Le coteau de Châteaugay en automne vu en direction de la chaîne des Puys (le Puy-de-Dôme dépasse au fond)

30/01/2022 La colline de Mirabel forme une butte culminant à 560m d’altitude au puy de Marcoin et surplombe la plaine de Limagne (350m) entre les villes de Riom et Clermont-Ferrand. Coiffée par un vaste plateau volcanique, elle déploie ses versants pentus sur lesquels s’étale le vignoble de Châteaugay. Le nom Mirabel vient de l’occitan mirar, regarder et bel pour signifier une vue dégagée : depuis les pentes et le rebord, on bénéficie de belles envolées paysagères vers la plaine de Limagne avec les pistes Michelin et l’agglomération de Clermont-Ferrand.

La plaine de Limagne en contrebas avec les pistes Michelin comme repère

Ce vaste site à cheval sur cinq communes s’inscrit dans les Espaces Naturels Sensibles du département (voir la chronique sur ce dispositif) : il héberge une biodiversité remarquable (orchidées, papillons, oiseaux, …) grâce une grande diversité paysagère. 

En bas les cultures et les vignes et en haut friches, pelouses et bois

Divers circuits ont été aménagés pour la découverte de tous ces milieux dont des circuits de découverte. Le circuit que nous proposons ici part du village de Châteaugay, monte sur le versant de la colline en effleurant le vignoble puis parcourt la chaux de Champ-Griaud, un petit plateau volcanique au paysage surprenant, « exotique », chargé d’histoire. Le fil rouge de ce circuit sera d’une part les murettes et autres constructions en pierre volcanique et les essences dominantes d’arbres : des thèmes adaptés à la saison hivernale. 

Dans le texte, les numéros renvoient au plan joint pour situer les sites. La description détaillée du circuit est associée au plan dans le pdf à télécharger.

Relief inversé 

Avant d’entamer la balade, une petite présentation géologique s’impose afin de comprendre ce qui va défiler sous vos yeux. Il y a environ 16 millions d’années, une large coulée volcanique venue de l’Ouest (soit bien avant le volcanisme très récent de la chaîne des Puys voisine) a recouvert une épaisse couche de calcaires marneux (argiles calcaires) et calcaires, issue de la sédimentation au fond du grand lac tropical de Limagne qui a fonctionné entre – 37Ma et – 18Ma. Cette coulée de lave, épaisse de 20 mètres, est devenue une carapace résistante à l’érosion tandis que les bords ou les zones fracturées ont été profondément entamés par l’érosion très active dans les marno-calcaires très tendres, juste en dessous. Ainsi, progressivement, l’emplacement de la coulée est devenu un plateau surlevé, fragmenté en trois unités par un jeu de failles ; il s’est retrouvé en hauteur par rapport aux calcaires périphériques creusés que l’on retrouve sur les versants et dans toute la plaine en forme de vaste cuvette. On parle de relief inversé, une situation classique en Limagne que l’on retrouve par exemple au plateau de Gergovie ou à la Montagne de la Serre. 

La chaux de Champ-Griaud est l’un de ces plateaux fait d’une roche volcanique très sombre et dure, une basanite, une variété de basalte pauvre en silice. Le terme de chaux désigne un plateau volcanique correspondant à d’anciennes coulées basaltiques ; ce terme dérive du mot auvergnat chau qui désigne un plateau dénudé ou une lande inculte ; un peu plus à l’ouest, on trouve le plateau de Lachaud, une autre unité issue de la grande coulée. 

Sur les rebords du plateau, la coulée solidifiée s’est disloquée en gros blocs et une partie d’entre eux a été emporté vers le bas de la pente par la gravité et par les ravinements se mêlant en surface avec les marnes et calcaires en place en contrebas. 

Les vignes récentes sont concentrées sur les secteurs marno-calcaires plus favorables à cette culture

Les hésitations du vignoble 

Vignoble flamboyant en automne ; noter la plaine de Limagne au fond

Depuis le site des Caves, point de départ du circuit, le paysage s’ouvre devant nous vers l’ouest et le sud : en contrebas après une auréole de friches s’étend le vignoble (récent) des côteaux de Châteaugay ; tout au fond, dans la cuvette de la plaine de Limagne, les usines Michelin et l’agglomération clermontoise. Au-dessus, en remontant vers le sommet de la colline s’étend une zone boisée avec les tignasses rousses des chênes qui ont conservé leur feuillage sec (marcescent). Quelques petites vignes s’ouvrent çà et là des deux côtés du chemin de départ, noyées dans une matrice de friches, de pelouses naturelles et de boisements clairsemés. 

Les vignes montent jusqu’à mi-pente, de plus en plus clairsemées ; au-dessus s’étend la « forêt » dominée par les chênes et au sommet commence la chaux
En haut de pente, moins favorable, il ne reste que quelques petites vignes en activité, noyées dans la matrice de friches et bois

Là encore, une mise au point préalable s’impose quant à l’histoire de ce paysage dont nous avons trop tendance à penser qu’il est immuable. Si nous étions venus ici à l’âge d’or de la viticulture auvergnate, entre le 16ème et la fin du 19ème siècle, un tout autre paysage se serait offert à nos yeux : partout, à perte de vue, des vignes, rien que des vignes, devant, en haut et en bas : des milliers de petites parcelles délimitées par des murettes de pierre sèche souvent coiffées de colonies d’iris d’Allemagne qui les consolident ; pas de chênes mais des arbres fruitiers (amandiers, pêchers, figuiers, cognassiers, pruniers, …) ou des lilas ; une vraie ruche humaine en activité avec des centaines de cabanons de vignerons en pierre partout. La forêt de chênes se réduisait alors à un étroit liseré tout en haut sur le rebord du plateau sur les chaos d’énormes blocs. Quelques bosquets de robiniers plantés fournissaient les précieux piquets de vigne (voir la chronique sur le robinier et son bois imputrescible). Au début du 19ème, les trois quarts de la colline sont ainsi cultivés essentiellement en vigne. A la fin du 19ème/début du 20ème, plusieurs évènements sonnent le glas de cet âge d’or : l’irruption du phylloxéra, ce redoutable puceron responsable du dépérissement des vignes ; la première guerre mondiale ; l’industrialisation, … Le vignoble régresse et laisse place aux cultures en bas de pente et aux arbres fruitiers et pâtures à mi- pente ; les chênes reconquièrent les vignes abandonnées en haut de pente (moins favorables). Friches et bois s’étendent sur les versants imposant une fermeture des paysages.

Et puis, renversement de tendance, depuis les années 2000, une reconquête de la vigne s’amorce depuis les coteaux de Pompignat et de Châteaugay ; elle s’amplifie à partir de 2010 avec l’acquisition de l’appellation d’origine contrôlée Côtes d’Auvergne-Châteaugay.

La reconquête des ligneux efface même les constructions humaines

Les trois cartes ci-dessous extraites de la plaquette (2-Bibliographie) retracent très bien cette évolution du paysage sur deux siècles

Murettes de vignes (1-2)

Armés de ces deux données essentielles, la géologie et l’histoire humaine, partons nous frotter à ce paysage. Le chemin des Caves (1) commence à une altitude de 450m, soit 50m en contrebas du rebord du plateau qui suit la courbe de niveau 500m. Nous marchons sur des calcaires marneux mais avec beaucoup de blocs de basanite issus du démantèlement du bord de la coulée là-haut. 

Pierrier sur talus : la reconversion des murettes écroulées

Dès les premiers pas, les murettes en blocs de basanite s’imposent au regard, soutenant les talus comme de puissantes épaules sombres. Par endroits, on a ajouté du mortier calcaire pour les consolider mais avec le temps il se dégrade fortement et c’est tant mieux pour la faune et la flore qui colonisent ces murettes (voir la chronique la biodiversité animale des murettes). 

L’état général dégradé avec des écroulements en cours indique clairement que ces structures ne sont plus entretenues. Les arbres installés sur les sommets de murettes enfoncent leurs racines comme des coins qui, inexorablement, poussent les blocs patiemment empilés. Outre quelques arbres fruitiers abandonnés, témoins de l’histoire passée, les ormes colonisent massivement les sommets de murettes avec leur système racinaire drageonnant. Leur écorce fissurée peut les faire confondre avec des chênes mais l’absence de feuilles sèches et les fins rameaux terminaux avec de petits bourgeons ronds permettent de les distinguer.

Plus loin (2), une grosse colonie d’ailantes, espèce exotique invasive (voir la chronique) a conquis en masse les murettes, les menaçant d’écroulement. Mais, comme pour les robiniers (voir ci-dessous), les sécheresses à répétition semblent les défavoriser et les plus grands meurent sur pied. 

Une réhabilitation en cours sur une murette à gauche du chemin avec le dégagement du talus et la pose de gabarits permet de comprendre la complexité de la construction de ces murettes qui sont bien plus qu’un empilement de pierres : il faut respecter des règles strictes si on veut qu’elles assurent leur rôle de soutènement (voir la chronique sur la construction d’une murette) . En attendant, elles assurent parfaitement leurs rôles écosystémiques (voir la chronique) avec leur lot de plantes compagnes installées çà et là … à hauteur d’observateur ! 

Certaines murettes, complètement écroulées, ont retrouvé leur vocation de « clôtures de vignes » remises en service. Mais, ici, ce sont plutôt les vignes abandonnées qui dominent, plus ou moins visibles selon l’ancienneté de leur abandon. Dans l’une d’elles (2), récemment abandonnée, un jeune chêne pubescent pointe, annonciateur d’une reconquête inéluctable en l’absence de toute intervention. Une autre (1) est carrément devenue un bois de chênes pubescents où subsistent quelques ceps témoins. 

Le sentier des Chapelières (3)

Le sentier des Chapelières avec ses murettes réhabilitées : une vraie réussite !

La montée vers le plateau via le sentier des Chapelières récemment réhabilité permet d’apprécier la technologie de la construction des murettes de pierre sèche avec le matériau local, les blocs de basanite. Une large murette qui soutient le talus du côté en contrebas interpelle par sa puissance et son faîtage plat remarquable. Pour mieux appréhender la structure, il faut s’écarter latéralement du sentier pour voir l’imbrication des blocs pourtant extrêmement irréguliers par nature. Rappelons que pour construire un mur de pierre sèche, on ne retaille pratiquement jamais les pierres récoltées sur place : on cherche à chaque étape à trouver la pierre « juste » qui va s’emboîter au mieux avec celles déjà en place tout en veillant à respecter une contre-pente pour que le muret tienne bon (voir la chronique sur la construction). Très belle réhabilitation en tout cas et excellente initiative de faire revivre ce patrimoine bâti si proche du « pur naturel ». 

Une plante interpelle au long des murettes surtout sur le côté gauche en surplomb : on dirait un gaillet (voir la chronique sur le gratteron) avec des feuilles groupées par étages (verticilles) mais elles sont coriaces et teintées de rouge lie-de-vin ; les tiges accrochent au toucher. Il s’agit de la garance voyageuse, de la même famille que les gaillets (Rubiacées ; voir la chronique), une proche parente de la célébrissime garance tinctoriale.

Elle aussi a des racines teintées de jaune et rouge, gorgées d’alizarines, ces pigments qui donnent le rouge garance. Elle est très commune, voire dominante, dans cette partie de la colline où elle trouve sols et microclimats correspondant à ses exigences (voir la chronique). Mais son abondance ici ne doit pas faire croire qu’il s’agit généralement d’une espèce répandue : dans le Massif Central, elle est très localisée dans les vallées chaudes et dans des sites calcaires sur des versants sud. 

Pré-bois à chênes pubescents

La végétation a profondément changé depuis le début du circuit : plus de vignes ni de friches ; nous sommes désormais dans une forêt claire dominée par des chênes bas espacés avec un sous-bois herbeux dense ; on parle de pré-bois, un milieu forestier qui correspond à la reconquête de la chênaie sur les zones abandonnées depuis maintenant au moins 70 ans. Imaginez un instant qu’ici même, il y a un siècle et demi, la vigne régnait en maître absolu ! L’espèce de chêne qui domine n’est pas banale : il s’agit du chêne pubescent, une essence des coteaux secs et chauds que nous allons découvrir.

Chêne pubescent
Arrivée au sommet du sentier des Chapelières : une superbe cépée de chênes s’appuie sur la murette

Chênaie pubescente (4)

Juste après le sentier des Chapelières, la remontée vers le plateau se poursuit dans la forêt de chênes

Le sentier (4) finit de remonter la pente, encadré par des pierriers moussus imposants. Au débouché du sentier des Chapelières, un bois de robiniers faux-acacia moribond nous rappelle lui aussi l’histoire ancienne du coteau ; avec les sécheresses répétées, comme les ailantes, il tend à accuser une forte mortalité. Des touffes d’iris d’Allemagne persistent au sommet de vieilles murettes, autres témoins de la vie quotidienne des vignerons d’antan qui les cultivaient autant pour consolider les murettes qu’utiliser leurs rhizomes comme ressource médicinale et cosmétique. 

Ici, le pré-bois devient une vraie forêt entièrement dominée par les chênes pubescents. On les reconnaît de loin à leurs troncs très sombres écailleux qui leur valent le surnom de chênes noirs dans le sud-ouest. Le critère décisif porte sur les feuilles dont le revers porte un revêtement duveteux dense blanchâtre (pubescence) d’où son autre surnom de chêne … blanc dans le sud-Est ! Mais en hiver, même sur les feuilles sèches persistantes (feuillage marcescent), ce revêtement a disparu. Son tronc assez bas et souvent tortueux est une autre constante de l’espèce, surtout ici, sur ce substrat de gros blocs moussus avec un sol squelettique. Le port de certains d’entre eux aux troncs multiples ou fourchus près de la base indique clairement qu’il s’agit d’arbres taillés autrefois en têtards (voir la chronique) pour fournir du bois de chauffage. L’ambiance forestière ombragée permet le développement, malgré le climat chaud et sec, de fougères comme le polypode ou la doradille noire visibles même en hiver, tout comme la garance voyageuse omniprésente en sous-bois en colonies étalées en mode guérilla (voir la chronique sur la garance).

Sur la droite, une trouée attire l’attention avec un chêne couché en travers. En s’approchant (attention danger pour les chevilles !), on découvre que les racines avaient entouré des blocs et que l’arbre reposait en quelque sorte posé sur ces rochers ! A côté, un autre très ancien a été cassé en hauteur et arbore trois énormes polypores, des phellins mangeurs de bois mort. De sacrés réservoirs de biodiversité pour les insectes xylophages vivant dans le bois mort. 

Scène de « forêt presque naturelle » non exploitée avec son lot de bois mort … plein de vie

Sur les blocs, outre les tapis de mousses, on peut observer de superbes parures de lichens hautes en couleurs. Certains pans de murettes semblent avoir été décorés par un artiste inspiré

Chaux 

Piste « pavée » de blocs à l’arrivée sur le plateau
L’étroit sentier (5) invite à s’enfoncer dans la chaux

La piste (4) devient de plus en plus pierreuse, comme pavée de gros blocs : les chevilles souffrent ! Brusquement, nous quittons la chênaie dense pour un paysage radicalement différent : nous voici sur la chaux de Champ-Griaud. Quelques dizaines de mètres plus loin, nous quittons cette grande piste pour « entrer » dans la chaux (5).

Zone boisée avec ses cépées de chênes tortueux ; le givre apporte sa note de fraîcheur !

Désormais, nous avançons dans un paysage mosaïque très changeant : des cépées tortueuses de très vieux chênes pubescents aux formes extravagantes parsèment les étendues herbeuses ; partout des murettes informes moussues  ou des tas de blocs parfois imposants aux formes géométriques : sans doute des pierriers construits par les bergers pour épierrer les zones pâturées et améliorer ainsi la qualité des pacages ; des massifs bas et ramifiés de prunelliers couverts de lichens (évernies du prunier) indiquent que des troupeaux ont dû pâturer ici ; de grands églantiers alternent avec des bouquets de genêts à balais au milieu d’étendues de hautes herbes sèches et denses (du brachypode penné essentiellement) ; quelques grands frênes attestent de la proximité d’une nappe phréatique dans ce milieu très sec en été. 

Murettes-pierriers moussues et tachées de lichens en bordure

Sur la droite, à une dizaine de mètres du sentier, un tas de pierres bizarre : allons voir de plus près. Il s’agit de vestiges d’une ancienne cabane de berger qui date du 19ème siècle ; on les surnomme tsabanas dans la région. Si vous avez l’esprit aventureux, explorez ainsi les abords du sentier ou partez sur les autres sentiers qui figurent en vert (9) sur la carte (ils existent tous et sont assez bien tracés) : vous risquez de croiser d’autres tsabanas puisque onze d’entre elles y ont été recensées. Personnellement, j’en connais plusieurs autres dont une qui a conservé son toit en voûte sans aucune charpente mais difficile à trouver vers l’extrémité nord du plateau. 

Après avoir laissé un sentier à gauche à une fourche, on poursuit la progression sur la chaux toujours changeante et avec son défilé de vieux chênes bas et branchus en tous sens. On arrive à la hauteur d’une ancienne cabane dont le porche en pierre de Volvic taillée est resté en place. Passer devant le porche et rejoindre sur la droite le grand chemin (6) balisé (papillon jaune). Là, on peut aller à gauche en suivant le sentier balisé jusqu’à une table de lecture consacrée au pastoralisme et revenir sur ses pas pour repartir vers Châteaugay : ce secteur est particulièrement riche floristiquement au printemps car il conserve des pelouses sèches étendues. 

Une autre histoire 

Grande clairière entretenue par le pâturage ; si les troupeaux disparaissent, le paysage se refermera inexorablement
Juste à côté, les ormes gagnent du terrain

Tous ces vestiges et indices indiquent que là aussi le paysage a connu de profondes transformations après l’abandon de pratiques agricoles. Ici, ce n’est pas la vigne qui impose son tempo mais le pastoralisme ovin. Dès le Néolithique, il semble bien que des hommes aient occupé le coteau et le plateau pour y faire pâturer des troupeaux.  A l’époque romaine, le plateau était habité avec des vestiges de voie romaine. Au 19èmesiècle, le plateau était entièrement dédié au pâturage avec un paysage très dénudé et seulement des arbres isolés taillés en cépées et des pierriers servant de limites de parcelles et de clôtures. On a du mal à imaginer l’intensité de l’activité humaine qui devait animer ces lieux où la vue portait loin.

Certains pierriers atteignent des tailles imposantes, fruits de centaines d’années d’épierrement des parcelles

A partir des années 50-60, ce pâturage a été abandonné et très vite les ligneux ont repris leurs droits. Pour conserver les zones encore ouvertes en pelouses sèches (et riches en biodiversité originale), on a cherché récemment à rétablir le pâturage ovin avec deux troupeaux de brebis venant de fermes situées sur Marsat et Riom. Le conservatoire des espaces naturels relie ou reconstitue les clairières herbeuses par des opérations de débroussaillage afin de faciliter la circulation des troupeaux. Sans ces interventions, le plateau deviendrait une forêt hétéroclite très fermée avec juste quelques petites clairières. 

Repartons donc en direction du coteau vers le sud (6). Les ormes participent aussi grandement à la colonisation aux côtés des chênes ; curieusement, ici, ils semblent indemnes de la graphiose cette maladie due à un champignon qui les décime en plaine. Le large chemin semble dallé par moments comme si les hommes avaient agencé les pierres ? Les tonsures des moutons entretiennent des pelouses rases très fleuries d’annuelles au printemps avec des espèces rares. Par endroits, de grandes flaques d’eau occupent toute la largeur du chemin avec des touffes de joncs : la dalle basaltique réussit à bloquer les infiltrations là où elle n’est pas fissurée. Là aussi, des communautés végétales originales peuplent ces micro-zones humides qui s’assèchent en été.

Cela faisait plusieurs années que même en hiver ces zones restaient sèches : promesse de belles floraisons ce prochain printemps ! Sur la droite se succèdent plusieurs grands prés enclos de pierriers où fleurissent en masse des orchidées au printemps et où papillonnent les ascalaphes en mai (voir la chronique). On croise de grandes murettes-pierriers très larges telles des murailles défensives ! 

Pré en bordure … tout fleuri d’orchidées et de saxifrages granulés au printemps

Retour par le chaos

Le sentier de découverte part à droite (7)

Quand on rejoint la grande piste (4), tourner à gauche sur une dizaine de mètres pour emprunter à droite le sentier balisé qui descend dans le coteau.

Là, en contrebas, sous une vieille chênaie dense aux troncs noirs s’étend un chaos incroyable d’énormes blocs de basanite moussus : paysage dantesque et inaccessible dans cette pente raide. Cette forêt n’a sans doute jamais été exploitée même à l’apogée de la vigne à cause de la configuration des lieux. 

Chaos de blocs

Un panneau pédagogique présente Châteaugay, village entre vignes et château droit devant nous. Dans une vigne abandonnée récemment sur la gauche, plusieurs chênes pubescents se sont déjà installés. Ainsi, chaque parcelle subit une trajectoire différente : les unes sont en voie de fermeture, les autres en voie de réouverture, d’autres remises en culture ou complètement enfouies sous la forêt ! 

On rejoint une très grande piste (8-GR 300). Le talus herbeux à droite est un bel observatoire à lézards et vipères au printemps ! Un superbe escalier intégré dans une murette grimpe vers une vigne disparue. De grands noyers surplombent le talus. On retrouve le sentier (1) qui ramène aux Caves de Châteaugay. 

NB Ce circuit me tient particulièrement à cœur car il me ramène plus de vingt ans en arrière alors que j’étais enseignant de SVT au collège P. Mendès-France de Riom ; dans les années 1990-2000 j’y avais animé un atelier scientifique sur le thème du coteau de Mirabel et effectué avec une équipe d’élèves volontaires de nombreuses sorties sur le site (dont Champ-Griaud) et réalisé un livret pédagogique et un circuit des orchidées (sur le coteau de Riom). Je dédie ce zoom-balade à ces jeunes hyper motivés avec qui pendant quatre ans j’ai parcouru ces espaces dont Pierre Lapaquette, Pierre Caquot, Sylvain et Guilhem Faure ; une mention particulière pour Guilhem exilé aux USA avec qui j’échange et qui me parle toujours avec enthousiasme de ces sorties nature dans ces espaces naturels chargés d’histoire humaine. 

Bibliographie 

La colline de Mirabel Entre nature et paysages DOSSIER PÉDAGOGIQUE Maternelles au collège 

Plaquette : A la découverte de la colline de Mirabel et le sentier des orchidées ESPACES NATURELS SENSIBLES