02/02/2021 Nous vous proposons de parcourir le circuit du val de Morge (voir la chronique de présentation) autour d’un thème, les « curieux arbres » et d’une activité, composer un album photo original en souvenir de cette promenade. Par « curieux arbres », nous entendons aussi bien des détails méconnus (comme l’aspect de l’écorce) d’essences communes, que des individus avec des bizarreries ou des malformations insolites que des espèces plantées peu connues. Le but est triple : inciter à observer attentivement les arbres que nous côtoyons au niveau de leur écorce, de leurs branches, de leur allure en laissant de côté feuilles, fleurs et fruits ; ouvrir la curiosité en essayant de comprendre ces arbres et leurs bizarreries ; inciter à varier les plans et les cadrages pour faire des photos plus créatives et porter un autre regard sur les arbres en s’ouvrant à l’imaginaire. Ce rallye, du fait de son thème, peut se faire en toute saison, même si, en fait, l’hiver reste la saison la plus favorable car les ramures sont à nu et les détails des troncs, branches et écorces bien plus apparents ; en plus, notre attention se trouve moins distraite par les fleurs ou insectes absents ! 

Au fur et à mesure de la progression le long du circuit, avec les numéros du plan comme repères, nous proposons tel ou tel arbre avec à chaque fois un titre « elliptique » qui tente de résumer son originalité. Le but du jeu est de ramener une moisson de photos de tous ces arbres et de composer vous-même votre album photo ou en faire des pages de scrap (pour amateurs éclairés) ; libre à vous, bien entendu, de les renommer à votre manière ! 

Vous trouverez ci-dessous deux pdf à télécharger :

– le plan numéroté avec la description du circuit

– le texte ci-dessous à propos des arbres à visiter mais sans les photos. 

Puzzle : les petites plaques se détachent naturellement ; l’arbre n’est pas malade !

D. PUZZLE : Place de Loche : l’écorce du jeune platane planté au centre de la place se détache en plaques écailleuses sous lesquelles apparaît la « nouvelle » écorce fraîche teintée de jaune. Il s’agit d’un processus naturel de renouvellement par plaques (voir la chronique sur les platanes).

En perspective par en dessous, le jeune platane prend des allures de géant … en tenue léopard

2-3 : CRI DE TARZAN : Dans la descente goudronnée, sur la droite, une vigne « ensauvagée » remarquable s’est développée dans le talus et escalade les arbres sur plusieurs mètres ; elle prend ici son caractère naturel de liane des forêts riveraines, son milieu originel. 

CYPRES BLEU Dans le virage, devant le moulin à droite, un beau conifère au feuillage bleuté : le Cyprès de l’Arizona.

Le cyprès d el’Arizona (à sa droite, un bel épicéa)

3-4 GARDE A VOUS A droite, dans le pré, trois grands peupliers d’Italie : il s’agit d’une variété plantée du peuplier noir sauvage au port dit colonnaire érigé en fuseau. 

SUPPLICE DU BARBELE Au bout du chemin, à l’entrée du pré à gauche, un énorme chêne dont le tronc a « avalé » des barbelés qu’on avait attaché autour : l’arbre poursuit sa croissance et englobe doucement ces intrus, laissant ces cicatrices impressionnantes !

Un faux sentiment de souffrance …. même si l’arbre subit un stress certain

5  ANKYLOSAURE Au carrefour, juste sur la gauche (en direction d’Artonne), un énorme sureau noir à l’écorce liégeuse en « plaquettes » qui rappelle la peau d’un dinosaure à cuirasse, l’ankylosaure.

Un des troncs s’est couché et des branches verticales ont repoussé (on parle de réitérations). Cet arbuste vieillit mal car il a un bois très tendre. 

Ne le réveillez pas .. même si l’ankylosaure devait être un dinosaure plutôt pacifique !

8-9 ASSAUT A droite, juste après avoir quitté l’escalier, un énorme lierre part à la conquête d’un grand arbre et semble l’enlacer de ses gros bras velus pour mieux l’investir (voir la chronique sur le lierre).

NUAGES BLANCS après avoir passé les grandes clairières, le sentier devient étroit et longe la rivière de près. Sur la gauche, trois charmes groupés à l’écorce grise très lisse (touchez en fermant le yeux) avec de grandes macules blanches : ce sont des lichens incrustés (corticaux) typiques de cette essence. Sur certains, on voit des granulations qui sont les fructifications des champignons des lichens (voir la chronique sur ces êtres remarquables). 

GUETRES VERTES Le sentier passe entre deux gros arbres (frênes) dont la base porte un épais manteau vert fluo (par temps humide) ; il s’agit d’une mousse typique des bases des arbres aux bords  de rivières : l’anomodon robuste.

CYCLOPE RHINOCEROS Quand le sentier débouche sur une large aire, un grand arbre (érable) près de la route offre une silhouette singulière.

Un autre à côté dévoile deux cavités. Lever les yeux et tourner autour ! 

9 GRAND U Juste après rejoint la route, sur la droite, contre la paroi rocheuse, un arbre à la silhouette très singulière : sans doute victime d’un « accident » de jeunesse, son tronc s’est couché ; ceci ne l’a pas empêché de repartir à la verticale selon le processus des réitérations (voir la chronique). 

10-11 ARTERES En descendant la piste, sur la gauche, derrière la clôture, regardez bien les lierres qui escaladent les arbres : deux très gros se distinguent par leur forme « monstrueuse » à vingt mètres d’écart environ. Rappelons que, contrairement à une idée reçue solidement ancrée, le lierre n’est pas un danger pour les arbres sur lesquels il s’installe (voir la chronique).

11 MULTIJAMBISTE En prenant la première sente (avant le panneau pédagogique) à droite (passage avec barbelés), on croise plusieurs cépées d’aulnes glutineux, i.e. des « touffes » naturelles de troncs issus d’un même pied ; noter l’écorce fissurée typique de l’aulne. 

Six troncs pour un même arbre

GRANDE HARPE Juste au-dessus de l’entrée à côté du gué de la Morge, un grand peuplier s’est couché en travers à 45° mais (comme le grand U), il a réitéré des branches verticales prenant cette silhouette improbable ; ces branches sont « comme des arbres sur l’arbre ».

13-14 TROGNES Dans le pré en contrebas à gauche, deux énormes saules blancs aux troncs creux tourmentés, vestiges remarquables de la pratique de l’étêtage et de l’émondage qui impose à ces arbres une croissance en diamètre (voir la chronique) : on parle de têtards ou de trognes. Ils vivent ainsi bien plus longtemps tout en devenant creux au centre. 

15 CHARME DECALE Au niveau de replat sur lequel on débouche,  trône sans doute l’arbre le plus remarquable de ce circuit : un charme à double coude dont le tronc vertical se trouve décalé du départ ! Son histoire étonnante est racontée dans une chronique dédiée ! 

Un défi à toute logique !

15-16 GRANDGOUSIER  En haut de la montée, sur la gauche, une « bouche ouverte » noire interpelle ; drôle d’allure ! On note quatre trous répartis en carré : cet arbre portait une pancarte métallique qu’il a progressivement débordé par en haut (bourrelet) et englobé ; la pancarte a disparu, rongée par la rouille et a laissé cette « gueule cassée » étonnante ! 

Visiblement, la pancarte a du mal à passer !

TRIPLE PIN sur le communal de Val rose, à gauche, une série de pins dont des pins sylvestres reconnaissables à leur écorce orangée qui se détache en écailles fines.

L’un d’eux, en partie couché, présente « trois troncs » successifs, silhouette rare pour un tel résineux.

CHOUETTE Plus loin, deux autres pins sylvestres ont eu leurs branches basses taillées : les cicatrices donnent ce regard fixe de rapace nocturne. 

Oûûh !

DEODAR Au bout du communal, près de la route, un grand résineux au feuillage typique de cèdre (aiguilles en bouquets) ; mais ses aiguilles longues et souples signent une espèce moins commune que le classique cèdre « bleu » de l’Atlas : le cèdre de l’Himalaya, ou déodar en Hindou.

Deodar ou cèdre de l’Himalaya

16 SAPIN SAVON Juste derrière la grille d’entrée de Val rose, un grand sapin au feuillage raide en « écouvillons », le sapin d’Espagne dont le feuillage mousse quand on le frotte dans l’eau (d’où son nom latin de pinsapo).

Sapin d’Espagne

Dans la nature, cet arbre endémique des sierras d’Andalousie est devenu très rare ; il est bien plus nombreux dans les parcs et jardins où il a été acclimaté (voir la chronique) ! 

19 BROUSSINS Sur la place de l’Eglise, parmi les vieux marronniers, plusieurs se démarquent par leurs tronc boursouflés d’excroissances, appelés broussins ; ils seraient dus à des défauts de circulation de la sève dans l’arbre en vieillissant. En coupe, le bois de ces broussins présente des taches foncées, connues en ébénisterie sous le nom de loupes.  

Gageons qu’après avoir effectué ce rallye photo, votre façon d’observer les arbres aura changé ; dites-vous que ce changement de regard vaut pour toute la nature. Alors, attention, peut-être allez-vous devenir accro à l’observation de la nature autour de vous ! Pensez aussi aux enfants avec leur imaginaire sans limites et leur maîtrise de la prise de vues avec un téléphone portable !

20 mars 2021 Dans le cadre du magazine H2O de France-Bleu Pays d’Auvergne, C. Noiseux a réalisé un reportage sur ce thème ; vous pouvez l’écouter en podcast via ce lien : Le reportage H2O sur les arbres tordus du val de Morge/30 min.