larves vont ensuite dévorer avidement les pucerons. Ainsi, cette parcelle sert de réservoir d’auxiliaires pour la protection des cultures environnantes attaquées éventuellement par les pucerons !

Des coccinelles à sept points s’invitent aussi avec le même effet bénéfique. D’autres insectes apprécient cet endroit à végétation variée et avec son lot de fleurs attractives : des cétoines grises par exemple, un couple de gros charançons peu communs (Lixus), des fourmis qui ont un bâti une « robe » de terre fine autour d’une tige de cirse. Des grillons crissent dans les bandes herbeuses. Des petits argus bleus et divers autres papillons fréquentent aussi cet espace ouvert et fleuri. 

Refuge d’oiseaux 

Mâle de Tarier pâtre

En hiver, j’y ai vu une femelle de busard Saint-Martin venir chasser les campagnols. En ce moment, un couple de tarier pâtre alarme à l’angle de la parcelle : il trouve ici un site très propice pour nicher. La fauvette grisette grésille dans la bande boisée. 

La gestion des bandes herbeuses respecte les oiseaux car la fauche raisonnée épargne le pied des haies et de larges secteurs herbeux ; ainsi, les oiseaux qui nichent au sol comme les tariers pâtres ou les alouettes lulus ou les perdrix rouges échappent à la pratique destructive de la fauche et du broyage généralisé que connaissent nombre de bandes herbeuses ailleurs sur la commune et le long des parcelles agricoles.

La présence d’arbustes et d’arbres à fruits dont des prunelliers et les églantiers sauvages représente un plus pour les oiseaux en automne et en hiver comme ressource de nourriture. 

Prunelles juste formées : une ressource précieuse en automne pour les oiseaux migrateurs

Il reste sans doute encore bien des espèces à découvrir sur cet espace protégé dont des reptiles ou des mammifères. Il serait intéressant de créer des abris supplémentaires sous forme de tas de bois, de vieilles souches, ou de tas de pierres pour augmenter l’attractivité de ce site. On pourrait aussi installer des perchoirs à rapaces notamment pour les chouettes venant chasser les petits rongeurs. 

NB : un grand merci à François Michel qui m’a fourni toute la documentation sur l’historique de cette parcelle.

G Guillot. Zoom-nature.