L’air pur de la campagne … ou presque !

21/11/2020 Vous avez tous au moins une fois connu ce désagrément : un nuage de fumée âcre et souvent malodorant qui défile sous vos narines, venu d’un jardin proche où son propriétaire fait consciencieusement brûler ses déchets verts. Si vous habitez à la campagne, certains matins ou soirs, depuis des points hauts fournissant des vues lointaines, vous les voyez monter ou dériver ces colonnes de fumée venues des jardins : certains jours, on peut en compter une bonne dizaine dans un rayon de quelques kilomètres ; on dirait que c’est contagieux ! Et pourtant, cette pratique de brûlage des déchets verts en plein air est strictement interdite par la loi (et depuis longtemps). Certains vous disent bien sûr que cette interdiction est l’œuvre de technocrates ne connaissant rien à la nature ou qu’elle a été édictée pour embêter les gens, … Mais qu’en est-il réellement : quels problèmes environnementaux et sanitaires posent ces feux de déchets verts, qui, d’après un sondage national, seraient toujours pratiqués par au moins 9% de la population ? 

Déchets verts 

Les déchets verts se composent de fragments de végétaux, secs ou frais et alors chargés d’humidité, et récoltés dans les jardins et espaces verts : herbe issue de la tonte des pelouses ; « mauvaises » herbes arrachées ; herbes mortes ; feuilles mortes ; tailles d’élagage : brindilles, branches, feuillages ; épluchures des fruits et légumes. Une étude menée au Danemark montre que la production et la composition de ces déchets verts varient au cours de l’année : de 2,4 kg/personne/mois en hiver à 19,4 kg en été ; en été, ils comprennent  à 90% des petits débris peu ligneux comme des fleurs, de l’herbe, des petites tiges alors qu’en hiver, branches et bois occupent une plus grande proportion. Ces débris renferment en moyenne 40% d’eau, 30% de matière organique (susceptible donc de se décomposer) et 30% de minéraux (ce qui reste quand toute la matière organique s’est décomposée). 

Mais, à cette composition de base, il faut aussi ajouter d’autres éléments, ajoutés volontairement ou pas, en quantités très variables et non mesurées. Il y a d’abord un peu de terre introduite avec les plantes arrachées. Les petits déchets plastiques prolifèrent de plus en plus dans nos jardins et se retrouvent avec les déchets verts : attaches des pieds de tomates qu’on ne prend pas le temps d’enlever, morceaux de ficelles plastiques, godets de plants, … sans parler des gros déchets plastiques rajoutés par certains à l’occasion d’un brûlage histoire de s’en débarrasser ; n’oublions pas les morceaux de bois traités. Enfin, surtout à la campagne, on ajoute souvent un peu de carburant (huile de vidange par exemple !) ou un morceau de pneu ou de chambre à air pour faire démarrer le feu, surtout s’il s’agit de déchets frais donc humides! Bref, un cocktail qui n’a plus rien de vert du tout : il vaudrait mieux nommer ces déchets des résidus de jardin pour lever cette hypocrisie. 

Un exemple caricatural : la prochaine fournée sera riche en dioxine !

En France, on estime que l’entretien des jardins par les particuliers engendre en moyenne 160 kilos de déchets verts par personne et par an ; sachant que 50 kg de ces déchets représentent un volume de 300 litres, on atteint presque les 1000 litres par an soit 1m3. Sur cette production globale considérable, plus d’un million de tonnes par an seraient brûlées à l’air libre.

Emissions 

Selon le vent, la dispersion se fera à plus moins grande échelle

Alors pourquoi interdit-on le brûlage en plein air des déchets verts ? Outre la gêne immédiate engendrée (rideau de fumée et odeurs) et les risques d’incendies accrus avec le réchauffement climatique notamment en été, on leur reproche essentiellement l’émission de substances polluantes, nocives pour la santé humaine en quantités non négligeables. Ces émissions sont  évidemment très sensibles dans les zones urbaines et périurbaines du fait de la concentration de nombreux jardins et de la pollution atmosphérique générale déjà existante ; on retrouve ces problèmes dans les vallées de montagne où l’air circule peu et accumule les polluants issus de diverses sources. 

On peut a minima s’interroger sur la gêne engendrée pour les voisins !

Dès que l’on brûle quoi que ce soit en plein air, il y a forcément des éléments gazeux et solides (particules) qui partent dans l’atmosphère : pour renverser le proverbe, disons qu’il n’y a pas de feu sans fumée ! Le fait de brûler en plein air rend la combustion peu performante. Ces émissions dans l’atmosphère dépendent de nombreux facteurs : le vent, la température ambiante, la composition et l’humidité des débris ainsi que le degré de compaction du tas brûlé. En général, deux facteurs aggravent ces émissions : le temps froid et la forte humidité (ou fraîcheur) des déchets verts. 

La liste des polluants toxiques libérés ne manque pas d’impressionner par sa diversité. Deux grands groupes se détachent par leur abondance et leur toxicité : les particules fines (PM) et les HAP ; nous les détaillons dans les deux paragraphes suivants. Viennent ensuite :

– des oxydes d’azote : désignés sous le sigle commun de NOx 

– du monoxyde de carbone, CO, gaz très toxique connu pour les intoxications mortelles causées par les appareils de chauffage mal réglés 

– des composés organiques volatils (COV) synthétisés par les végétaux dont les terpénoïdes ou les acides gras membranaires

– des dioxines (et des furanes) de funeste réputation. 

Tous ces produits ajoutés aux autres polluants atmosphériques issus d’autres sources contribuent à péjorer la qualité de l’air ; or, on estime qu’en France, du fait de la pollution atmosphérique (globale), on a une perte d’espérance de vie moyenne de 9 mois et près de 50 000 décès prématurés. En tout cas, on peut attirer l’attention des pratiquants sur le haut risque qu’ils prennent car ils se trouvent directement exposés en restant près du tas en combustion en plein air !  

A ces polluants, il faut ajouter les gaz à effet de serre non toxiques tels que le classique dioxyde de carbone ou le méthane ; cela dit, ces derniers se forment aussi quand on ne brûle pas les végétaux et qu’on les laisse se décomposer (compostage) mais au moins sans le cortège nocif cité ci-dessus. 

Particules fines 

Le diesel a beaucoup contribué à populariser la notion de particules fines et leurs effets délétères sur la santé humaine. Les scientifiques les connaissent sous le sigle anglo-saxon PM (Particulate Matter) , mélange de particules solides et de gouttelettes liquides trouvées dans l’air. Certaines d’entre elles telles que les poussières, la suie ou la fumée se voient à l’œil nu mais la majorité sont indétectables à l’œil nu. Pour leur étude pratique, on distingue deux catégories : les PM10, particules inhalables d’un diamètre de 10 micromètres ou moins, et les PM2,5 dont le diamètre ne dépasse pas 2,5 micromètres. Pour repère, rappelons qu’un cheveu a un diamètre de … 70 micromètres. Ces dernières restent très longtemps en suspension dans l’air pendant des jours, voire des semaines et peuvent donc être transportées sur de longues distances tout en subissant des transformations physico-chimiques au contact d’autres polluants. Ces particules pénètrent dans les voies respiratoires par inhalation jusque dans les bronchioles et alvéoles pulmonaires, les plus dangereuses étant évidemment les PM2,5. Les personnes fragiles au niveau respiratoire y sont très sensibles.

Des expériences de reconstitution de brûlage de déchets verts en plein air montrent que les émissions de PM augmentent très fortement avec des déchets frais avec un fort contenu en eau et qui donc brûlent difficilement (genre gazon vert !). Les  PM10 sont majoritaires : 10 kg de déchets verts brûlés libèrent jusqu’à 1 kg de PM10 sous forme de suies et de cendres qui passent dans l’air. 

Si le jardinier qui fait brûler les déchets se trouve directement concerné, il expose aussi de nombreuses personnes dans un rayon important selon la direction et l’intensité du vent. Par temps assez calme, à 200 mètres d’un petit feu de jardin, pendant une heure, la concentration de PM10  atteint des valeurs autour de 80 microgrammes par md’air. 

Le chauffage au bois libère aussi beaucoup de ces particules mais, localement, le seul brûlage des déchets verts peut représenter 45% du total mesuré de particules. Une étude réalisée par AtmoSud dans la vallée des Paillons (Alpes-Maritimes, 2008-2009) montre clairement que le brûlage des déchets verts constitue une source épisodique aggravante. Le document d’information édité par la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes fournit diverses comparaisons très éloquentes quant à l‘importance de ces rejets. 

HAP 

Derrière ce sigle ésotérique se cache une sous-famille de composés carbonés, les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques, caractérisés par une structure chimique avec un ou plusieurs cycles moléculaires. Ces composés sont très étudiés du fait de leur grande toxicité et de leur présence dans de nombreux milieux. Ils se forment à partir de la décomposition thermique des molécules organiques des végétaux brûlés : plus de trente d’entre eux et des centaines de leurs dérivés sont connus pour leurs effets carcinogènes (susceptibles de provoquer des cancers) et mutagènes (provoquant des mutations). Le plus commun d’entre eux, le benzo(a)pyrène (sigle : B(a)P) est utilisé comme étalon de référence mais il en existe de nombreux autres : naphtalène, anthracène, fluoranthène, acénaphtylène, pérylène, … 

Des prélèvements dans l’air entourant des feux de déchets verts relèvent des concentrations entre 0,4 et 42 microgrammes/m3. Selon les déchets brûlés et les conditions, on trouve divers de ces composés, tous avec un risque potentiel pour la santé humaine. 10 kg de déchets brûlés peuvent en libérer 5 grammes. Les quantités de B(a)P trouvées dans les fumées de ces feux sont comparables à celles trouvées dans des rues de centre-ville à Hong-Kong ! 

Loi et dérogations

On comprend mieux maintenant le sens de cette interdiction qui s’oppose, surtout à la campagne, à une culture profondément ancrée d’usage du feu comme moyen d’élimination pratique et rapide de toutes sortes de déchets. Personnellement, j’ai été élevé à la campagne dans cette ambiance de feux à tout bout de champ : « çà brûle la crasse », « çà élimine la saleté » … ; on devine la mythologie de la purification par le feu sous-jacente ! 

Encore faut-il que les maires fassent respecter la loi ….

Cette interdiction (loi de 1978 reprécisée par la circulaire de novembre 2011) s’applique à tout particulier mais aussi aux entreprises et aux collectivités territoriales produisant des déchets verts. Son non-respect peut être sanctionné par une amende de 450 euros. Ainsi, les entreprises d’espaces verts et paysagistes sont tenues d’éliminer leurs déchets verts par broyage sur place, par apport en déchèterie ou par valorisation directe. Ceci explique qu’en cas de travaux chez vous, ces entreprises facturent l’enlèvement des déchets verts car si elles les déposent en déchetterie, elles doivent payer une taxe. 

Tant que les déchets verts relèvent de la catégorie des déchets ménagers et assimilés, le brûlage en est interdit ; par contre, les déchets agricoles, dont les tailles de haies, ne sont pas assimilés aux déchets ménagers et peuvent être brûlés sauf conditions locales particulières (risques d’incendies, épisodes de pollution). 

Par ailleurs, il est tout aussi interdit de les brûler avec un incinérateur de jardin. Vendre ou prêter un incinérateur de jardin est interdit. Il est pour le moins singulier à ce propos que lorsque l’on fait une recherche internet sur ce thème (déchets verts et incinérateur), on voit apparaître en images de promotion … des incinérateurs de jardin dont certains signalés comme écologiques !!! 

Service public versus service commercial !

Biodiversité prioritaire

Comme d’habitude, l’aspect conservation de la biodiversité reste le grand absent dans ces approches officielles. Certes, les risques sanitaires sont graves comme on vient de le voir, mais il existe d’autres enjeux importants qui touchent à la biodiversité. 

Le premier concerne la production de déchets verts : plus on en produit, plus il faudra en éliminer d’une façon ou d’une autre. Or, on observe une tendance à sur-intervenir dans l’entretien des jardins comme par exemple les tontes de pelouses très rapprochées. Outre le bruit engendré, la consommation de carburant, ces interventions impactent fortement la biodiversité floristique et faunistique de ces espaces semi-naturels. Les plantes sauvages ne peuvent pas fleurir et apporter ainsi leur contribution pour nourrir les pollinisateurs et les herbivores (larves mangeuses de feuilles) ; ces tontes rapprochées favorisent quelques espèces très résistantes au détriment de la diversité. On peut facilement réduire de moitié le nombre de tontes annuelles en acceptant d’avoir des pelouses momentanément plus hautes mais fleuries et pleines de vie ; ou bien, on peut délimiter des secteurs sans intervention sauf une tonte en fin d’été et tourner d’une année à l’autre. Ceci pose la question fondamentale de « pourquoi entretenir un jardin » : désormais, au vu de la crise globale de la biodiversité, la réponse devrait être « pour la conservation et le maintien d’un maximum de biodiversité (voir les chroniques Jardins de biodiversité). Il faudrait en finir avec le jardin « fait pour faire beau et épater les voisins et la famille » : beau selon les canons humains mais parfois hyper laid du point de vue de la biodiversité ! Le même raisonnement prévaut pour les tailles d’arbustes et de haies : on peut largement les espacer en acceptant des ports moins étriqués où rien de dépasse ! 

Le second aspect concerne les déchets eux-mêmes qui doivent être considérés comme de véritables milieux de vie : faites l’expérience du tas de branches près des composteurs et vous serez surpris de la diversité de la faune qui s’y installe notamment pour passer l’hiver : là encore, même si l’esthétique n’est pas forcément « canon », la beauté vivante resplendit avec la fierté de participer à créer des micro-oasis de biodiversité. D’ailleurs, brûler en hiver un tas de déchets récoltés en été pour le laisser sécher est criminel pour la biodiversité car on brûle une foule d’insectes et de larves qui y avaient trouvé refuge.

Ce tas de souches et gros bois au fond de mon verger est un abri à hérissons entre autres

Enfin, déchets rime avec source de matière organique et donc participation à la constitution des sols, autres milieux de vie essentiels. Ceci nous conduit à la seule vraie solution durable : la valorisation de ces déchets verts. 

Alternatives durables

Déposer ses déchets verts en pleine nature n’est pas une solution non plus !

Bien sûr, vous pouvez emmener vos déchets verts à la déchèterie la plus proche : là, ils seront soit entreposés sur des plates-formes de compostage ou bien transformés en biogaz dans des unités de méthanisation. Mais cela a d’une part un coût pour l’usager (ce qui est normal !) et génère des gaz à effet de serre. En plus, le transport engendre sa part de pollution atmosphérique même si celle-ci reste minime au regard de celle due au brûlage. 

Gazon sec utilisé comme paillis pour rosier

La meilleure solution pour vous, pour votre jardin et pour l’environnement global reste de traiter sur place et vous-même ces déchets verts selon trois pratiques complémentaires. Le compostage des déchets verts peut se faire avec les déchets ménagers et les tontes de gazon moyennant quelques précautions (faire sécher avant de les incorporer ; ne pas tasser ; …) ; les feuilles mortes et brindilles s’incorporent très facilement et permettent d’enrichir et d’équilibrer le compost produit. De plus, produire son propre compost signifie diminuer ou arrêter la consommation des « terreaux du commerce » souvent produits dans des conditions très peu soucieuses de l’environnement. 

Le broyage consiste à fragmenter les déchets verts ligneux (tailles, branchages) afin de pouvoir ensuite les étaler sur le sol au pied des arbres et arbustes selon le principe du paillage. La fragmentation accélère la décomposition lente de ces déchets plus durables (points d’attaque par les bactéries et champignons multipliés) qui enrichissent progressivement le sol via la minéralisation de la matière organique tout en maintenant l’humidité du sol en freinant l’évaporation. Ces paillis comme on les appelle limitent donc la consommation d’eau et facilitent la survie des végétaux paillés lors des épisodes de canicule. Ils constituent de formidables milieux de vie pour toute une petite faune d’insectes, d’araignées, de vers, d’escargots et de limaces, … Pour broyer, on peut utiliser un broyeur mais ce sont des engins énergivores et un peu dangereux malgré tout. Il existe des solutions alternatives surtout pour des jardins de taille modeste : étaler au sol ces déchets et passer la tondeuse par dessus après avoir mis de côté tout ce qui dépasse le diamètre de un centimètre. On obtient un paillis certes grossier mais très efficace et idéal pour mettre par exemple au pied d’une haie. Les branches plus grosses seront découpées en tronçons courts avec un grand sécateur et ajoutées au paillis. 

De nombreux sites internet et revues de jardinage conseillent, pour les pelouses, de recourir à une tondeuse mulcheuse qui « pulvérise » l’herbe très finement et la dépose sur le terrain. L’argument avancé est double : pas besoin de ramasser la tonte (certes !) et enrichissement de la pelouse via l’apport nutritif de l’herbe broyée qui se décompose. Or, d’un point de vue biodiversité, ce dernier argument est très négatif : au contraire, pour avoir une pelouse riche en diversité florale, il faut appauvrir le milieu en exportant les tontes ; sinon, quelques espèces très gourmandes en azote dominent et le plus souvent elles offrent peu de floraisons pour les pollinisateurs. Donc, une fausse bonne idée ! 

J’ajouterai, pour les gros volumes notamment, une quatrième voie jamais mentionnée : installer les branchages, morceaux de bois au pied de haies dégarnies de manière à renforcer leur base et y créer un environnement favorable à la biodiversité animale et à la recolonisation par des arbustes ou des plantes grimpantes : voir à ce propos la chronique Le pied des haies. Ces apports se décomposeront très lentement et apporteront un surplus alimentaire pour les arbres. Cette option concernerait notamment les municipalités souvent encombrées de leurs déchets verts ou les particuliers qui abattent des arbres pour le bois de chauffage et trop souvent brûlent les branchages. 

Dernier rappel !

Ce sujet a fait l’objet d’une émission dans H2O, le magazine de l’environnement animé par C. Noiseux sur France Bleu Pays d’Auvergne (du lundi au vendredi , entre 16H et 16H30) ; vous pouvez écouter cette émission sur ce lien

Bibliographie

Air pollution impacts from open air burning. B. Sivertsen WIT Transactions on Ecology and the Environment, Vol 92, © 2006 

DISTRIBUTION AND HEALTH RISKS OF POLYCYCLIC AROMATIC HYDROCARBONS (PAHs) IN SMOKE AEROSOLS FROM BURNING OF SELECTED GARDEN WASTES. Tay Joo Hui et al. he Malaysian Journal of Analytical Sciences, Vol 12, No 2 (2008): 357 – 366 

Seasonal generation and composition of garden waste in Aarhus (Denmark). Boldrin, A., & Christensen, T. H. (2010). Waste Management, 30(4), 551-557. 

Site DREAL AURA