10 /06 /2020. Avec ce printemps à la fois chaud et quand même un peu arrosé, les vergers de l’Etoile offrent leurs plus beaux atours avec un festival de floraisons le long des rangées de pommiers. Le contraste avec les parcelles intensives situées à proximité en devient saisissant : à quelques mètres de distance, on passe de la diversité colorée des vergers bio à l’uniformité verte (de l’herbe) et grise (de la terre) des vergers conventionnels.

Verger conventionnel à proximité : cherchez une couleur autre que le vert !

Les légumineuses dominent le décor avec les touffes de coronille variée rose, de gesse tubéreuse rouge carmin ou de gesse des prés jaune : autant de fleurs très appréciées des pollinisateurs et des auxiliaires prédateurs des bioagresseurs des pommiers dont les pucerons  (voir la chronique sur ce sujet) ; de plus, par leurs racines capables de fixer l’azote de l’air via des nodules bactériens, elles apportent au sol de l’azote minéral nourrissant. 

Dans une série de parcelles autour d’une ancienne cabane en pierre, un autre spectacle haut en couleurs se dévoile : les épis rouge vermillon des orchis pyramidaux parsèment de ci de là l’herbe au pied des pommiers.

Quelques orchis bouc aux longs épis échevelés complètent la scène.

Des orchidées dans un verger : impensable penseront certains ? Pas tant que cela en fait : d’abord il s’agit de deux espèces devenues communes dans toute la Limagne calcaire, sans doute favorisées par le changement climatique ; par ailleurs, ce sont des espèces typiques des milieux herbacés ouverts semi-naturels que l’on trouve dans le paysage environnant. 

Or, un verger de basses tiges avec ses larges allées herbeuses offre exactement un environnement de ce type à une condition essentielle : l’absence de pesticides. En effet, pour germer et donc s’installer, les graines des orchidées doivent se faire envahir par les filaments de champignons microscopiques du sol qui vont nouer avec elles une relation symbiotique d’échanges nutritifs ; sans cette collaboration, les graines des orchidées, quasiment dépourvues de réserves, ne peuvent germer. En elles-mêmes, ces fleurs n’apportent guère de bénéfice direct aux arboriculteurs car, contrairement aux légumineuses citées ci-dessus par exemple, elles n’attirent pas des foules d’insectes. Par contre, leur présence dans ces vergers témoigne de la bonne qualité des sols exempts de fongicides rémanents susceptibles d’éliminer ces champignons symbiotiques. Elles sont donc des bio-indicateurs de la qualité de ces cultures et aussi de superbes étendards esthétiques pour mettre en avant la valeur ajoutée de ces vergers bios du point de vue environnemental.