20/02/2023 Parmi les groupes d’êtres vivants susceptibles de causer des dégâts aux cultures en agriculture intensive figurent des petits rongeurs qui vivent dans les champs cultivés et consomment graines, fruits, tiges et racines. Leurs populations dans les paysages conventionnels déséquilibrés par les pratiques conventionnelles connaissent des tendances cycliques à des pullulations tous les 2 à 5 ans qui engendrent alors de forts dégâts et obèrent la production agricole. Comme trop souvent, au lieu d’interroger les pratiques agricoles, on a opté pour des méthodes d’éradication « violentes et radicales » de ces rongeurs : pesticides chimiques spécifiques (rodenticides, dont les sinistres anticoagulants)  aux effets secondaires désastreux sur le reste de la faune (empoisonnements) ou des gaz toxiques ; piégeage avec là aussi quelques effets négatifs comme la destruction de petits carnivores ; travail mécanique du sol (labour aux effets négatifs sur la vie des sols, roulage avec des rouleaux à pointes ; clôtures d’exclusion ; …).  Plus récemment, devant les écueils des méthodes précédentes et leur impact très négatif sur la biodiversité (et leur coût aussi), on a exploré les possibilités de solutions basées sur la nature dont en premier lieu la prédation naturelle par des vertébrés. La prédation s’impose logiquement comme une solution de régulation naturelle qui existe déjà (service écosystémique : voir la chronique).  Parmi les outils qui permettent de booster cette prédation et de bénéficier de ses effets régulateurs sur les populations de rongeurs figure la pose de perchoirs artificiels destinés aux rapaces (prédateurs aviens) et installés au milieu des cultures sujettes à des problèmes de surdensités de ces rongeurs. 

Campagnols 

Deux espèces de rongeurs peuvent poser particulièrement des problèmes dans les cultures.

Nombreux terriers de campagnols des champs dans une phase de pullulation

Le campagnol des champs (Microtus arvalis) est un tout petit rongeur trapu et rondouillard avec une queue très courte (ce qui le distingue des souris ou des mulots) ; il creuse des galeries peu profondes (30cm au plus) depuis lesquelles il vient régulièrement se nourrir en surface : il entretient ainsi de nombreux trous de sortie reliés entre eux par des pistes de circulation ; la terre excavée est étalée au sol. Ces campagnols se nourrissent autant des parties aériennes (tiges, feuilles, graines) que souterraines (racines, bulbes, …) ; ces gros mangeurs consomment deux fois leur poids par jour (20 à 50gr). 

Le grand campagnol ou rat-taupier (Arvicola amphibius) est trois fois plus gros que le précédent. Lui aussi creuse des galeries mais bien plus profondes et il évacue la terre sous forme de monticules de terre rappelant fortement ceux des taupes (d’où leur surnom) : sous ce monticule, la galerie est oblique et non verticale comme chez les taupes (qui ne sont pas des rongeurs : voir la chronique). Ces animaux ne quittent que rarement leurs terriers et se nourrissent essentiellement de racines ou du collet des arbres ; un campagnol terrestre mange chaque jour l’équivalent de son poids (100-300gr) soit sur une année environ 50 kg de végétaux ….

Les campagnols en général habitent des milieux ouverts à couvert herbacé bas : les prairies naturelles et les champs de luzerne ou les éteules (chaumes) de céréales non labourées en hiver. Les campagnols des champs fréquentent aussi bien les prairies permanentes ou temporaires que les grandes cultures (céréales et colza surtout). Ils craignent le travail du sol qui détruit leurs galeries et se réfugient dans les bordures de champs qui fonctionnent comme des réservoirs ou refuges à partir desquels ils recolonisent les champs. Si le campagnol des champs est très commun partout, le campagnol terrestre est lui plutôt confiné dans les régions de moyenne montagne et dans l’Est et le Nord du pays. 

Cycles 

Comme tous les petits rongeurs, ils ont un cycle de reproduction très court et très fécond : maturité sexuelle dès l’âge de 1 à 2 mois) ; gestation de 3 semaines seulement ; de 1 à 10 (2 à 8 pour le terrestre) petits par portée et 5 portées en moyenne par an. Cependant, ils connaissent aussi une forte mortalité naturelle sous l’effet de la prédation mais aussi des aléas climatiques (par exemple des épisodes d’inondation). 

Les éteules d’hiver sont favorables

Mais ce qui les caractérise le plus et les rend problématiques en agriculture productiviste c’est l’évolution cyclique de leurs populations sur plusieurs années avec en moyenne tous les 2 à 5 ans une phase de pullulation .Cette « gradation cyclique» s’effectue en quatre temps : une phase où la densité est très basse ; une année favorable avec une augmentation exponentielle de la population qui culmine par un pic de pullulation ; suit généralement un effondrement ou un déclin massif engendré par la surdensité et ses effets secondaires (explosion du parasitisme, stress, propagation de maladies infectieuses, détérioration du milieu qui atteint sa capacité maximale d’accueil et de ressources, prédation, …).

Les luzernières, au sol non travaillé et au couvert dense et très nutritif, sont des refuges idéals.

Du point de vue de la production agricole, les pullulations posent problème en multipliant les dégâts directs (consommation des végétaux cultivés) ou indirects (détérioration des prairies par les monticules de terre). On cherche donc les moyens de « lisser » ce pic et de le maintenir en dessous d’un seuil acceptable. Ceci suppose pour être efficace d’intervenir avant l’avènement de la pullulation car à ce stade les interventions quelles qu’elles soient deviennent quasi inopérantes.

On fixe généralement le seuil de nuisibilité à 200 individus/hectare pour le campagnol des champs ; le comptage des terriers (trous de sortie) sur des surfaces échantillons permet de suivre l’évolution des populations. 

Paysage d’agriculture intensive propice aux explosions de campagnols : parcelles immenses et peu ou pas d’arbres ou de haies

On a identifié les principaux facteurs qui favorisent ces pullulations répétées : des paysages très homogènes, très ouverts, sans éléments semi-naturels et des parcelles grandes  ; une couverture végétale haute dense et permanente ; des cultures riches nutritivement ; un climat chaud et sec ; des sols peu perturbés par les activités agricoles. Les deux premières touchent justement à la prédation : un réseau hétérogène d’éléments semi-naturels favorise la présence et l’activité de prédateurs et la végétation haute protège les campagnols des attaques des prédateurs. Ainsi, les parcelles de colza sont souvent touchées si on laisse en place les restes des tiges sèches coupées qui forment une « forêt » hérissée qui dissuade les prédateurs ; de plus le feuillage couvre le sol peu après l’émergence des plants. 

Chaume de colza très propice pour le développement des campagnols.

A noter qu’outre les impacts sur la production agricole, on reproche aussi aux campagnols d’être des vecteurs ou des réservoirs de maladies infectieuses (maladie de Lyme via les tiques hébergées : voir la chronique ; leptospirose ; … ) ou parasitaires (échinococcose alvéolaire : voir la chronique sur ce sujet). 

Rapaces auxiliaires 

Le biocontrôle des rongeurs par l’intermédiaire de la prédation peut s’appuyer sur une large gamme de prédateurs naturels répandus dans ces habitats. C’est la diversité des intervenants qui fera la force et l’efficacité d’un tel contrôle : plus ils seront nombreux et divers (en termes de techniques de chasse, de périodes de présence, de préférences alimentaires, …) et plus les chances que le biocontrôle soit efficace seront élevées. Dans la plupart des paysages agricoles du pays, nous disposons ainsi de plusieurs guildes de prédateurs (groupes d’espèces qui exploitent la même ressource). 

Parmi les mammifères carnivores deux espèces de mustélidés sont très spécialisées dans la chasse aux campagnols qu’elles vont débusquer dans les terriers : la belette et l’hermine, cette dernière sur les campagnols terrestres tout particulièrement. Le renard roux (canidé), très répandu et abondant, est un remarquable chasseur de campagnols qui s’aventurent hors de leur terrier ou pointent leur nez à l’entrée ; 80% de son alimentation se compose de petits rongeurs, soit environ 3000 campagnols par an (145 kg) ; le service rendu à l’agriculture par un renard peut être évalué autour de 2400 euros. Le chat forestier est tout aussi efficace mais rare ou très rare et reste confiné aux abords des massifs forestiers. Le sanglier peut aussi « muloter » quand il laboure les prés de son groin. 

Le busard cendré chasse beaucoup en vol battu très bas près du sol

Certains serpents comme les vipères et les grandes couleuvres peuvent chasser des petits rongeurs mais leurs effectifs sont souvent limités et elles ne s’aventurent guère dans les cultures. 

Parmi les rapaces ou oiseaux de proie (terme informel qui recouvre 3 groupes différents : les faucons (Falconidés : voir la chronique), les rapaces diurnes (Accipitridés : voir les chroniques) et les rapaces nocturnes (Strigiformes : voir les chroniques). Seuls une partie d’entre eux chassent les petits rongeurs des cultures. Parmi les diurnes, les deux leaders par leur abondance générale sont la buse variable et le faucon crécerelle pour qui les rongeurs constituent l’essentiel de leur régime ; les milans noir et royal ainsi que les busards (cendré, saint-martin et des roseaux) les chassent de manière plus opportuniste mais régulière, notamment en moyenne montagne le milan royal sur le campagnol terrestre (victime régulière des empoisonnements suite à l’usage d’anticoagulants). Parmi les nocturnes, le hibou moyen-duc et l’effraie des clochers sont des spécialistes tandis que la chouette hulotte et la chevêche exploitent les campagnols de manière plus opportuniste. 

Les milans noirs se comportent en opportunistes et sont attirés par certaines activités comme les moissons ou les fauches

Perchoirs 

Buse variable à l’affût sur un piquet de clôture

Si les milans et busards chassent avant tout en vol battu à faible hauteur, les autres rapaces ci-dessus pratiquent la chasse à l’affût depuis un poste surélevé (perchoir) depuis lequel ils se laissent tomber sur les campagnols qui se risquent hors de leurs terriers (voir l’exemple du faucon crécerelle). Or, la structure des paysages agricoles intensifs à base de grandes parcelles et très appauvris (voire complètement dépourvus) en haies et arbres isolés, ne leur offrent que très peu ou pas du tout de perchoirs. Si certains rapaces arrivent néanmoins à chasser aussi en vol (voir le vol stationnaire du crécerelle), la dépense énergétique est telle qu’ils renoncent à venir chasser dans les parcelles cultivées. Ils ne disposent le plus souvent que des piquets de clôture (pas très hauts) ou les lignes et poteaux électriques ou téléphoniques ; mais ceux-ci se trouvent le plus souvent le long des routes ou seulement en bordure des parcelles. Donc, a priori, si on offre des perchoirs artificiels ad hoc, à volonté, au beau milieu des parcelles cultivées, on doit pouvoir inciter ces rapaces à venir chasser dans celles-ci surtout quand elles connaissent des pullulations cycliques (voir ci-dessus). 

Extrait d’une fiche d’information de la LPO (voir Biblio)

Il existe de nombreux modèles de tels perchoirs artificiels (il suffit de taper sur internet perchoirs à rapaces … ; voir en biblio le modèle prôné par la LPO par exemple) : quelle que soit leur hauteur et le matériau de construction, ils possèdent une partie terminale en T sur laquelle le rapace peut se percher.

Perchoir installé dans le cadre d’un programme de lutte contre les rats taupiers

Toutes les expériences de pose de tels perchoirs, surtout dans les paysages agricoles très ouverts avec de grandes parcelles sans arbres isolés ni piquets ou poteaux déjà existants, montrent qu’ils sont très vite adoptés et utilisés par une large gamme de rapaces diurnes et nocturnes allant jusqu’à l’aigle royal ou des grands-ducs de Virginie dans des vergers en Californie. 

La position surélevée (ils doivent faire au moins 2m de hauteur pour être efficaces) ouvre aux rapaces un horizon de chasse au sol à 360° dans un secteur où autrement la plupart d’entre eux ne pourrait venir chasser ; ainsi, ils augmentent fortement sur un territoire donné en période de reproduction l’accès aux proies campagnols, une ressource alimentaire intéressante et assez facile à capturer ; ils peuvent aussi accéder à d’autres proies comme des gros insectes pour les chasseurs généralistes tels que les faucons crécerelles. Même au cœur de cultures denses et hautes, cela reste intéressant pour eux notamment en phase de pullulation, dans la mesure où la dépense énergétique est quasi nulle et compense donc la difficulté à repérer les proies dans un tel habitat. 

Une expérience de pose de perchoirs menée en Chine sur des prairies a montré un effet très attractif sur les faucons crécerelles (la même espèce qu’en Europe) et un changement de leur comportement de chasse : sur les sites avec peu de perchoirs, ils passent 30% de leur temps de chasse sur des perchoirs et 35% en vol stationnaire (« vol du St-Esprit » : voir la chronique) ; sur des sites équipés de nombreux perchoirs, on passe respectivement à 52% et 12%. Et pourtant, les études (voir la chronique sur le crécerelle) montrent que le vol stationnaire est plus efficace pour repérer des proies mais il y a le coût énergétique associé. 

Les rapaces utilisent ces perchoirs non seulement comme poste d’affût mais aussi pour se reposer dans la journée, pour manger les proies capturées au sol, comme point fort pour délimiter leur territoire en période de reproduction ou pour surveiller de loin leur nid s’il est proche d’un perchoir (tout en chassant). Point important du point de vue agricole : ils les utilisent toute l’année pour les espèces sédentaires ou pour les espèces ou populations venant passer l’hiver dans nos régions (comme de nombreuses buses variables venues du Nord de l’Europe). 

Efficacité 

Nous abordons jusqu’ici les perchoirs sous l’angle de leur utilisation comme moyen de contrôler les pullulations de campagnols dans les cultures ; avant d’envisager (voir paragraphe suivant) d’autres points de vue complémentaires, voyons leur efficacité dans ce cadre de biocontrôle de « ravageurs » comme on se complait à nommer les campagnols. 

Le biocontrôle par la pose de perchoirs vise à abaisser la densité de la population de rongeurs lors des épisodes de pullulations à un niveau acceptable en termes de pertes de rendements. Pour être efficace, il doit être mis en œuvre sur le long terme pour espérer agir sur les cycles périodiques de pullulations et les atténuer ; par rapport à une autre méthode proche, la pose de nichoirs à rapaces, il a l’avantage d’être fonctionnel toute l’année et pas seulement pour la période de nidification. 

Il n’y a pas de consensus scientifique général sur l’efficacité réelle de renforcer la présence des rapaces par la pose de perchoirs artificiels : par exemple, pour les faucons crécerelles, il y a un net débat quant à leur impact réel avec des résultats contradictoires selon les études. La grande difficulté pour évaluer l’efficacité concerne la durée des expérimentations et des suivis souvent limités à un ou deux ans, soit un pas de temps nettement insuffisant par rapport aux cycles de pullulations des campagnols (2 à 5 ans). Si la régulation agit, c’est le plus souvent quand les proies sont à basse densité et/ou quand le prédateur est un spécialiste sédentaire nicheur local ; la densité locale de rapaces et de perchoirs importe aussi. On sait que la répartition des rapaces sur le terrain est essentiellement basée sur des caractéristiques de l’habitat (densité du couvert herbacé notamment) en sus de l’abondance des proies ; mais parfois on a observé des résultats qui dépendent de la densité des proies. Une étude a trouvé que le taux de mortalité d’une année à l’autre lors d’un cycle de campagnols était dépendant de la densité, la prédation étant la cause primaire de la baisse des populations au printemps. Dans une étude américaine, on a installé des mini populations de campagnols dans des enclos à ciel ouvert et avec un perchoir au centre : les crécerelles ont chassé onze fois plus souvent sur les enclos avec des perchoirs que sur ceux sans perchoirs ; pour autant, les effets sur ces populations ont été minimes : le taux de croissance et de survie des adultes est resté identique ; il y a eu par contre un peu moins de naissances dans les enclos avec perchoirs et les mâles de campagnols avaient des territoires plus petits et se montraient moins actifs.

La prédation peut ainsi affecter les rongeurs en induisant des changements comportementaux dans les choix des micro habitats utilisés et une baisse de la reproduction. Ils peuvent par exemple diminuer le temps alloué à venir se nourrir en surface ou à se reproduire quand cela augmente le risque de prédation. 

Dans une expérience d’exclusion des prédateurs, on a observé que les rongeurs utilisaient plus les taches non abritées quand les prédateurs n’étaient plus un danger : les campagnols des champs réduisaient leur mobilité et préféraient des taches d’habitat qui fournissaient un couvert dissuasif de la prédation par le crécerelle. Par contre, dans une autre expérience on a installé des campagnols dans des cages sous des nids de faucons crécerelles en période de nidification, donc exposés aux cris des jeunes et aux déjections qui tombaient du nid : l’étude a montré que le taux de reproduction n’a pas été affecté contrairement à ce que l’on aurait pu penser…

Au final, on voit que le tableau dressé est assez inégal mais si on prend en compte le faible coût économique de ces dispositifs (installés pour plusieurs années) qui ne demandent pas d’entretien et l’absence d’impact environnemental (sans aucune mesure avec l’usage des rodenticides …) et si on raisonne sur le moyen terme, les perchoirs sont bien un outil de biocontrôle raisonnable et surtout durable face aux pullulations de rongeurs à condition aussi d’être accompagnés d’une autre gestion des paysages et de s’appuyer en même temps sur les autres prédateurs majeurs que sont les mammifères carnivores (voir ci-dessus). 

NB Pour en savoir plus : nous avons traduit et résumé cinq études scientifiques réalisées en Europe ou aux USA autour d’expérimentations de pose de perchoirs à rapaces et leurs impacts et limites ; vous pouvez retrouver (bientôt …) ce dossier en pdf sur le site de l’association Mazaalai. 

Décentrage 

En tant que naturaliste, on ne peut se cantonner uniquement dans cette approche très matérialiste et centrée sur un système agricole intensif qui génère justement des conditions favorables aux pullulations de rongeurs en transformant les paysages et en affectant très négativement la biodiversité. Dans cette optique, on ne considère les rongeurs que comme des gêneurs, des parasites, des nuisibles à éradiquer … alors qu’ils font partie intégrante de l’écosystème et s’intègrent dans les réseaux alimentaires et d’interactions, … le tissu du vivant. Sortons donc de ce point de vue tronqué, pour regarder les perchoirs comme une aide directe aux rapaces eux-mêmes. 

La pose de perchoirs au milieu des cultures augmente clairement la capacité de chasse des rapaces tant en termes de quantité de ressources nouvelles ainsi accessibles qu’en termes d’économies d’énergie consacrée à l’activité chasse ; ainsi, on améliore la survie des individus notamment en hiver ou celles des jeunes au moment de l’élevage et on permet ainsi une augmentation des populations de rapaces locaux ; la pose de nichoirs permet évidemment de compléter cette aide. On doit garder en tête que cet ajout n’est qu’un pis-aller et que la vraie solution à long terme est de rétablir un maillage d’éléments semi-naturels dont des haies et des arbres isolés qui serviront de perchoirs permanents et de sites de nids en plus. On ne peut promouvoir la pose de perchoirs à rapaces dans une telle perspective comme mesure d’accompagnement temporaire.

Il faut multiplier, entre autres, les grands arbres isolés qui servent de perchoirs et de sites de nid

Il y a d’ailleurs à ce propos un autre intérêt à la mise en place de perchoirs lors de plantations d’arbres dans les opérations d’agroforesterie (voir l’exemple de la ferme de Raux) : pour éviter que les rapaces ne se posent sur les tiges terminales fragiles et cassantes des arbres fraîchement plantés, on implante des perchoirs plus hauts pour inciter les rapaces (et d’autres oiseaux comme les corneilles ou les pies) à ne pas se percher sur les arbres, le temps qu’ls grandissent.

Enfin, les perchoirs présentent un autre avantage d’ordre « social » : rendre plus visibles les rapaces qui se repèrent de loin pour le grand public qui prend ainsi conscience de leur présence et de leur importance. C’est une belle manière de retisser des liens avec le vivant méconnu qui nous entoure … et de réfléchir à une autre agriculture qui s’intègre dans des habitats les plus naturels possibles (voir le site Réensauvager la ferme sur une telle expérience). 

Bibliographie 

GESTION DES CAMPAGNOLS EN GRANDES CULTURES Greenotec ASBL (pdf)

PERCHOIR A RAPACES Laissez-moi regarder de haut ! Des terres et des ailes. Programme LPO

Biocontrol of common vole populations by avian predators versus rodenticide application Ivo MACHAR et al. Polish Journal of Ecology · September 2017 

Killing time in cover crops? Artificial perches promote field use by raptors Megan E. et al. Ann Appl Biol. 2020;177:358–366. 

Response of American kestrels and gray-tailed voles to vegetation height and supplemental perches Lisa M. Sheffield et al. Can. J. Zool. 79: 380–385 (2001) 

The effects of supplemental perch sites on avian predation and demography of vole populations. Wolff, J.O., et al.. 1999. Canadian Journal of Zoology 77:535-541. 

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