Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

La bande à chénopodes (et à coccinelles) est complètement sur la droite

14/05/2020. Au bord de la Morge, Antoine Chossier cultive une parcelle en maraîchage biologique. Sur une longue bande non cultivée à côté des rangs de petits pois ou d’épinards, il a laissé pousser un peuplement dru de chénopodes blancs. Sacrilège, erreur grossière vont dire la plupart des jardiniers pour qui cette plante se range parmi les « mauvaises herbes » à arracher de toute urgence.

Et pourtant, il a eu parfaitement raison de les laisser au vu du spectacle qui s’offre à mes yeux cet après-midi : sur ces chénopodes infestés de pucerons noirs se pressent des dizaines, que dis-je des centaines, de coccinelles !

Pour la plupart, il s’agit de coccinelles à sept points, une espèce indigène qui connaît cette année effectivement une véritable explosion bienvenue ; je trouve aussi quelques coccinelles des friches, une espèce moitié plus petite et de forme plus ovale. Chose surprenante : aucune coccinelle asiatique et c’est tant mieux car cette espèce invasive nous avait habitué à proliférer les années précédentes et semble, cette année, pour l’instant, quasiment absente. En plus des coccinelles, les colonies de pucerons attirent de nombreux syrphes, ces sortes de mouches bigarrées au « vol de drone » dont les larves se nourrissent avidement de pucerons. 

Or, ces mêmes coccinelles et ces mêmes syrphes vont aller pondre leurs œufs tout autour ou chasser les pucerons pour les coccinelles adultes et assurer ainsi la protection des cultures jusque sous les deux grandes serres. Autrement dit, les chénopodes blancs, mauvaises herbes potentielles, deviennent des herbes bénéfiques en hébergeant ces insectes dits auxiliaires qui vont protéger les cultures avoisinantes. Ironie de l’histoire : les champs de céréales copieusement arrosés de pesticides à proximité doivent même bénéficier de cette armada d’auxiliaires qui saura les coloniser dès que des pucerons y apparaîtront. 

Pour en savoir plus sur les coccinelles à sept points et comment elles trouvent les pucerons, vous pouvez aller lire la chronique sur ce sujet dans la partie scientifique du site ; de même, une chronique sur les syrphes explique en détail leur importance en agriculture. 

G Guillot. Zoom-nature.