Cette chronique est dédiée à la biodiversité de la commune où je réside, Saint-Myon en Limagne auvergnate et sur la commune voisine d’Artonne. Vous pouvez retrouver toutes les chroniques sur la nature à Saint-Myon en cliquant ici

140/04/2020 

Lors d’une projection sur la nature à Saint-Myon, j’avais présenté un arbre « bizarre », un charme tout tordu, issu d’une histoire compliquée (voir la chronique sur cet arbre). A la suite de cette projection, Marie-Françoise Sudre, habitante du village, m’avait dit : « il faut que tu viennes voir mon pommier : il est vraiment spécial ! ». Effectivement, elle avait bien raison et j’en suis resté pantois en le découvrant dans son jardin. Il s’agit donc d’un vieux pommier qu’une tempête a complètement couché (il y a sans doute une bonne vingtaine d’années) mais dont une partie des grosses racines n’a pas cassé si bien qu’il a pu rester ancré et alimenté depuis le sol. Les branches terminales ont servi de béquilles empêchant le tronc de toucher complètement le sol, ce qui aurait pu provoquer son pourrissement. Evidemment, ainsi culbuté, le pommier a perdu une bonne part de ses branches initiales avant d’entreprendre une renaissance incroyable. A partir de bourgeons « endormis » sous l’écorce, de nouvelles pousses ont émergé sur le « dos » de l’arbre : on peut maintenant parler de dos et de ventre vu sa position ! Et trois d’entre elles se sont développées au point de redonner des troncs importants qui se sont ramifiés et refleurissent désormais chaque année. Un « nouveau » pommier s’est ainsi reconstitué sur l’ancien, surmontant cette terrible épreuve. En ces temps troublés de pandémie de Covid-19, où l’on parle beaucoup de résilience, c’est-à-dire de la capacité à surmonter une épreuve, un stress majeur et de repartir de l’avant, ce pommier en est un magnifique exemple ! 

Les scientifiques parlent de réitération pour décrire ce processus de renouvellement de nouvelles branches : en fait, l’arbre refabrique de « nouveaux petits arbres » identiques ! Une chronique dans la partie scientifique de ce site explique en détail ce processus fascinant. Dommage que nous humains, avec l’âge, n’ayons pas une capacité équivalente ! 

Ajoutons pour terminer que si ce pommier a pu ainsi montrer sa résilience c’est avant tout parce que Jo et Marie-Françoise l’ont laissé tranquille suite à son accident : ils ont su lui laisser cette seconde chance ! 

G Guillot. Zoom-nature.