Rosalia alpina

11/07/2022 Il est des « premières fois naturalistes » qui vous marquent plus que d’autres, notamment quand vous les espérez depuis des décennies. Et puis, là, en cet après-midi de début juillet, dans une forêt de l’Allier, sur un tronc de hêtre mort sur pied encore habillé de son écorce qui se détache en plaques, elle apparaît, enfin : une rosalie qui déambule sur l’écorce éclairée dans cette parcelle éclaircie ; ma première rosalie, suivie un peu plus loin d’une autre que je réussirai même à prendre en main quelques instants avant de la relâcher et de la voir s’envoler. Les qualificatifs se bousculent pour la décrire tellement cette espèce de capricorne est somptueuse : on se croirait tout à coup projeté dans une forêt tropicale où de tels coloris sembleraient plus habituels. D’ailleurs, on connaît dans le monde que quatre autres espèces du genre rosalie et elles habitent les forêts tropicales d’Asie. 

Autant dire que mes appareils photo ont crépité et qu’aussitôt les questions ont fusé en interne sur les mœurs de ce bijou vivant. Avec cette chronique, je vais donc partager avec vous mes découvertes sur la rosalie. 

Unique 

Impossible de se tromper au premier coup d’œil : la rosalie offre un aspect vraiment unique et inoubliable. On reconnaît tout de suite un scarabée ou coléoptère (voir la chronique sur ce groupe d’insectes) ; le corps allongé étroit et les longues antennes tenues écartées et dressées recourbées signent un membre de la famille des capricornes ou cérambycidés. Avec un corps de 1,5 à 4cm de long, sans les antennes, elle se place dans la gamme de tailles des grands capricornes. 

La teinte générale qui recouvre l’ensemble du corps, pattes comprises, interpelle par sa beauté et son aspect inhabituel : un bleu acier clair et velouté dû à un fin duvet cendré. Un filet clair marque la transition entre la tête et le thorax qui porte deux bosses latérales vaguement épineuses et le rebord externe des élytres, les ailes antérieures durcies (voir la chronique sur les coléoptères). Sur ce fond coloré, viennent s’ajouter des taches noires contrastées : en général, une à l’avant du thorax et surtout trois paires symétriques proéminentes sur les élytres. 

Le nombre et la taille des paires de taches des élytres varie considérablement selon les individus. Le plus souvent, on a une paire de taches moyennes séparées en arrière des « épaules », puis une paire de grosses taches noires qui se rejoignent au milieu formant plus ou moins une barre transversale et enfin une paire de petites taches vers l’extrémité postérieure. A partir de ce motif général, on peut observer des dizaines de variantes allant jusqu’à des formes rares aux élytres tout sombres. Cette extrême variabilité permet d’ailleurs d’envisager une identification individuelle ; ainsi, lors de mon observation, j’ai su que la seconde rosalie observée cinquante mètres plus loin sur un autre hêtre était un autre individu en comparant la dernière paire de points noirs au bout des élytres. En Italie, on teste une identification individuelle assistée par ordinateur à partir de photos des élytres : l’analyse de la seule paire centrale de taches des élytres suffit à discriminer les individus.

Cette seconde Rosalie observée non loin est un autre individu : comparer la dernière paire de taches des élytres

On retrouve des marques noires sur les pattes (aux extrémités des grands segments) et surtout sur les antennes. Celles-ci ont un motif coloré très précis : en partant de la tête, les deux premiers segments sont noirs ; les 4 suivants sont bleus avec une touffe de poils noirs très visible au bout de chacun d’eux ; enfin les 3 ou 4 derniers segments bleus ont par contre une extrémité sombre et sans touffes de poils. 

Mâles et femelles ont les mêmes coloris mais diffèrent au niveau de certains attributs : les antennes des femelles égalent au plus la longueur du corps alors que celles des mâles atteignent 1,5 fois ; les mandibules puissantes et noires sont plus grandes chez les mâles et possèdent une épine externe (visible de très près). 

Mal nommée 

On doit le nom latin de cette espèce à Linné (voir la chronique) qui l’a ainsi décrite dans son Systema Naturae de 1758 sur la base d’un spécimen collecté dans les Alpes suisses que lui avait envoyé un de ses nombreux correspondants, J.J. Scheuchzer, naturaliste suisse. Or, si cette espèce est effectivement bien représentée dans les grandes chaînes et régions montagneuses d’Europe centrale, méridionale et occidentale, surtout entre 600 et 1500m, elle n’en déborde pas moins régulièrement dans des zones bien plus basses voire côtières comme en Italie. Ainsi en France, elle occupe les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central mais se retrouve dans la vallée de la Loire jusque dans le Marais poitevin ou les vallées angevines. 

En Europe, son aire va de la chaîne cantabrique dans le Nord-ouest de l’Espagne jusqu’au sud de l’Oural et dans le Caucase ; sa limite nord passe par la France, le sud de l’Allemagne, l’Autriche, la Tchéquie et la Pologne. 

Des mentions ponctuelles dans des villes (comme Bâle ou Zurich en suisse) concernent probablement des individus éclos de tas de bois de chauffage prélevé en montagne (voir ci-dessous). En effet, comme les autres grands capricornes, la rosalie a un cycle de vie centré sur le bois mort ou dépérissant : on parle d’espèce saproxylique (sapro : décomposé ; xylo : bois) car ses larves vivent dans le bois mort et se nourrissent de ce bois en décomposition (xylophage). Globalement, son aire de répartition suit celle du hêtre mais déborde aussi là où ce dernier est absent comme dans l’Ouest de la France ou en Europe centrale. Ce lien avec le hêtre a été confirmé par l’analyse génétique des différentes populations européennes qui montre que l’histoire évolutive des populations de rosalie a suivi étroitement celle du hêtre au cours des dernières glaciations avec le partage des mêmes refuges dans le sud de l’Europe ; avec la fin du dernier épisode glaciaire, la rosalie a suivi le hêtre dans sa reconquête des territoires libérés des glaces. 

Effectivement, dans la majeure partie de son aire montagnarde, le cycle de vie de la rosalie se déroule sur des hêtres (que ce soit notre hêtre occidental ou l’espèce jumelle, le hêtre oriental) ; mais même dans les zones dominées par des hêtres, on observe des cas de reproduction sur d’autres essences forestières comme des érables sycomores ou des ormes de montagne. Ceci dénote une certaine plasticité relative de cette espèce dans ses choix. En fait, elle peut se développer sur diverses essences appartenant à des familles non apparentées mais qui partagent toutes un bois relativement tendre. Dans l’Ouest de la France, elle exploite les vieux frênes têtards des bocages humides ; ailleurs, on peut la trouver sur des érables sycomores, des charmes, des tilleuls, des ormes, des marronniers, des châtaigniers, des noyers, de très vieux noisetiers arborescents, ou des saules. On est donc loin d’une espèce aux exigences étroites. 

Xérothermophile 

Pour pondre et donc assurer à leurs futures larves une ressource alimentaire adéquate, les femelles choisissent préférentiellement des arbres morts sur pied ou moribonds en plein déclin, ou des arbres brisés par des tempêtes ou des épisodes de verglas ou de neige ; là, elle peut pondre jusqu’à 25m de hauteur. Sur ces arbres, elles préfèrent en général les troncs et grosses branches d’un diamètre d’au moins 20 à 40cm avec au moins 20% de bois mort ou en décomposition ; plus rarement, elles pondent sur des souches hautes ou des grosses branches tombées au sol. En moyenne, les arbres occupés ont une écorce plus épaisse que ceux voisins non retenus et celle-ci doit présenter des crevasses ou des pans détachés. Trois raisons motivent cette préférence pour des troncs ou branches de gros diamètre : une ressource en bois mort plus abondante (larves grosses et à long cycle) avec notamment plus d’aubier, le bois préféré des larves car plus nutritif ; une meilleure isolation de l’humidité (voir ci-dessous) et le fait que de grands arbres constituent un habitat plus durable dans le temps. 

Mais les conditions microclimatiques qui règnent autour de ces arbres sont tout autant déterminantes. En effet, la rosalie se comporte en espèce dite xérothermophile, i.e. qui a besoin pour le développement de ses larves de bois sec et exposé au soleil qui le chauffe. De ce fait, dans des sites boisés, les femelles sélectionnent préférentiellement les arbres exposés au soleil avec un faible pourcentage de fermeture de la canopée. Ces arbres ne doivent pas non plus être entourés d’une strate broussailleuse en sous-bois (dont les ronciers) car cela gêne les adultes pour s’envoler.

Au sein des massifs forestiers, son habitat préféré se concentre donc souvent dans quelques sites ponctuels semi-ouverts comme des coupes d’éclaircies avec des grands arbres conservés, des lisières de clairières, des zones brûlées limitées. Pas la peine de chercher des rosalies sur du bois mort humide tombé au sol, même des gros arbres entiers, dans des parcelles ombragées à canopée très fermée. 

Dans la même forêt, cette parcelle n’est pas du tout favorable car la canopée est trop fermée

Hors forêt, elle retrouve des conditions adéquates dans les bocages des marais avec des alignements de vieux arbres têtards (voir la chronique sur ces arbres remarquables), ou dans des pâturages semi-boisés avec de vieux arbres isolés, exposés aux éléments naturels (vent, neige,  ..) qui génèrent du bois mort (voir la chronique sur les microhabitats) et dont les troncs sont exposés au soleil une bonne partie de la journée. On peut même la trouver sur des alignements de vieux arbres le long de routes comme sur des frênes en Pologne. 

Souvent, la rareté de tels arbres réunissant tous ces critères exigeants fait que les endroits propices sont très limités et se réduisent parfois à un ou deux arbres vétérans très favorables. Des dizaines d’adultes peuvent alors venir pondre sur ces arbres qui vont héberger des générations successives sur de longues périodes. La conservation de tels arbres isolés, très ponctuels, s’avère aussi importante que la gestion globale des peuplements : une notion difficile à faire comprendre aux aménageurs. 

Émergences

La possibilité d’observer des rosalies adultes là où elles vivent est limitée dans le temps car elles ne vivent au maximum que de 15 à 25 jours après leur émergence depuis le stade nymphe (voir la chronique sur les coléoptères). Le plus souvent, les émergences se produisent en début d’été sur une période allant de début juillet à fin août avec de rares observations en dehors de cette fenêtre temporelle. Évidemment, cette chronologie dépend de l’altitude, de la latitude et du climat local. 

Dès leur éclosion (voir ci-dessous), ces adultes se montrent actifs et mobiles tant qu’ils bénéficient d’un temps chaud et ensoleillé ; leurs créneaux d’activité maximale se situent de 10-11H à 16-18H avec un pic autour de 12-14H. En captivité, ils boivent de l’eau sucrée et on a des observations de consommation de feuilles, d’écoulement de sève ou de fruits mûrs ; probablement, que comme nombre d’autres grands capricornes, ils ne se nourrissent que très peu ou pas du tout et consacrent leur brève vie à la reproduction.

Adulte en circulation active sur un hêtre mort ; en dépit de ses couleurs, elle n’est pas si visible que cela

Les mâles émergent en moyenne une semaine plus tôt que les femelles et patrouillent sur des écorces de troncs exposés au soleil, défendant leur territoire contre d’autres mâles et attendant la venue des femelles. Une étude récente a démontré que mâles et femelles émettent des substances volatiles ou phéromones servant à l’attraction entre sexes. Dans le mélange odorant émis par les mâles, on a détecté une substance spécifique nouvelle du groupe des pyrones qui agit comme phéromone d’agrégation. Des essais avec des appâts imprégnés de cette substance synthétisée montrent que mâles et femelles sont attirés : ceci explique les regroupements souvent observés de nombreux individus sur un même arbre particulièrement favorable (voir ci-dessus). 

Elle vole bien même si le décollage requiert un poste dégagé

Après l’accouplement, le mâle surveille un temps la femelle qui va rapidement pondre ses œufs fécondés. Avec son petit organe de ponte au bout de l’abdomen (ovipositeur) et ses organes sensoriels, elle sonde l’écorce à la recherche d’un site favorable, testant sans doute entre autres l’humidité du bois et sa température. Elle recherche des crevasses profondes pour y déposer un à un ses œufs : elle rabat alors ses antennes vers l’arrière, posture inhabituelle. Elle peut aussi entrer dans des cavités et pondre en des endroits décomposés. Sur les arbres têtards, elle choisit plutôt les surfaces dépourvues d’écorce dans le haut de ces arbres à la taille limitée en hauteur. 

Tous ces mouvements liés à la reproduction se concentrent dans des petites taches d’habitat favorable (voir ci-dessus) mais ils peuvent voler d’une tache à l’autre. Des expériences de marquage et de capture/recapture montrent que ces déplacements sont communs dans un rayon de quelques dizaines à quelques centaines de mètres avec un maximum (probablement sous-estimé) de 1,5km. Autrement dit, on a là une espèce à faible rayon de dispersion ce qui augmente les risques d’extinction des populations trop isolées au sein de massifs forestiers avec peu de sites favorables. 

Longue parenthèse 

Ayant été déposés dans des creux, les œufs éclosent à 1-1,5cm sous la surface ; les jeunes larves creusent d’abord leurs galeries dans le bois périphérique ou aubier plus nutritif avant de s’enfoncer progressivement au fur et à mesure de leur croissance, progressant alors entre 4 à 10cm de profondeur. Elles entassent la sciure engendrée par leur creusement contre les parois et progressent lentement. 

Elles ressemblent à celles des autres capricornes et partagent avec elles les mêmes traits adaptés à cette vie dans les galeries creusées dans le bois : pattes réduites ; tête armée de pièces buccales fortes mais enfoncée dans le thorax lui-même élargi ; corps allongé, aplati dessus et dessous à peau durcie en surface. Leur développement s’étale sur deux à quatre ans selon les conditions locales et la qualité nutritive du bois. Au dernier stade, elles atteignent 4cm de long et 1cm de large. 

A la fin du dernier automne de son cycle, la grosse larve remonte vers la surface et hiberne ; au printemps suivant et en début d’été, elle achève la galerie de sortie du futur adulte sous forme d’un tunnel vertical allongé parallèle aux fibres du bois ; à sa base, elle aménage une cellule courbée où elle va se métamorphoser en nymphe immobile sur laquelle pattes et antennes des futurs adultes sont bien visibles. 

L’éclosion des nymphes donne finalement un adulte qui va creuser un trou de sortie de 4 à 8mm de large en prolongement de la galerie de sortie verticale et dont la taille dépend de celle de l’adulte, le critère étant la largeur du thorax, la partie la plus proéminente. Les spécialistes savent reconnaître ces trous de sortie et leur recensement peut être un moyen indirect d’évaluer les effectifs d’une population locale. 

Menaces  

La rosalie bénéficie d’une protection dans plusieurs pays d’Europe dont la France, l’Allemagne ou l’Autriche et la Suisse car elle est considérée comme espèce à risque du fait de la fragmentation forte de ses habitats (voir ci-dessus) et de ses capacités de dispersion limitées ne permettant que difficilement la recolonisation de sites d’où elle a disparu. Pourtant, il existe encore de vastes surfaces de hêtraies sur toute l’Europe mais ce qui pose problème ce sont les modes de gestion forestière. Nous avons vu que cette espèce doit disposer de bois mort de préférence sur pied pendant au moins 3 à 4 ans de suite : ceci suppose donc que l’on n’abatte pas systématiquement les arbres morts sur pied très attractifs. L’abandon d’anciennes pratiques telles que les pâturages boisés ou la taille d’arbres en têtards (voir la chronique) réduit les possibilités de trouver des arbres sénescents bien éclairés. On tend depuis le début du 20ème siècle à convertir nombre de boisements en haute futaie à canopée dense qui réduit drastiquement l’ensoleillement des troncs. Le remplacement des vieilles hêtraies par des plantations d’épicéas a réduit considérablement les surfaces favorables dans certaines régions. La pratique du désouchage des hêtres détruit les larves qui s’y sont installées. 

Troncs de hêtres stockés en forêt : très attractifs pour les femelles en quête de sites de ponte

Un piège écologique redoutable et inattendu s’est de plus développé au cours des dernières décennies : l’habitude de stocker en forêt des piles de gros bois, le temps qu’il sèche en plein air ou bien de laisser un temps les troncs coupés au sol pour les débarder plus tard. Or, ces empilements exercent une certaine attraction sur les femelles surtout quand les sites favorables manquent ; elles pondent sur ces troncs dans lesquels les larves commencent à se développer. Mais comme généralement avant deux ou trois ans, on vient récupérer ce bois temporairement stocké pour le transformer en planches ou en bois de chauffage, toutes ces larves sont condamnées et perdues.

Grosses bûches de hêtre destinées à devenir du bois de chauffage : piège fatal pour la descendance si les femelles pondent dessus

Conservation 

Cependant, dans plusieurs pays, on observe une certaine tendance au retour de la rosalie dans des zones où elle s’était considérablement raréfiée. Ainsi, en Suisse par exemple, l’espèce avait fortement régressé entre 1900 et la Seconde Guerre Mondiale avant de connaître une remontée significative ; on explique ceci par un glissement de l’exploitation ancienne pour le bois de chauffage vers celle, plus favorable a priori pour du bois d’œuvre ; la prise en compte de la conservation de bois mort dans les parcelles aide aussi à cette reprise. Mais, cette tendance peut rebasculer rapidement avec, par exemple, le retour en force de l’exploitation du bois de chauffage.

Le dérèglement climatique a provoqué de fortes mortalités locales de hêtres qui meurent sur pied ce qui favorise au moins pour un temps la rosalie ; mais cet effet pourrait ne pas durer si le hêtre régresse fortement. 

Vieux hêtres marqués pour être conservés sur pied (RN de Chastreix)

On voit clairement que la survie des rosalies dépend avant tout du mode de gestion forestière. Diverses mesures peuvent être mises en place pour favoriser le maintien des populations existantes.

Tas de grosses bûches de hêtres installées volontairement sur un talus ensoleillé en bordure et destinées à servir de sites de ponte

La première mesure essentielle qui commence lentement à percoler dans les pratiques est la conservation d’une quantité minimale de bois mort et tout particulièrement des arbres morts sur pied dans ce cas. La création de souches hautes, i.e. en coupant les arbres à 2m de hauteur, créé des sites de ponte très favorables s’ils sont en situation ensoleillée.  On peut aussi installer des tas de gros troncs de hêtres comportant déjà du bois mort ou en décomposition : mais, il faut les placer dans des sites où ils resteront au soleil dans la durée et veiller à ne pas les laisser se faire recouvrir par les ronces et les buissons. C’est la mesure qui a été mise en place dans la forêt où j’ai vu la rosalie avec des panneaux d’information ; des observations de femelles en train de pondre sur ces bûches semblent indiquer que cela fonctionne a minima. On recommande aussi de laisser des souches ou troncs de hêtres de faible qualité sur les coupes ; au moment de celles-ci, on en profitera pour installer des troncs coupés contre des arbres restés en place en bordure, exposé au soleil. 

Par rapport aux pièges que constituent les bois coupés stockés en forêt, on préconise de placer à côté des piles de bois destiné au chauffage un ou plusieurs troncs de hêtre d’au moins 25cm de diamètre et 2m de long, en les plaçant debout à proximité en situation ensoleillée. Par ailleurs, on conseille de stocker le bois de chauffage à l’ombre et de l’évacuer avant l’été, i.e. avant les pontes. 

Futures bûches à Rosalie

Par sa beauté et sa rareté, la rosalie a pris le statut d’espèce emblématique qui peut mobiliser l’attention du grand public au même titre que le tigre ou le panda dans d’autres environnements. On la retrouve sur les timbres d’au moins douze pays européens, preuve de l’engouement pour cette espèce. Toutes les mesures de conservation la concernant auront des effets bénéfiques sur une foule d’autres espèces elles aussi liées au bois mort

Ces mesures sont bénéfiques mais encore faut-il, en parallèle, ne pas poursuivre une gestion intensive globale des massifs

Bibliographie 

Novel, male-produced aggregation pheromone of the cerambycid beetle Rosalia alpina, a priority species of European conservation concern. Zunič Kosi A et al. (2017) PLoS ONE 12(8): e0183279. 

Population trends of Rosalia alpina (L.) in Switzerland: a lasting turnaround? Thibault Lachat et al. J Insect Conserv (2013) 17:653–662 

Je me suis largement inspiré de deux articles de synthèse sur cette espèce : 

Guidelines for the monitoring of Rosalia alpina Alessandro Campanaro et al. Nature Conservation 20 : 165-203 ; 2017

La Rosalie des Alpes (Rosalia alpina) Un cérambycide rare et emblématique Peter Duelli et Beat Wermelinger Institut fédéral de recherches WSL CH-8903 Birmensdorf 2005