Populus

Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

24/04/2020. Rue des Varennes (dans le village). Superbe météo et depuis plusieurs jours des températures estivales. Et là, sur une bonne vingtaine de mètres, un tapis blanc neigeux qui recouvre l’accotement et forme une belle frange qui saute aux yeux. On dirait vraiment de la neige : des flocons légers vaporeux qui s’envolent quand on déplace un peu d’air. Ce sont les graines de peuplier noir (ou d’une espèce cultivée) dotées chacune d’une aigrette plumeuse de soies blanches : il doit donc y en avoir des milliers ainsi déposées. Elles tendent à s’accrocher au moindre obstacle comme les touffes d’herbes sauvages qui se trouvent littéralement enneigées ! 

L’arbre qui les a libérées doit être dans le parc mais je n’ai pas réussi à le voir : il faut dire que vu leur légèreté, elles volent très loin et se déposent dès qu’elles arrivent dans une zone calme comme cette rue protégée des deux côtés par des grands murs créant un couloir calme. 

Chaton femelle en fruits qui commencent à s’ouvrir pour libérer les graines cotonneuses.

Ces graines s’échappent de capsules globuleuses vertes qui s’ouvrent à maturité sur les peupliers femelles. Eh oui, chez cet arbre, il y a des arbres des deux sexes séparés. Les arbres mâles, avant la poussée des feuilles au printemps, produisent des chatons mâles, des paquets de fleurs minuscules libérant du pollen (comme ceux du noisetier par exemple) ; les arbres femelles, eux, produisent aussi des chatons pendants mais plus lâches formés de fleurs réduites avec un pistil. Après la fécondation de ces fleurs femelles par le pollen transporté par le vent, elles se transforment en fruits contenant donc les fameuses graines. Un arbre peut en libérer des centaines de milliers qui vont se disperser à tout vent.

Dans la nature, ceci permet au peuplier noir de coloniser les sites dénudés comme au bord des rivières ; en ville, ses graines peuvent ainsi atterrir dans des friches, sur des édifices et germer dans des lieux insolites, parfois « en l’air » sur un mur.

Peuplier femelle avec ses grappes de fruits libérant la « neige » de graines !

Vous pouvez en découvrir beaucoup plus sur cet arbre étonnant et sa dispersion via ces graines dans la partie scientifique du site : Saules et peupliers : les maîtres de la ripisylve

G Guillot. Zoom-nature.