Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

La moitié supérieure de la haie communale très endommagée : devenue discontinue et très dégarnie à sa base

Dans le secteur dit du Sener vers le Château d’eau, suite aux travaux des derniers remembrements une longue haie communale a été plantée dans une zone particulièrement dénudée d’agriculture intensive. Maintenant âgée de près de trente ans, elle a pris une belle ampleur au moins sur sa moitié inférieure où elle n’a pas subi de dommages liés à l’exploitation agricole adjacente. 

La haie communale du Sener (au second plan) vue depuis le verger communal (au premier plan) : un ruban vert dans un océan cultivé intensivement

Cependant, cette haie, comme toutes celles plantées à cette époque (voir la chronique sur les haies de Limagne), présente quelques défauts liés à sa conception : le plastique noir sur lequel elle a été plantée a certes permis son installation mais par contre, il interdit la croissance des herbes et rejets ou nouveaux arbustes au pied de la haie ; elle a été plantée sur un seul rang ce qui rend sa base très étroite. Si on ajoute une sévère gestion avec des tailles très rapprochées du côté du chemin, on obtient une haie certes bien développée mais presque sans garniture à sa base. Or, cet espace, le « pied des haies », s’avère déterminant pour la conservation de la biodiversité (voir la chronique détaillée sur cet aspect dans la partie scientifique du site). 

Vue de très loin (au premier plan), on devine la « transparence » de cette haie dépourvue de garniture à sa base

Or, ce printemps 2020, le long de la haie dans sa partie terminale, on note une nette progression des prunelliers et des pruniers sauvages formant un liseré très visible en cette période de floraison. Ils proviennent soit de rejets des individus plantés, soit de semis naturels via les noyaux déposés par les crottes des oiseaux consommateurs des fruits.

La moitié inférieure de la haie en cours de recolonisation par les prunelliers formant une garniture à sa base

Alors, voilà une belle occasion à saisir pour renforcer ce pied de haie : sauvegarder cette bande arbustive spontanée installée en avant de la haie en évitant de la tailler : juste empêcher qu’elle ne progresse au delà de un mètre en avant. Il reste une grande largeur côté chemin pour permettre la circulation des engins agricoles. De même, ponctuellement, des ronces vigoureuses se sont installées : laissons les coloniser la haie : elles apportent du couvert, des fleurs et des fruits. 

Il est urgent de changer de gestion au moment où la biodiversité subit des assauts extrêmes dans la plaine cultivée. Pour que cette haie, qui est une belle réussite en soi, devienne une vraie oasis de biodiversité, il ne suffirait que d’un minimum d’attention et de bon sens et de cesser des pratiques systématiques et drastiques. 

Un exemple de haie plantée avec une bonne garniture à sa base près de Montpensier.

G Guillot. Zoom-nature.