Cette chronique regroupe toutes les mini-chroniques publiées en décembre 2023 (depuis le 20/12) sur mon compte FaceBook, dédié à Zoom-nature, accessible au Public :  Brèves de nature.

 Ce sont des mini-chroniques quotidiennes à partir d’une ou deux photos prises au cours de mes balades et qui traitent de la biodiversité très ordinaire. Quand le sujet évoqué est traité sur mon site, j’ajoute un lien vers une chronique.

20/12/2023 Le frêne aux mille galles

Ce frêne n’est pas couvert de fruits. Ces amas brunâtres sont les restes des galles crées par un acarien (Aceria fraxinivora) qui parasite les bouquets de fleurs mâles au printemps. Ses colonies se développent dans les fleurs déformées.  Ce frêne est donc un arbre entièrement mâle dont la floraison a été entièrement anéantie ce printemps car l’attaque stérilise les fleurs. L’arbre n’en souffre pas mais, cette année, il n’aura pas pu « disperser ses gènes » via son pollen !

Voir la chronique sur les galles en général

21/12/2023 L’arbre à deux temps

Chez ce frêne, le gros tronc correspond à une trogne, un arbre taillé par l’Humain ; elle est sur le déclin : sa couronne de branches principales est morte mais il lui reste quelques branches latérales encore en vie. A sa base, partant donc de la même souche (et des mêmes racines), un rejet a pris de l’ampleur et est devenu un tronc secondaire. Si on le regarde seul, on voit un « nouvel » arbre, jeune, greffé en quelque sorte sur le vieux (respect !). Cette capacité à se régénérer tout en vieillissant s’appelle la réitération ou l’art de refaire un arbre sur un arbre.

Voir la chronique sur la réitération  

22/12/2023 Lire dans les … crottes des mammifères !

Régulièrement, je vous soumettrai des images de crottes : ce sont de formidables livres d’histoires ouverts. Surmontez le dégoût et approchez-vous ; ne les touchez pas car elles peuvent contenir de dangereux parasites. Prenons celle-ci, toute fraîche : sans doute une crotte de renard ? Orange et grains jaunes anguleux : tout indique une consommation de « gratte-culs », les cynorhodons des églantiers.

Ce renard a donc récolté ces « fruits » sur un églantier, dans les environs, les a avalés, digérés et a rejeté un peu de pulpe et les « grains » (akènes) indigestes. Pendant qu’il digérait, il a dû se déplacer et a déposé sa crotte peut-être à 50 ou 100 ou 500 mètres du pied producteur. Ainsi, à l’insu de son plein gré, il assure la dispersion à distance des « graines » de l’églantier. Si elles réussissent à germer, elles pourront donner naissance à de nouveaux pieds d’églantier, loin du pied mère. On appelle ce processus l’endozoochorie (portage à l’intérieur d’un animal). Vous ne la trouvez pas plus belle maintenant cette crotte ?

Voir la chronique sur l’endozoochorie

23/12/2023 Sous la peau d’un arbre

Je paraphrase le titre de l’excellent livre de Catherine Lenne Dans la peau d’un arbre pour parler de ce que l’on peut voir sous l’écorce tombée d’un arbre mort. Sur cette vénérable trogne de frêne à terre, ces protubérances couronnées de pointes dures correspondent à des amas de bourgeons épicormiques (epi, sur et kormos, tronc, tige). Ces bourgeons dormants sont dispersés un peu partout à la surface des arbres sous l’écorce. Ils leur servent d’assurance-vie face à une perturbation : un gros pépin (cassure, blessure, …) ; si un voisin « ombrageux » vient à disparaître, il faut vite exploiter la trouée de lumière et donc produire de nouvelles branches dans cette direction. Alors, ces bourgeons se réveillent et se développent en nouvelles pousses (gourmands, picots, …) qui pourront éventuellement devenir de nouveaux « petits arbres » sur l’arbre (rappelez-vous : les réitérations). Extérieurement, tant qu’ils ne sont pas actifs, au plus on les devine via les bosses plus ou moins grosses et développées qu’ils dessinent (broussins).

Pour visiter le blog de Catherine Lenne et voir son livre 

24/12/2023 Cadeau de l’Avent : la mousse de renne

Tout le monde a entendu dure que les rennes se nourrissent en hiver essentiellement de lichens qu’ils trouvent en grattant la neige avec leurs pieds élargis. Parmi leurs lichens préférés figurent des cladonies en forme de mini-buissons en boules très ramifiés dont une espèce appelée la cladonie des rennes ; son nom latin Cladonia rangiferina vient de Rangifer, le renne en latin.

Mais saviez-vous que ce lichen existe chez nous, en plaine ? Il habite des sites rocheux ou sableux au sol acide dans des ambiances assez humides, en tapis lâches du plus bel effet. En fait, il y en a plusieurs espèces très proches d’aspect et, sur mes photos, je ne garantis pas que ce soit effectivement « le » lichen des rennes ! Comme autrefois, on avait du mal à cerner qui étaient des lichens, on les rattachait aux mousses, nom fourre-tout pour regrouper tous les « végétaux inférieurs » : d’où ce surnom de mousse de renne… sauf que les lichens ne sont pas du tout des végétaux mais … des champignons.

Voir la chronique ci-dessous si vous voulez en savoir plus.

26/12/2023 Cadeau de l’Après : le petit houx

Pour décorer les intérieurs lors des fêtes de fin d’année, les stars naturelles sont le gui et le houx. Mais, à la campagne, on utilise aussi un arbrisseau forestier : le petit houx ou fragon.

On l’a qualifié de houx car il a lui aussi un feuillage persistant et épineux et des fruits charnus rouge vif ; « petit » renvoie à sa taille : en touffes de moins d’un mètre de haut. Pour le reste, le petit houx n’a strictement rien à voir avec le « grand » : il est proche cousin des … asperges !

Notez ses fruits rouges accrochés directement au beau milieu des « feuilles » ?! En fait, ce sont des tiges aplaties en forme de feuilles épineuses : des cladodes ! Mot savant certes mais intriguant et qui sonne bien !

Attention : à récolter avec extrême modération ; quelques tiges au maximum !

Chroniques à savourer sur les secrets du petit houx.

27/12/2023 Image décalée des temps nouveaux !

Trois petites abeilles solitaires (voir la chronique) qui butinent des capitules de pissenlits, barbouillées de pollen : quoi de plus banal ? Il manque un détail clé : photo prise ce dimanche 24 décembre, veille de Noël ! Certes les pissenlits, depuis toujours, fleurissent en petit nombre même en plein hiver. Par contre, de mémoire de naturaliste « ancien », je n’avais jamais vu des abeilles solitaires en activité à une telle période. Normalement, elles sont en hibernation profonde. Leur sortie en plein hiver traduit bien le dérèglement climatique : nous sommes en train de vivre un mois de décembre bien au-dessus des normes classiques en température moyenne. Ce dérèglement des calendriers de vie des vivants peut avoir des répercussions sur les populations des espèces touchées ; négatives ou positives pour leur succès reproductif : l’avenir le dira ! Ce qui est sûr c’est que le grand chamboulement général est en marche, … euh plutôt en course accélérée !

Chronique sur les abeilles solitaires

28/12/2023 L’attrape-poils

La nuit, le blaireau circule sur un grand territoire en empruntant toujours les mêmes chemins à travers prés, bois, vergers et friches et le long des lisières et haies. A force de piétiner, vu son poids (12 kg en moyenne) et ses pieds larges de plantigrade, il trace des pistes ou coulées, facilement repérables dans le paysage.

Ici, cette coulée se trouve tout près d’un terrier et passe juste sous un barbelé assez bas : maître tesson doit passer en rampant dessous. Un coup d’œil aux pointes du barbelé juste au-dessus et bingo, voilà la signature du blaireau : des poils raides clairs et noirs typiques.

Si vous vous promenez avec des enfants, montrez-leur de tels passages et cherchez avec eux s’il y a des poils ! Attention, ce peuvent être aussi des poils de lièvre ou de renard ! Récoltez en quelques-uns pour les observer de retour à la maison : succès garanti !

En dessert, une chronique sur les terrassements des blaireaux en forêt

29/12/2023 Fleurs sèches … à identifier

En plein hiver, à part des refloraisons épisodiques (plus fréquentes avec la crise climatique), et de rares espèces à floraison naturellement hivernale (comme les hellébores), l’amateur de fleurs sauvages reste sur sa faim. Mais de nombreuses plantes ayant fleuri en été/automne persistent sous forme de tiges fleuries séchées sur pied : les identifier est assez facile pour des espèces aux caractères bien typés.

Prenons celle-ci croisée en forêt. Fleur sèches réduites aux calices un peu ventrus et à deux lèvres ; fleurs en longs épis dressés, toutes tournées du même côté ! Feuilles opposées, ridées en surface sur une tige carrée. Avec tous ces détails, une seule espèce possible : je vous laisse la découvrir dans cette chronique. Même sèche, elle fait un très beau sujet de photo !

NB j’ai fait un essai avec Plant ’net : il m’a proposé en premier (30% de fiabilité) … la bonne solution !

30/12 Une nano-forêt hivernale rouge vif

En hiver, les lichens profitent de l’humidité ambiante pour se reproduire. C’est le cas des cladonies, groupe comptant des dizaines d’espèces. Leurs « fausses-tiges » dressées aux formes variées composent des nano-paysages extraordinaires comme les toundras de buissons en boules des lichens des rennes, vus récemment.

J’ai trouvé cette colonie de cladonies dans une ancienne carrière sur le sol caillouteux. Les fausses-tiges trapues portent à leur sommet des petites coupes (apothécies) : ce sont les organes reproducteurs du champignon qui compose ce lichen.

Si on s’allonge pour se mettre à leur hauteur, on découvre un nano-paysage insensé : une forêt d’arbres- trompettes avec, cerises sur le gâteau, des apothécies rouge carmin du plus bel effet ! On dirait de succulentes pralines rouges !

Chronique pour découvrir la diversité des cladonies.

31/12 Un chapelet de graines de gui pour l’an neuf !

Sur une touffe de gui d’un peuplier tombé à terre, ce long fil de « glu » accroché à une feuille avec, au bout, une graine de gui. Une grive draine, la plus grosse de nos grives, a dû manger des « baies » dont elle est la principale consommatrice. Elle les avale tout entières. En passant dans son tube digestif, une partie de la pulpe est digérée et le reste est rejeté, dont la glu qui enrobe la graine. Quand la grive fait ses besoins, cela donne un long fil qui, en tombant, s’accroche au premier obstacle venu. Ainsi, avec un peu de chance, la graine pourra se retrouver collée sur une branche, germer et donner une nouvelle touffe de gui !

Une photo géniale de l’ami Bernard Rubod alias Bernie67 :  une grive draine posée juste au-dessus de son « forfait digestif », une guirlande de graines engluées !

Pour en savoir plus sur la dispersion du gui