Cette chronique concerne l’une des fermes auvergnate gérée par le mouvement Terre de Liens dont les objectifs sont d’enrayer la disparition des terres agricoles, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s’installer, et développer l’agriculture biologique et paysanne.

« Forêt rocheuse » de la ferme des Préaux

06/02/2020 A l’issue de ma visite de la ferme des Préaux en vue d’en faire le diagnostic écologique, je faisais part à Idriss qui a géré cette ferme pendant près de dix ans de mon enthousiasme envers la qualité écologique de l’environnement sur ces terres : voir à ce propos les chroniques sur les arbres vénérables exceptionnels, le frêne totem ou la forêt rocheuse. Comme je suggérais de chercher des moyens de valoriser cet environnement et sa biodiversité pour en faire un plus économique pour la ferme, il a alors fait une remarque très judicieuse : « La biodiversité et le respect de l’environnement ne sont pas vraiment pris en compte dans le cahier des charges de l’agriculture biologique ». 

Mare sur la ferme des Préaux

Exagération ? Pour en avoir le cœur net, je me suis un peu plongé dans les critères des cahiers des charges des certifications « Agriculture biologique ». Prenons le label BioCohérence, une marque de certification privée créée en 2010 en réaction à une diminution des exigences du cahier des charges du label français AB, qui s’est aligné sur le cahier des charges européen en 2009 : donc, a priori, une certification très contraignante. Voici quelques exigences de ce label : aucune contamination par les OGM  tolérée ; un produit transformé ne doit contenir aucun ingrédient non biologique ; fermes pratiquant une agriculture 100 % biologique ; les animaux reçoivent une alimentation 100 % biologique, produite majoritairement sur la ferme elle-même ; produits vétérinaires limités ; farines de sang interdites. Autant de préconisations très importantes mais toutes tournées vers la santé humaine et le développement durable au sens large : rien sur la biodiversité en soi même si indirectement plusieurs de ces mesures l’impactent favorablement.

Vallon boisé avec bois mort sur la ferme des Préaux

Si on revient au cas de la ferme des Préaux et par exemple à ses arbres anciens remarquables, réservoirs inestimables de biodiversité, ils n’apportent aucune plus value sur l’étiquette AB apposée sur les produits de la ferme. Et pourtant, pour l’agriculteur qui les conserve, cela signifie de ne pas les exploiter pour le bois ou de passer du temps à les tailler régulièrement en trognes pour les conserver à long terme : autrement dit, aucune rémunération en retour pour ces sacrifices de l’exploitant. Imaginons que demain tous ces arbres soient abattus, le label AB des produits de la ferme resterait inchangé ! Il y a là clairement un vide criant pour lequel, nous, consommateurs, devons être bien plus exigeants : toutes les productions en bio ne se valent pas du point de vue de la biodiversité ! A quand donc un label ABB Agriculture biologique pour la biodiversité ? 

G. Guillot. Zoom-nature. 

Bibliographie 

https://terredeliens.org/auvergne.html