21/01/2024 Ce titre est celui d’un livre sorti fin 2023, édité par La Salamandre, la célébrissime revue nature . Un livre de plus sur les plantes sauvages diront certain(e)s : oui certes un de plus mais quel livre ! J’ai vraiment eu un coup de cœur pour cet ouvrage comparable à aucun autre déjà paru ! Une vraie nouveauté dans le fond et la forme.

Je vous laisse découvrir les auteurs à travers les couvertures pour entrer dans la féérie des textes et des images. Précisons de suite qu’il ne s’agit pas d’un guide de terrain avec son format 28 x 22cm et sa belle couverture cartonnée.

La philosophie de l’ouvrage est annoncée dans le sous-titre : Les identifier, les connaître, les utiliser. Ce n’est donc pas qu’un livre d’identification ou qu’un livre d’initiation à la botanique ou qu’un livre sur les propriétés et usages des plantes. Non : il est tout ça à la fois.

Chacune des 110 espèces (uniquement des herbacées) sélectionnées, la plupart communes ou connues du grand public, a droit une présentation exhaustive qui aborde une multitude d’aspects : la parole leur est donnée pour se présenter dans leur globalité sans les réduire à leurs seuls critères d’identification ou nom d’espèce comme c’est le cas dans une majorité de guides nature.

Chacune dispose d’un vaste espace pour « s’exprimer » : au moins deux pages comme le Géranium Herbe-à-Robert (p. 64-65). Mais la plupart s’affichent sur trois ou quatre pages comme le Lis martagon (p. 176-179) : après une page d’introduction qui dresse un portrait botanique de l’invité, viennent deux à trois pages avec des zooms sur des aspects particuliers sous forme de rubriques.

Certaines espèces ont même droit jusqu’à six pages tant elles ont à nous raconter comme les Plantains (p. 266-271). Voilà qui donne le temps et la respiration pour « entrer dans la plante », saisir qui elle est, ce qu’elle fait et comment elle interfère avec nous. Autrement dit, ce livre est un formidable outil pour franchir cette sinistre barrière que nous avons dressée entre nous, Humains, et le Vivant et tout particulièrement avec le Monde Végétal, le plus ignoré et le plus incompris.

Exemple de rubrique : Observation sur une fleur de Gentiane

Pour que vous saisissiez combien ces présentations sont complètes et fouillées, ne laissant aucun aspect de côté, j’en ai dressé la liste des rubriques : Observation, Insolite, Étymologie, Histoire, Identification, Usage, Botanique, A Savoir, Anatomie, Reproduction, Stratégie, En Cuisine, Mythologie, Histoire, Morphologie, Insolite, Confusion, Légende, …

Un exemple avec l’Hellébore fétide :

  • Stratégie : le nectar qui chauffe
  • Insolite : la fable de La Fontaine
  • Morphologie : fleurs avec tépales photosynthétiques.
Une « Fatale » : la Parisette

Le découpage de l’ouvrage en onze parties casse aussi les codes en « osant » ne pas adopter les classiques découpages soit en familles soit par milieu. Ici, les chapitres s’adressent au « sensible », à notre perception et nous invitent donc à les reconsidérer autrement que comme des objets de science sur lesquels on pose des noms et c’est tout ! La plus grande partie des titres nous parlent de suite (les parfumées, les légendaires, les utiles, les médicinales, les aphrodisiaques (mais pas que pour l’Homme avec l’exemple des Ophrys !), les fatales. Mais d’autres intriguent et attisent la curiosité : les avant-gardistes (celles qui ont innové), les stratèges (facultés d’adaptation), les intrigantes (celles qui cachent leurs secrets), les complices (celles qui collaborent avec d’autres espèces), le météos (celles qui présagent de la météo à venir).

Je vais avouer une faiblesse, tant pis pour mon orgueil (mesuré je l’espère) : j’ai même appris plein de « choses » (je l’ai « dévoré dès réception !) que je ne connaissais pas sur ces espèces pourtant très communes et dont je me vante d’être un expert ! Par exemple : l’anatomie de la fleur d’Onagre en forme de pavillon de gramophone qui est sensible aux émissions sonores des insectes visiteurs (p.123) ; la lecture de l’inflorescence de l’arum tacheté par les paysans suisses pour prédire leurs récoltes (géniale, cette histoire !) (p. 136) ; la galle des cuscutes due à un charançon (p. 167) ; la pézize en radis associée au sceau-de-Salomon multiflore (p. 70) ; … et bien d’autres. Une mine d’or, je vous dis ! Je vais devoir actualiser certaines de mes chroniques !

Ah, j’allais oublier un « détail » majeur : les illustrations sous forme d’aquarelles, l’œuvre du grand maître Lorenzo Dotti. Sublimes et d’une remarquable précision pour le portrait de la page de présentation de chaque espèce. Et les dessins de détail accompagnant les rubriques souvent pleins d’humour ou très pédagogiques.

Bilan : un livre à s’offrir pour se faire du bien, s’enrichir intérieurement et se rapprocher encore plus du Vivant ou à offrir à des proches : vous êtes assurés que le cadeau sera bien accueilli !

Vous pouvez le trouver sur le site de la boutique de la Salamandre.