Rhagium

Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

Photo prise par Tim Ream dans son jardin

22/03/2020 Ce matin, Tim Ream m’a envoyé une photo prise dans son jardin d’un insecte inconnu pour lui. Il s’agit d’un coléoptère (le grand groupe des scarabées au sens populaire) de la famille des capricornes (les Cérambycidés) : une rhagie. Nous avons déjà publié une chronique sur un autre capricorne de Saint-Myon, le morime rugueux 

Adulte (photo prise en Vendée)

On les reconnaît à leur allure robuste et trapue ; la tête sur un cou assez allongé porte deux gros yeux et des antennes épaisses et courtes ; sur le thorax, on note une protubérance épineuse de chaque côté. Les ailes dures (élytres) qui couvrent tout l’abdomen montrent deux ou trois nervures en long très saillantes. La coloration varie du brun foncé au brun clair avec des taches plus ou moins complètes sur les élytres.

Photo prise sous la loupe sur un individu trouvé mort

La larve, comme chez les autres capricornes, vit dans le bois mort ; on la trouve soit dans les troncs de conifères ou de feuillus variés selon les espèces. Les adultes sortent tôt au printemps (mars-avril) et explorent les troncs morts pour y pondre ; on peut aussi les observer sur des fleurs jusqu’en début d’été. Contrairement au morime rugueux (voir ci-dessus), ils volent très bien. Les larves creusent des galeries sous l’écorce et, en début d’automne, elles construisent sous l’écorce une loge ovale dans laquelle elles tissent un cercle de fibres de bois grossières : celui-ci leur sert de « nid » pour se métamorphoser en nymphe immobile vers la fin septembre. Les adultes émergent en octobre mais ne sortent pas : ils entrent en hibernation ; c’est ainsi qu’ils sortent tôt au printemps suivant, déjà prêts ! 

Quatre espèces de ce genre Rhagium) vivent en France et sont relativement communes et répandues mais ne s’observent pas souvent. Leur identification n’est pas très facile et demande un examen rapproché : ce spécimen photographié par Tim n’est pas la rhagie bifasciée aux antennes plus fines et longues ; je l’ai postée avec la photo sur le site Faune-Auvergne et G. Passavy, expert es-coléoptères a confirmé qu’il s’agissait de la Rhagie inquisitrice comme je le pensais. 

Tête de larve de Rhagie avec ses impressionnantes mandibules qui servent à creuser le bois mort

Or, les larves de la Rhagie inquisitrice vivent dans les troncs de conifères (pins, épicéas, cèdres, mélèzes) et je parierais fort alors qu’il s’agit d’un individu « dérangé » par les travaux d’abattage des pins morts de Val Rose (voir la chronique sur ce sujet) à moins de cent mètres à vol de capricorne de la maison de Tim ! 

NB : j’ai complété la photo de Tim par quelques clichés personnels mais non pris à St Myon. 

G Guillot. Zoom-nature.