Cette chronique regroupe toutes les Brèves quotidiennes (sauf le week-end) publiées pour la première moitié de Février sur mon compte FaceBook, dédié à Zoom-nature, accessible au Public :  Brèves de nature.

 Ce sont des mini-chroniques quotidiennes à partir de photos prises au cours de mes balades et qui traitent de la biodiversité très ordinaire. Quand le sujet évoqué est traité sur mon site, j’ajoute un lien vers une chronique.

01/02 Le gros mot du jour : abroutissement

Oui, abroutissement avec un O devant le U ! On appelle ainsi l’action des grands herbivores (sauvages ou bétail) quand ils broutent des arbustes bas ou de jeunes arbres de manière répétée. Sous l’effet de cette taille drastique, l’arbuste se densifie en grosses tiges courtes serrées ; sa silhouette devient ramassée en boule. On peut dire qu’il est un abrouti !

Ici, des ânes ont abrouti ces jeunes ormes par-dessus la clôture. Dans la nature, on observe ce phénomène en forêt dans les coupes et clairières où cerfs et chevreuils, surtout au printemps, broutent les jeunes pousses tendres, comme sur ce chêne.

Chêne abrouti par des cervidés

Dans cette chronique découvrez comment certains arbres se protègent de cet abroutissement en trouvant refuge auprès de … nounous providentielles !

02/02 Mystérieux ronds verts : on ne nous dit pas tout …

En hiver, dans les prés, on peut repérer d’étranges figures : des cercles réguliers d’herbe drue vert foncé, de plusieurs mètres de diamètre. On les repère plus facilement de loin via le contraste de vert et la densité différente de l’herbe.

Non, des soucoupes volantes n’ont pas atterri ici ! Ce sont des ronds de sorcière ou cercles de fées ! Ils sont dus à un champignon : dans le sol, il développe un feutrage de filaments, le mycélium, qui interagit avec l’herbe en modifiant sa croissance. Le plus souvent, dans les prés, il s’agit du Marasme des Oréades ou « pied dur », excellent comestible, délicieux en omelette ! Il faudra attendre l’été pour que les champignons émergent du mycélium : ils se localisent alors strictement sur le pourtour du cercle !

Découvrez tous les secrets fascinants de ces ronds de sorcières ainsi que toutes les histoires folkloriques qui leur sont attachées (dans une seconde chronique en lien).

05/02 Les perles magiques de la petite alchémille

Certaines plantes, par temps très humide, « transpirent » de l’eau en excès, rejetée par des pores spécialisés au bord des feuilles (guttation). Cette eau s’accumule en grosses gouttelettes qui font penser à de la rosée (qui elle vient de l’atmosphère et pas de la plante). La localisation des gouttes au bout des pointes des lobes permet de faire la différence avec la rosée.
Les alchémilles sont des spécialistes de la guttation d’où leur ancien nom de porte-rosée. Autrefois, les alchimistes étaient persuadés que cette eau céleste (selon eux) les aiderait à fabriquer la pierre philosophale capable de transmuter le plomb en or : d’où ce nom d’alchémille.


Ici, c’est la minuscule alchémille des champs, une espèce proche des alchémilles montagnardes aux feuilles arrondies bien plus grandes. Elle pousse en plaine sur les sols granitiques ou sableux et vient de sortir ses feuilles.

06/02 La coccinelle, le panicaut et le hasard

Sur un coteau, contre une clôture, des amas de plantes sèches : des chardons Roland ou panicauts champêtres. En fin d’été, les tiges sèchent sur pied avec les têtes florales chargées de fruits secs. En automne, elles pourrissent au ras du sol et les touffes se détachent ; le vent les roule ce qui assure au passage la dispersion des fruits … jusqu’à butter sur un obstacle !
Les feuilles sèches se décomposent en dentelle. J’en ramasse une au hasard pour en faire la photo ; et là, surprise : trois Coccinelles des friches (Hippodamia variegata) en pleine hibernation, calées dans un creux ! Certaines observations relèvent vraiment du hasard total !
Pour savoir pourquoi on appelle le panicaut chardon Roland, voir cette chronique.

07/02 Fleurs du noisetier : la face B

Tout le monde sait que le noisetier fleurit en hiver avec ses délicieux chatons pendants d’un beau jaune. Quand on les secoue, ils libèrent un abondant pollen, produit par les étamines de leurs nombreuses fleurs. Sous la loupe, on découvre que ce sont uniquement des fleurs mâles : elles n’ont pas d’ovaire (organes femelles qui donnent les fruits).

En fait, le noisetier a bien des fleurs femelles mais « ailleurs ». Pour les voir, il faut observer les rameaux à chatons de près : de ce qui ressemble à un bourgeon, on voit sortir des pointes charnues rouges, les stigmates capteurs de pollen. Chaque faux-bourgeon renferme 3 ou 4 fleurs femelles : si elles sont fécondées par du pollen transporté par le vent (ou les insectes aussi), elles donneront chacune une noisette. C’est pour cela que les noisettes vont par 3 ou 4 !

Voir la chronique sur les arbres à chatons dont le noisetier et sa pollinisation.

08/02 Adventices : bleuet ou coquelicot ?

Les adventices sont les ex-mauvaises herbes (le pire nom qu’on ait pu trouver ! voir la chronique), ces plantes sauvages qui vivent dans les cultures.

Dans ce champ bio (pas un champ FNSEA !), deux adventices ont émergé en masse. Les plantules vert foncé, par milliers, sont des pensées des champs, une espèce encore assez commune (voir la chronique).

Pensées des champs (avec des rosettes finement découpées de Matricaire inodore)

Les autres en larges rosettes sont celles d’une adventice populaire, facile à reconnaître … quand elle est en fleurs. Les feuilles centrales finement velues ont capté des gouttes de brouillard (ce n’est pas de la guttation !) pour le plaisir des yeux … que cette plante médicinale soigne bien ; on la surnomme casse-lunettes !

Alors, bleuets ou coquelicots ? La réponse demain. Pour vous aider, voir la brève suivante !

09/02 Des tripes au menu du jour

Quelques espèces de lichens ont un aspect si singulier qu’on peut les reconnaître facilement.

Sur ces rochers granitiques en Auvergne (500m d’altitude), vit un gros lichen en colonies étendues sous forme de grosses plaques, Lasallia pustulata. De loin, il n’attire pas la sympathie avec sa teinte sombre. Mais, de près, s’il est humidifié, il offre un festival de micro-scènes qui me font penser à un paysage volcanique (paréidolie !).

Son nom populaire de tripe de roche indique que cette espèce a été consommée (ainsi que d’autres proches) par diverses ethnies amérindiennes comme aliment de survie en période de famine ! Par ailleurs, son aspect rappelle bien certains des éléments qui composent les tripes !

Réponse pour hier : le Bleuet !

Voir les 3 chroniques consacrées à la vie de ce lichen (liens à l’intérieur)

12/02 Les pots (de chambre) du blaireau !

En bordure d’un chemin, ces trous creusés les uns à côté des autres intriguent. Au fond de presque chacun d’eux, un gros « paquet » d’excréments ! Ce sont les toilettes du « tesson.

Eh oui, le blaireau est un animal très propre sur lui ; il ne dépose pas ses excréments près de son terrier comme peut le faire le renard mais à distance, dans des trous qu’on appelle des pots. Il les creuse le long des chemins qu’il parcourt chaque nuit à la recherche de sa nourriture. Ces latrines lui servent aussi à marquer son territoire ; difficile de les manquer : pas besoin d’avoir un odorat très fin ni une vue perçante !

Son régime plutôt omnivore transparaît dans ses selles molles et généreuses ! En été, on y observe souvent des noyaux de cerises ou des élytres de bousiers par exemple.

Retrouvez la vie du blaireau et ses terriers dans cette chronique

13/02 Éclaté façon puzzle !

Les troncs de conifères morts tombés au sol se décomposent très lentement. Souvent, le bois se fragmente en une multitude de morceaux découpés comme des cubes d’un brun foncé et tout secs. On parle de pourriture cubique ou pourriture brune.

Cette transformation est due au travail des filaments (mycélium) de champignons spécialisés « mangeurs de bois ». Ils arrivent à dégrader une partie des composants du bois dont la cellulose qu’ils transforment en sucres nourriciers. Par contre, un élément leur résiste : la lignine, la substance chimique qui durcit le bois et le colore en brun. La rupture des longues molécules de cellulose provoque l’éclatement du bois selon des lignes transversales : d’où les petits cubes !

Retrouvez tout le processus de décomposition du bois mort par les champignons dans cette chronique

14/02 Le cimetière des élé…….

Sur les coteaux calcaires, en hiver, on trouve de nombreuses coquilles vides d’escargots morts au cours des saisons précédentes : occasion idéale pour faire l’inventaire des espèces présentes.

Une espèce y est fréquente : l’élégante striée ; très facile à reconnaître avec sa coquille conique finement « grillagée » et son ouverture ronde. Cet escargot est unique en son genre chez nous puisqu’il possède un opercule sur son pied qui lui permet de fermer l’entrée de sa coquille quand il s’y rétracte. Exactement comme les bigorneaux marins : vous savez le petit couvercle qu’on doit enlever avec une pique ! Figurez-vous que l’élégante striée est effectivement une très proche parente des bigorneaux marins qui s’est adaptée à la vie en milieu terrestre.

Découvrez les nombreuses bizarreries de cet escargot hors normes dans cette chronique.