Cette chronique regroupe toutes les Brèves quotidiennes (sauf le week-end) publiées pour la première moitié de Janvier sur mon compte FaceBook, dédié à Zoom-nature, accessible au Public :  Brèves de nature.

 Ce sont des mini-chroniques quotidiennes à partir d’une ou deux photos prises au cours de mes balades et qui traitent de la biodiversité très ordinaire. Quand le sujet évoqué est traité sur mon site, j’ajoute un lien vers une chronique.

02/01/2023 Des feuilles mortes qui ne lâchent rien

Vous les avez forcément déjà repérés ces chênes, hêtres ou charmes qui, en plein hiver, portent encore tout ou partie de leur feuillage, complètement sec, alors que leurs voisins ont depuis longtemps tout largué en fin d’automne. C’est la marcescence : mot dérivé d’un verbe latin qui signifie se flétrir. Ce comportement ne concerne que certains individus et, selon les cas, tout l’arbre ou seulement une partie. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces feuilles « mortes » sont solidement attachées : secouez vigoureusement une branche marcescente et pas une feuille ne se décroche ! En fait, l’arbre « retient » de manière active ses feuilles sèches et ne va les lâcher qu’au printemps quand les bourgeons vont débourrer et donner de nouvelles feuilles.

Mais alors, à quoi ça leur sert et pourquoi certains et pas tous ? Vous aurez toutes les réponses à ces grosses questions existentielles dans cette chronique .

03/01/2024 Flash-back de 50 ans !

Un pic noir sur un chêne dans le bocage auvergnat (28/12) : image de piètre qualité mais là n’est pas le but ! Image banale pour de jeunes naturalistes : le plus grand de nos pics est répandu dans une grande partie de la France et s’observe assez facilement.

Mais, pour un naturaliste, disons plus âgé, comme moi, cette image a un tout autre sens. Elle me ramène 50 ans en arrière quand, jeune « ornitho » (passionné d’oiseaux), je parcourais la forêt de Tronçais (03) pour tenter de voir le …pic noir, alors une rareté qui faisait rêver !!! En effet, jusqu’en 1950, le pic noir était exclusivement montagnard et à partir des années 1960, il a commencé à gagner les forêts de plaine et a colonisé le pays de manière accélérée à partir de 1975. Comme quoi la répartition des espèces bouge parfois très vite et pas forcément dans un sens toujours négatif !

Voir la chronique sur le rôle des pics dans les milieux forestiers, dont le pic noir

04/01/2024 Le gros mot du jour : paréidolie

Régulièrement, je vous soumettrai un mot peu connu (de moi en tout cas !) ayant un lien avec la nature. Aujourd’hui, Paréidolie : de para, à côté et eïdolon, apparence. C’est un biais de notre cerveau, sans cesse en activité dans la nature, une sorte d’illusion sensorielle : il assimile un détail d’un paysage (ou un son) à une forme familière : « ça me fait penser à … » « oh, on dirait un(e) … ». Cette activité mentale qui paraît anodine correspond à un besoin inné de l’humain de créer du sens sur tout ce qu’il perçoit ; elle a sans doute permis à nos ancêtres chasseurs-cueilleurs de détecter rapidement une présence ou de se donner des repères visuels.

En voici une que j’aime beaucoup sur un tronc pourrissant d’une vieille trogne de saule. Moi, j’y vois le crâne d’un Créodonte, ces grosses bêtes carnivores qui vivaient entre – 40 et – 20 millions d’années !! (Cliché crâne : Ghedo ; Dom. Pub)

Et vous, vous y voyez quoi ou plutôt qui ?

05/01/2024 Mini demoiselles coiffées


Sur un talus argileux et sableux d’une allée forestière, mon regard a été attiré vers ces micro-reliefs : des dizaines de micro-colonnes de terre coiffées chacune d’un gros gravier. Ça ne vous rappelle rien ? … Ce sont ni plus ni moins des modèles miniatures de cheminées de fées ou demoiselles coiffées : ce sont des colonnes, parfois très hautes, de roche meuble très tendre, surmontées d’un bloc de roche dur et dégagées par le ruissellement. Ici, mêmes causes, mêmes effets mais à une échelle toute autre (1 à 2cm). Par contre, celles-ci sont très fragiles et ne durent pas longtemps !
Là on ne peut pas parler de paréoidolie (souvenez-vous, le gros mot d’hier) car c’est plus qu’une ressemblance d’apparence : c’est une vraie correspondance !

06/01/2024 Fait d’hiver reconsidéré

Au bord d’une route de campagne, cette triste scène d’un blaireau heurté par une voiture. On entend alors généralement dire « les animaux sauvages se font écraser parce qu’ils traversent les routes où circulent les voitures ». On oublie un détail historique : l’Humain s’est approprié tout l’espace naturel (domaine public ou privé, c’est pareil) au sens où il se considère chez lui et comme seul maître légitime, libre d’y faire ce qu’il veut selon ses propres lois. Or, ceci est en fait une expropriation brutale sans tenir aucunement compte de tous ceux qui y habitaient avant son arrivée : le Vivant, les Non-humains.

Autrement dit, la vraie histoire est celle-ci : les animaux sauvages se font écraser par les voitures des Humains qui traversent leurs territoires sans précaution ! C’est la route qui traversait le territoire de circulation de ce blaireau et pas l’inverse. C’est à nous de faire attention et pas à eux !

Voir la chronique sur l’attraction des bords d’autoroutes pour les carnivores

07/01/2024 Des graines faux-fruits et un gros mot

Sur un talus, une touffe d’iris fétide, espèce sauvage des sols calcaires. Fétide à cause de l’odeur désagréable des feuilles si on les froisse. Mais ce qui attire le regard, ce sont les beaux « fruits » rouge corail au bout des tiges sèches.
De plus près, on voit qu’il s’agit de capsules sèches, ouvertes en 3, comme celles des iris des jardins : le vrai fruit, au sens botanique. Les grains rouges, bien rangés, sont les graines entourées d’une peau un peu charnue, rouge vif : un arille (gros mot sympa à retenir !). Cet arille leur donne l’aspect de petits fruits charnus. Ils attirent les oiseaux frugivores qui les consomment et dispersent ces graines dans leurs excréments.
Pour en savoir plus sur cet iris sauvage assez répandu, voir la chronique.

08/01/2023 Réactiver le Cro-Magnon enfoui en nous

Le village de St Myon (63), en Limagne auvergnate, abrite des sources minérales ; l’une d’elles, la source Desaix sort dans un local ouvert au public. Là où l’eau minérale coule (griffon), se forment des dépôts de couleur rouille, créés par des bactéries filamenteuses.

Récemment, j’y suis allé avec Tom, 11 ans. A peine entré dans le local, il s’est précipité sur le griffon, a plaqué une main, doigts écartés, sur la « rouille » gélatineuse et a été l’appliquer sur le mur, créant ainsi ce que les Préhistoriens appellent une main positive. Il n’a pas cherché à dessiner je ne sais quel tag ou dessin « moderne » avec ses doigts enduits !

Je me dis que cette réaction « instinctive » représente peut-être une résurgence de notre passé de « peintres des cavernes » ! Les scientifiques s’accordent pour penser que nombre de nos comportements ont conservé des traces de cette histoire ancienne comme notre goût prononcé pour « le bâti en pierre » : c’est l’hypothèse des falaises urbaines, un sujet passionnant à découvrir dans cette chronique.

09/01 En-dessous du miroir

Cette superbe photo vient de mon frère ainé Roland, grand randonneur (voir Facebook : Chopinette Randos). Ce reflet d’un chêne m’inspire une réflexion (!) : il suggère sa « partie cachée », « son iceberg immergé », son système racinaire … invisible. En moyenne, les racines s’étalent autour du tronc dans un rayon équivalent à 2 à 3 fois celui de sa cime ou une fois et demi sa hauteur. Certaines racines peuvent aller jusqu’à 30m du tronc.
Pour autant, ce reflet est un mirage de l’esprit car l’architecture réelle des racines d’un chêne est complètement différente de celle des parties aériennes comme le montre le schéma tiré de l’excellent livre de C. Drénou (Les racines ; ed. IDF). Les racines les plus profondes ne vont guère au-delà de quelques mètres ! Un chêne de 150 ans prospecte un volume de sol entre 70 et 750 m3.
Voir la chronique sur le rôle des racines des arbres par rapport à l’eau.

10/01 Renaissance d’une murette

L’écrasante majorité des constructions humaines sont néfastes pour l’environnement. Les murettes de pierre sèche sont une exception notoire dès lors qu’elles sont construites en pierres locales … ce qui était strictement le cas autrefois. Empreinte carbone très limitée : pas de ciment ; que des pierres déjà séparées récupérées sur place, … En plus, elles sont d’extraordinaires refuges pour la biodiversité animale et végétale (voir la chronique).

Malheureusement, leur longévité est limitée à cause des mouvements de sol, des racines des arbres qui poussent les pierres, … Alors, saluons toutes les initiatives visant à les restaurer comme celle-ci sur la commune d’Artonne (63) : cette murette, complètement écroulée, a été restaurée sous la direction éclairée du murailler-formateur Jérôme Chevarin. Bel ouvrage !

11/01 Demain se prépare aujourd’hui

J’ai une bonne nouvelle : malgré le froid (sibérien, polaire, jamais vu, … !), le printemps se prépare … en catimini. En bordure d’un champ cultivé, des rosettes toutes fraîches : elles ont émergé en fin d’automne, consolidé leur racine pivot, fabriqué des réserves … Elles attendent les beaux jours, pour produire tige, feuilles et fleurs : cycle typique de plante annuelle.
OK mais de qui s’agit-il ? Vous les connaissez forcément ces incontournables du printemps mais pas forcément via leurs premières feuilles ! Des Coquelicots ! Photo 1 : rosettes vert tendre = Grand Coquelicot, le très classique ; photo 2 : rosettes un peu bleutées, moins découpées = C. douteux, très commun lui aussi mais méconnu.
Vous saurez tout sur ces deux Coquelicots grâce à cette chronique.

12/01 Le gros mot du jour : oothèque

Sur ce jeune noyer, cette « chose » collée est une ponte de mante religieuse, une oothèque (de oo = œuf et thêkê, lieu de dépôt, comme dans bibliothèque).

Les femelles les déposent en fin d’été, avant de mourir, souvent des murs bien exposés, des troncs, des barrières, … Quand elles expulsent leurs œufs, en même temps, elles émettent une mousse liquide contenant des protéines et de tannins qui durcissent à l’air libre. Les œufs se retrouvent enfouis dans cette coque. Ainsi la ponte va passer tout l’hiver protégée des intempéries, des prédateurs et des guêpes parasites. Les œufs vont éclore au printemps.Chez les insectes, on trouve ces oothèques chez les mantes et chez les blattes : logique, elles sont très apparentées !

A lire en complément une chronique sur la coloration des mantes religieuses