04/05/2021 Le paysage de la plaine de Sarliève (voir la chronique de présentation) peut se lire de manière très binaire : d’un côté, des cultures à perte de vue couvrant disons 90% de la surface et, de l’autre, les parties non cultivées que d’aucuns nomment « la nature » mais qui relèvent plutôt d’une « semi-nature » fortement marquée par l’empreinte humaine : les rases ou fossés (voir la chronique sur les rases et les roseaux), les rares haies associées aux rases et celles à venir ou fraîchement plantées, les chemins qui longent les rases sous forme de larges bandes herbeuses et une grande piste caillouteuse qui traverse l’ensemble. Dans la perspective du projet de la future ferme de Sarliève, il faut s’intéresser à ces éléments dits semi-naturels tant pour leur valeur intrinsèque d’« hébergeurs de biodiversité » pour ce qu’ils peuvent apporter aux cultures à venir via notamment cette biodiversité. Nous illustrerons cet aspect avec des observations récentes à l’occasion de visites d’exploration naturaliste du site. 

Services rendus 

Fourmilière de terre fine installée sur une bande herbeuse le long d’une rase

Dans les années 1970, avec la prise de conscience du côté fini des ressources naturelles, a émergé le concept de services rendus par la nature ou services écosystémiques : ce sont les services que les humains retirent du fonctionnement des écosystèmes. On peut les définir comme l’ensemble des processus de fonctionnement des écosystèmes qui soutiennent directement ou indirectement le bien-être humain. La fourniture de ces services dépend fondamentalement des fonctions biologiques assurées par les êtres vivants (la biodiversité). Depuis 2005, on a étendu ce concept de manière à mieux inclure les relations homme/nature et leur diversité selon les cultures et ethnies : on parle désormais plutôt de Contributions de la Nature pour l’Homme ; pour autant, le terme service écosystémique continue d’être largement utilisé. 

On en distingue classiquement trois grands types :

  • les services d’approvisionnement : tout ce que nous fournit la nature dont les plantes et animaux cultivés ou élevés, le bois et les fibres textiles, les substances chimiques diverses, l’eau potable, …
  • les services de régulation de la qualité de l’air, du climat, de l’eau, de l’érosion ; le traitement de l’eau ; le contrôle des maladies infectieuses ; le contrôle des organismes qui causent des dégâts aux cultures et animaux élevés (bioagresseurs, autrefois ravageurs !) ; la pollinisation ; la régulation des risques naturels (avalanches, inondations, …)
  • les services culturels : les valeurs spirituelles et religieuses ; les paysages et l’esthétique du vivant ; les activités récréatives et touristiques ; …

Très souvent, le grand public résume les services rendus par la nature à la première catégorie, celle qui nous touche directement ; pour autant, les deux autres s’avèrent largement aussi importantes surtout dans le contexte de changement global et de déclin général de la biodiversité. Entre 1960 et 2000, on estime que les services écosystémiques ont connu un déclin de 60% ce qui compromet à moyen terme l’avenir même de l’espèce humaine sur Terre. Levin en 1999 disait : « ce n’est pas la nature qui est fragile .. ce qui est fragile ce sont les services écosystémiques dont l’homme dépend ». Nous allons maintenant appliquer ce concept aux éléments semi-naturels de la plaine de Sarliève en identifiant certains des services qu’ils pourront fournir à la future ferme et aux populations locales. 

Oasis de biodiversité

Massifs d’anthrisque sauvage près de la haie plantée

Au printemps, même pour le promeneur pas spécialement naturaliste, il apparaît vite que la « vie » se concentre clairement le long de ces linéaires face à l’immensité cultivée ultra-uniforme qui les englobe. Ici, on voit des floraisons variées et toutes sortes d’herbes repérables aux nuances de vert présentes ; on trouve des arbres et arbustes qui fleurissent et font des fruits ; on voit des insectes qui circulent, butinent, grimpent sur les tiges ; on entend des cris et des chants d’oiseaux ou des coassements de grenouilles, … Le contraste est saisissant avec les cultures d’à côté, « vides » à part de temps à autre une alouette qui monte en chantant ou, avec beaucoup de chances, le chant d’une caille tapie dans le blé ! 

Effectivement, la conjugaison de ces trois milieux de vie (haie + rase à roseaux + bande herbeuse et chemin) créé une mosaïque où la biodiversité sauvage peut subsister et s’exprimer. Or, cette biodiversité constitue justement la base des services écosystémiques potentiels : plus elle sera diverse, plus il y aura de chances qu’elle remplisse mieux les fonctions biologiques bénéfiques pour le bien-être des hommes. Dans la chronique sur les rases, nous avons longuement évoqué la biodiversité associée à ce milieu très particulier et devenu très rare dans la grande plaine cultivée de Limagne. Elles forment vraiment le cœur de biodiversité de la plaine et leur gestion et protection devront être une préoccupation majeure dans le cadre du projet de la ferme de Sarliève.

Les bandes herbeuses ne sont pas en reste côté biodiversité même si leur naturalité a été largement affectée par des décennies d’agriculture intensive. L’inventaire de leur biodiversité ne fait que commencer et concerne essentiellement la flore et la faune des insectes. Lors d’un premier parcours exploratoire début mai, nous avons pu repérer quelques espèces intéressantes soit par leur rareté relative, soit pour ce qu’elles peuvent apporter en termes de services écosystémiques. La flore associée aux terres enrichies en nitrates (dite rudérale) prédomine évidemment avec les orties, le gaillet gratteron (voir la chronique), l’anthrisque sauvage (voir la chronique), le lamier blanc (voir la chronique), … : pour autant, elles servent de plantes hôtes pour nombre d’insectes dont les chenilles de papillons ou nourrissent les pollinisateurs comme les bourdons. Tôt au printemps, les taches de pissenlit émaillent les chemins et offrent une riche provende de fleurs, suivie des innombrables graines consommées par toute une horde d’insectes.

La famille des papilionacées (famille du trèfle) est bien représentée avec le trèfle des prés, le trèfle rampant, la luzerne minette, la gesse des prés, la gesse hérissée, plusieurs espèces de vesces, … : leurs floraisons successives assureront l’approvisionnement en nectar et pollen de nombre de pollinisateurs. Parmi les espèces originales déjà repérées (mais il reste sans doute bien d’autres espèces à découvrir !), on peut signaler : le grémil officinal ou herbe aux perles, une plante méconnue et peu commune très originale par ses fruits (voir la chronique consacrée à cette espèce) ; l’orchis bouc, une orchidée certes devenue commune mais avec une belle colonie le long de la haie ancienne au nord ; la cynoglosse officinale aux étranges fleurs veloutées rouges et violacées (voir la chronique) ; ou bien, le long de la piste centrale, une composée devenue rare en Limagne, la scorsonère laciniée (voir la chronique). Bref, ces bandes herbeuses ont le potentiel pour héberger une riche biodiversité et leur richesse devrait s’améliorer avec le passage en agriculture biologique.

Quand on sait que pour une espèce de plante donnée, il existe potentiellement au moins quelques espèces (parfois des dizaines) d’insectes associés directement ou de parasites divers (galles, mineuses, …), se nourrissant soit comme larves ou adultes des feuilles ou des tiges ou des racines ou des fruits, on entrevoit la spirale vertigineuse de la biodiversité des interactions ! 

Symbole élégant d’une certaine naturalité : la floraison du salsifis des prés

Corridors 

Rase avec arbustes (cornouillers sauvages) et roseaux

Même pour un novice complet, la lecture de paysage de la plaine de Sarliève actuelle ne pose aucun problème : tous les éléments semi-naturels se retrouvent regroupés en linéaires qui quadrillent la plaine de manière très géométrique avec des perpendiculaires parfaites, preuve s’il en était besoin de l’origine entièrement humaine de ce paysage.

Piste centrale le long de la Grande Rase

Chaque rase est flanquée de part et d’autre de deux bandes herbeuses de quelques mètres de large et qui longent des cultures, intensives pour l’instant, ou la piste centrale. La rase la plus au nord s’accompagne sur une bonne moitié d’une belle haie assez ancienne et bien développée : de toute évidence, il s’agit d’une haie plantée car on y trouve des noisetiers, essence forestière inhabituelle ici, ou bien des viornes obiers aux floraisons verdâtres, i.e. des cultivars horticoles ; mais des essences locales se sont aussi implantées comme des saules blancs, des sureaux noirs, des cornouillers sanguins, des fusains d’Europe ou le nerprun cathartique, peu commun et hôte des chenilles du papillon citron.

Ces structures linéaires forment un bel exemple de réseau de corridors permettant la circulation et la dispersion de la faune et de la flore au milieu de ce vaste océan hyper hostile que sont les immenses parcelles cultivées. Pour beaucoup d’animaux à mobilité réduite (espèces de petite taille, espèces non volantes, espèces qui craignent les espaces découverts, …) et pour les végétaux aux capacités de dispersion limitée, ces couloirs de végétation herbeuse ou de zone humide ou de haie représentent un élément clé pour leur maintien dans cet espace. Ils permettent aussi aux espèces présentes en périphérie comme dans les zones urbanisées de venir dans ce périmètre pour s’y nourrir ou s’y installer, pourvu qu’il y ait d’autres corridors qui assurent les connexions (principe de la trame verte et bleue). D’ailleurs, certaines espèces indésirables a priori empruntent ces corridors pour coloniser ces espaces comme les espèces exotiques introduites dites invasives qui concurrencent ou menacent la biodiversité locale originelle. Le ragondin, ce gros rongeur introduit d’Amérique du sud en est le parfait exemple (voir la chronique) : il suit les rases et s’est installé partout comme en attestent ses innombrables coulées et crottes ; il limite la végétation aquatique et s’attaque aux cultures avoisinantes dans lesquelles il se rend. 

Sur le terrain, il est assez facile d’observer directement cet effet corridor avec certaines espèces. D’abord les papillons de jour suivent scrupuleusement ces linéaires et on comprend vite pourquoi : pour l’instant, il n’y a vraiment rien de bon dans les cultures intensives pour eux ; ils sont abrités du vent par les haies ou surtout les rideaux de roseaux ; ils peuvent échapper plus facilement aux prédateurs aériens ; ils trouvent des micro-climats plus chauds pour maintenir leur activité ; … c’est le cas ici du fadet, de l’aurore ou des piérides. Il en va de même avec les nymphes à corps de feu, ces gracieuses petites libellules qui suivent les bandes herbeuses au ras des roselières ; leur délicatesse et fragilité leur interdit les grands champs ouverts et elles se trouvent juste à côté de leur site de reproduction, l’eau qui coule au fond de la rase. Nombre de mammifères doivent aussi emprunter ces corridors pour accéder à de nouveaux territoires tout comme les lézards et serpents ou les grenouilles et crapauds. On pourrait dire que ce sont les autoroutes qui irriguent la biodiversité locale ! 

Nymphe à corps de feu le long de la rase nord

Notons aussi que ces linéaires permettent à nombre d’espèces qui y vivent d’aller se nourrir temporairement dans les cultures qui les jouxtent au moins sur les bordures : ainsi les rousserolles effarvattes, les fauvettes grisettes, … vont chasser dans les céréales dès qu’elles ont atteint un certain développement. C’est encore plus vrai, mais difficile à observer directement, pour nombre d’insectes. 

Les grandes parcelles en culture intensive : des déserts hostiles pour la biodiversité

Barrières 

Même en hiver, les roselières des rases font office de brise-vents

Les haies et les rideaux denses de roseaux forment des brise-vents aux effets non négligeables sur le micro-climat immédiat à leur proximité ; ici, l’effet se fait surtout ressentir sur les bandes herbeuses qui les longent mais il n’en reste pas moins majeur justement en favorisant la biodiversité sauvage comme évoquée ci-dessus. L’ombre projetée le matin a aussi son importance compte tenu de l’orientation est/ouest de la majorité de ces linéaires : la fraîcheur maintenue tamponne les effets du réchauffement. Les roseaux qui ont les pieds dans l’eau ou au plus près de la nappe rejettent de grandes quantités de vapeur d’eau (évapotranspiration) qui entretient un certaine humidité atmosphérique au sein d’une plaine souvent desséchée. En hiver, la persistance des roseaux secs (voir la chronique sur les roseaux) maintient un couvert qui abrite des intempéries. Globalement, ces linéaires fonctionnent donc comme des mini barrières climatiques à leur échelle. 

L’effet barrière majeur concerne avant tout la qualité de l’eau qui s’écoule dans les rases ; cette eau vient en grande partie d’écoulements issus des zones périphériques urbanisées et donc potentiellement polluées ; s’y ajoute l’eau de la nappe toute proche fortement chargée en polluants liés aux pratiques agricoles intensives. Les bandes herbeuses qui « s’interposent » entre les cultures et l’eau qui coule constituent des zones d’interception des écoulements latéraux depuis les cultures ; l’herbe prend au passage les nitrates et phosphates issus des engrais ; ainsi l’eau qui rejoint la nappe ou la rase se trouve allégée en sels minéraux responsables de l’enrichissement excessif ou eutrophisation. La bande herbeuse éloigne aussi l’eau des embruns qui se propagent latéralement lors des traitements de pesticides. Mais par-dessus tout, ce sont les roseaux qui assurent un travail de dépollution remarquable via leur rhizomes profonds (voir la chronique sur les roseaux) qui fouillent le sol et prélèvent non seulement les sels minéraux en excès mais aussi des polluants tels que des métaux lourds. Ceci explique sans doute que dans certaines rases on a la surprise de voir circuler de l’eau assez claire avec une certaine faune aquatique associée mais sans préjuger de sa charge en polluants chimiques invisibles ! En tout cas, même après le passage en agriculture biologique de la gestion des terres, le maintien de ces barrières dépolluantes sera essentiel pour améliorer encore et encore la qualité de l’eau de la plaine. Ajoutons aussi que l’ombre projetée sur le fond de la rase entretient une fraîcheur relative qui évite la surchauffe en été et limite l’évaporation. 

Pollinisation 

Dès mars, les colonies de pissenlits en fleurs accueillent les premiers pollinisateurs qui émergent

Jusqu’ici, l’essentiel des cultures avoisinantes étaient des céréales qui sont pollinisées essentiellement par le vent (encore que les insectes interviennent plus qu’on ne le croit !) mais avec le projet de ferme biologique la situation va changer complètement avec une forte diversité de cultures et sans doute pas mal de plantes maraîchères voire des fruitiers. Et là, le service écosystémique de la pollinisation prend une importance considérable pour une bonne production agricole. Certes, il y a les ruches d’abeilles domestiques mais celles-ci ne font pas du tout loin s’en faut et posent même des problèmes de concurrence vis-à-vis des nombreuses espèces d’abeilles solitaires sauvages (voir la chronique sur ces abeilles sauvages) ; et il y a les nombreux autres pollinisateurs souvent oubliés comme les syrphes, ces mouches bigarrées à allure de guêpes qui pratiquent le vol sur place (voir la chronique sur ces pollinisateurs).

Syrphes ceinturés attablés sur une fleur d’églantier : une image à venir dans la haie plantée !

Donc, dans ce nouveau cadre, les bandes herbeuses et les haies plantées vont devenir des centres pourvoyeurs d’insectes pollinisateurs selon deux processus. D’une part, elles peuvent assurer le déroulement d’une partie du cycle de développement de ces insectes avant l’émergence des adultes qui sont toujours le stade pollinisateur. Ainsi, pour les syrphes par exemple, au printemps, avant le plein développement des cultures, les larves prédatrices de pucerons se développent sur les arbustes des haies et donneront les adultes volants qui iront polliniser les cultures voisines.

D’autre part, la flore variée des bandes herbeuses fournit des floraisons échelonnées sur l’année assurant ainsi la continuité de l’approvisionnement en nectar et pollen des butineurs entre les brusques « coups de feu » des floraisons massives dans les cultures. Ainsi, par exemple, les abeilles solitaires et les bourdons spécialistes des papilionacées se partagent entre les espèces sauvages qui se succèdent au fil de la belle saison et les cultures éventuelles (pois, fèves, fourragères dont luzerne, trèfles, …). Tôt au printemps, quand les reines bourdons émergent et doivent se nourrir le temps de créer de toutes pièces une nouvelle colonie, les fleurs sauvages précoces sont essentielles pour leur survie : saules dans les haies, lamiers blancs des bandes herbeuses, … Ensuite, les ouvrières issues des nouvelles colonies pourront visiter les plantes cultivées qui commenceront à fleurir. 

Reine de bourdon butinant les fleurs du lamier blanc

Auxiliaires

Colonie de pucerons cendrés sur une inflorescence de colza mal en point qui ne produira pas de graines

L’autre apport décisif de la biodiversité à la protection des cultures, ce sont les animaux dits auxiliaires des cultures : tous ceux qui se nourrissent soit d’insectes susceptibles de causer des dégâts aux cultures (bioagresseurs) ou soit des plantes adventices des cultures qui peuvent dans certains contextes concurrencer partiellement les cultures. 

Les insectes bioagresseurs ne manquent pas au premier rang desquels les pucerons qui outre les prélèvements de sève peuvent inoculer des maladies. Or, il existe une « armée » naturelle de prédateurs des pucerons : coccinelles adultes et leurs larves ; larves des chrysopes ou « mouches aux yeux d’or » ; larves des syrphes ; mini guêpes parasitoïdes qui pondent leurs œufs dans le corps des pucerons ; punaises prédatrices (miridés notamment) ; sans oublier les petits passereaux (pouillots, fauvettes, rousserolles,  ..) et les chasseurs aériens que sont les hirondelles et martinets qui traquent les émergences des pucerons ailés.

Là encore, comme pour la pollinisation, toutes ces espèces ont besoin des milieux semi-naturels comme bases de repli en dehors des périodes, souvent limitées dans le temps, de fort développement des cultures. Pour certaines espèces, les éléments semi-naturels sont les milieux de vie à partir desquels ils vont se nourrir à proximité et notamment dans les cultures : un bel exemple à Sarliève concerne les fourmis qui construisent des fourmilières en terre fine, très nombreuses dans les bandes herbeuses et sont incapables de s’installer dans les cultures où le sol est retourné et travaillé ; par contre, elles doivent aller chasser dans les cultures en bordure ! On sait qu’il existe des allées et venues permanentes entre par exemple les haies et les cultures en bordure selon les pics d’abondance de telle ou telle espèce d’insecte servant de proie. 

A cette armée carnivore, il faut ajouter une autre bien moins connue et négligée, celle des « prédateurs » herbivores de graines tombées au sol dont celles des plantes adventices des cultures. Les plus efficaces sont sans doute les carabes, ces scarabées non volants, qui arpentent les parcelles cultivées depuis les bandes herbeuses pour se nourrir de graines (voir la chronique sur ce sujet). Il y aussi certains oiseaux qui exploitent les cultures en hiver à la recherche des graines comme les alouettes des champs (insectivores à la belle saison) qui se regroupent en bandes nombreuses : on a montré que contrairement à une idée reçue, elles ne récoltent pas spécialement les graines des cultures mais préférentiellement celles des « mauvaises herbes » comme la renouée liseron ou la renouée des oiseaux. 

Des bandes d’alouettes des champs fréquentent les plaines cultivées en hiver à la recherche de graines de plantes sauvages

Bien-être 

Il reste un service majeur souvent négligé ou minimisé, voire « moqué » dans les cercles des décideurs : celui des liens affectifs, intellectuels et culturels de l’Homme avec la « nature ». Dans le contexte fortement urbanisé et aménagé où se situe la plaine de Sarliève, haies, rases et bandes herbeuses apparaissent comme des « petits paradis » de nature comme nous venons de l’évoquer largement à travers toutes les espèces évoquées. Les bandes herbeuses permettent en plus un cheminement et une circulation propices à la promenade de tous depuis les grands centres urbains qui encerclent la plaine. L’arrêt de l’épandage de pesticides va de plus rendre ce vaste espace bien plus « sain » pour les promeneurs. Des liens nombreux vont se mettre en place avec les productions agricoles largement mises en avant dans le projet de ferme de Sarliève. 

Atelier participatif sur le suivi à venir de la biodiversité de la plaine de Sarliève (04/2021)

La mise en place de protocoles de sciences participatives tels que le recensement des oiseaux nicheurs, les comptages de papillons, de grillons champêtres, le suivi de la flore sauvage, l’inventaire de la biodiversité générale, … permet d’impliquer les populations locales et de les sensibiliser à la protection de la biodiversité. Des animations pédagogiques, des visites sur site vont toucher un vaste public dont celui des enfants. L’implication du public dans les projets de plantations de haies notamment va permettre aussi de rendre les participants acteurs de leur environnement. Il restera à surveiller les impacts potentiels d’une fréquentation accrue et des débordements possibles notamment sur la faune vertébrée avec, entre autres, les risques de piétinement local ou des chiens non tenus en laisse. 

Ce survol rapide des services rendus par ces éléments semi-naturels  a en tout cas de quoi largement convaincre tout un chacun de l’importance de s’impliquer dans ce projet participatif  très stimulant, témoin d’un renversement de tendance dans notre approche du rapport à la nature et à l’agriculture. 

Bibliographie

 Site de la ferme de Sarliève