Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

La ferme des Préaux, en plus des arbres vénérables remarquables (voir la chronique sur ces arbres), refuges précieux de toute une biodiversité, recèle un espace naturel remarquable : une forêt claire rocheuse qui occupe le rebord sud-ouest du plateau qui surplombe la rivière la Veauvre. Cette forêt originale à plus d’un titre couvre plusieurs hectares et se prolonge sous forme de rideaux d’arbres le long de deux petits affluents rive gauche de la Veauvre, venus du plateau. 

Le rocher granitique affleure çà et là sous forme de gros blocs usés, plus ou mois moussus ou avec des draperies de polypode (fougère). Une chênaie mixte occupe la pente avec de veux exemplaires remarquables. Le replat avant d’atteindre la Veauvre au cours vif est occupé par un boisement clair de cépées de noisetiers ; à d’autres endroits, des trouées plus ou moins ouvertes sont occupées par des massifs de fougère aigle. La flore n’a pas encore fait l’objet d’un inventaire mais lors de notre passage début février, nous avons observé de belles touffes fleuries d’hellébore fétide. 

Deux traits originaux distinguent cette forêt. Elle est pâturée de manière extensive par un troupeau de vaches ce qui maintient un certain couvert herbacé en sous-bois.

Clairière à fougère-aigle entretenue par le pâturage extensif

Elle n’a pas été exploitée depuis longtemps et regorge de bois mort : chablis couchés par les tempêtes, arbres cassés (voir la chronique sur ces arbres étonnants), arbres morts sur pied et toujours debout, … Un paradis pour les oiseux cavernicoles tels que les pics qui y creusent leurs loges, les sitelles et grimpereaux, les mésanges, … et la faune des insectes liés au bois mort (saproxylique) normalement riche en espèces. Là aussi, aucun inventaire de cette faune n’a encore été effectué mais au vu de l’aspect et de la structure de cette forêt, gageons que nous allons y trouver quelques pépites de biodiversité. 

L’ombrage général et l’ambiance humide entretenue par la Veauvre sont très favorables au développement des mousses et lichens sur les troncs et rochers ou au sol et à la décomposition du bois mort sur lequel prospèrent les champignons « vautours » (voir la chronique sur ce thème). Ainsi, nous avons observé ces belles oreilles de Judas sur un tronc mort de sureau noir. 

Ce milieu boisé, inhabituel sur une ferme, constitue un argument supplémentaire pour valoriser cette ferme en agriculture biologique et l’élever au rang de ferme en agriculture biodiversitaire (néologisme personnel !). 

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html