Cette chronique regroupe toutes les Brèves quotidiennes (sauf le week-end) publiées pour la seconde moitié de Janvier sur mon compte FaceBook, dédié à Zoom-nature, accessible au Public :  Brèves de nature.

 Ce sont des mini-chroniques quotidiennes à partir d’une ou deux photos prises au cours de mes balades et qui traitent de la biodiversité très ordinaire. Quand le sujet évoqué est traité sur mon site, j’ajoute un lien vers une chronique.

15/01 Être givré et baguenauder

Le givre est une fée : d’un coup de sa baguette magique, il sublime tout ce qu’il couvre et le révèle à nos yeux. Prenez ces « trucs secs » qui pendent de cet arbuste sauvage sur un coteau calcaire de Limagne (63) : de grosses gousses sèches en forme de poches pendantes. Ce sont les fruits du baguenaudier (Légumineuses ou plantes à gousses) : les baguenaudes ! Elles ont une consistance de papier et renferment les graines ; elles finissent par s’ouvrir et libèrent les graines. Sans le givre, elles ont triste mine à cette saison et n’attireraient guère le regard.

Mais au fait, ce nom de baguenaude aurait-il un lien avec le verbe baguenauder : flâner, passer son temps à faire des choses frivoles ? Vous le saurez en lisant cette chronique sur le baguenaudier !

16/01 Le gîte du Lièvre

Les Lièvres ne creusent pas de terriers et dorment, tapis sur le sol dans un gîte. Avant-hier, j’ai levé à deux reprises un Lièvre, surgissant brusquement de son gîte. Faire une photo parlante du gîte n’est pas facile ! Le premier : simple cuvette sous herbes et ronces, à peine marquée ; le second au bord de l’eau, sur de la terre nue : on devine la forme du corps qui a tassé la terre ; il occupait une grattée de Ragondin ce qui explique la terre déblayée !

Ceci m’a rappelé un très vieux souvenir d’enfant quand j’accompagnais mon père à la chasse (eh, oui !) : un matin, tôt, par temps froid, il m’avait montré un petit panache de vapeur qui montait d’une touffe d’herbe au loin : le souffle d’un Lièvre, tapi dans son gîte !  

Savez-vous que les lièvres, comme les Lapins ne sont pas des Rongeurs : si, si je vous assure ! voir la chronique.

17/01 Des arbres du Vivant sur la plage

Sur les plages en pente, on peut observer ces figures de micro-ravinement : la marée montante a gorgé le sable d’eau ; à marée basse, l’eau ressort et s’écoule vers la mer. Le ruissellement se fait d’abord sous forme de mini chenaux dendritiques, gravés dans le sable mou, qui convergent en chenaux plus grands se terminant en pseudo deltas. Une image à échelle réduite d’un réseau hydrographique continental !

Ces figures m’inspirent une autre paréidolie (voir brève 04/01) historique : les représentations de l’arbre des parentés du Vivant (phylogénies) proposées par E. Haeckel, biologiste et philosophe en 1866 ; il fit connaître en Allemagne la théorie de l’Évolution de C. Darwin. Belle convergence évolutive entre images ! Cette chronique (pédagogique) traite de la notion d’arbre de parentés.

18/01 Les Taupes gagnent à être connues

Malgré une série de – 6°C plusieurs matins de suite, ces taupinières toutes fraîches qui ont soulevé la neige au sol attestent que la Taupe n’hiberne pas. Elle ne se nourrit alors que de vers de terre : en profondeur, à l’abri du gel, ils restent un peu actifs. En plus en automne, la Taupe se prépare des tas de plusieurs centaines de vers qu’elle paralyse d’un coup de dent derrière la tête (salive toxique) et conserve ainsi vivants comme garde-manger !

Elle profite aussi de la saison hivernale pour renouveler son pelage.

J’ai découvert un détail extraordinaire pour rédiger cette brève : lors des hivers très rudes, le crâne des Taupes peut devenir 11% plus petit (ainsi que d’autres organes) et regrandit ensuite au printemps : on appelle ça le phénomène de Dehnel ! Une chronique à lire sur le rôle écologique majeur des taupinières.

19/01 Un chardon-zèbre vert et blanc

De nombreuses bisannuelles (cycle sur 2 années successives) élaborent des rosettes en été/automne et passent l’hiver ainsi avant de reprendre leur croissance le printemps suivant pour fleurir ensuite. En hiver, on peut donc les observer sous forme de rosettes.

Celles-ci attirent triplement l’attention : très grandes, très épineuses (intouchables !) et remarquablement veinées-marbrées de blanc sur fond vert. On les repère même en roulant en voiture ! Il n’y a, chez nous, qu’une espèce réunissant ces 3 critères : le Chardon-Marie. Des chercheurs ont émis une hypothèse : ce motif blanc très voyant serait un signal d’avertissement destiné aux herbivores : « ne cherchez pas à me brouter, je suis immangeable ».Dans cette chronique , vous découvrirez pourquoi on l’appelle Chardon-Marie.

22/01 Le casse-noyaux

Le Gros-bec n’est pas un visiteur fréquemment observé sur les mangeoires à oiseaux : à la faveur de coups de froid, à la campagne et en petit nombre (un ou deux). Impossible à confondre avec son plumage délicieusement bigarré et surtout sa tête massive avec un bec incroyable ! Quand il est là, tout le monde s’efface devant lui-même les verdiers pourtant teigneux ! Notez ces étranges plumes bleu foncé, aux bords « retroussés », sur les ailes.

Il « épluche » et écrase les graines les plus dures avec son bec. On estime qu’il arrive à imprimer une pression 1000 fois supérieure à celle de son propre poids ce qui lui permet de briser des noyaux de cerises. Pour découvrir bien d’autres détails de cet oiseau discret par ailleurs, visitez cette chronique.

23/01 Dans les entrailles d’un érable

Les systèmes racinaires des arbres nous restent inaccessibles ; nous avons vu dans la brève du 09/01 que leur architecture n’a rien à voir avec celle du reste de l’arbre.

Les berges des rivières sont de bons endroits pour approcher cette partie cachée. Il faut chercher dans les méandres, là où la rivière affouille la berge concave et dégage parfois la part du système racinaire la plus proche du bord. Ainsi, cet érable plane révèle la splendeur de son réseau traçant étalé de chaque côté. Par contre, on ne voit ni les fins chevelus racinaires au bout des racines ultimes ni le(s) pivots centraux près de la verticale du tronc. On reste frappé par la faible profondeur de cet ensemble tentaculaire au regard de la hauteur de l’arbre. Je ne sais pas vous mais moi je suis subjugué par la puissance qui émane de telles scènes ! Revoir la chronique sur les racines des arbres et l’eau.

24/01 L’oiseau Saint-Esprit

Vous avez forcément déjà vu ce petit rapace comme suspendu à un fil dans le ciel en vol sur place : c’est un des modes de chasse très original du Faucon Crécerelle. Pas si simple que ça à tenir : voir la chronique  ! Sinon, il chasse aussi à l’affût depuis un poste élevé.

Mais comment repère-t-il ses proies préférées, les campagnols, au milieu des grands champs ? Comme beaucoup de rapaces, ses yeux voient jusque dans les ultra-violets, ce que nous ne pouvons pas faire ! Or, les Campagnols laissent des trainées d’urine le long de leurs cheminements entre terriers ; vu du ciel, elles sautent aux yeux du Crécerelle comme des pistes brillantes dans l’herbe ! Il ne lui reste plus qu’à stationner au-dessus pour espérer saisir un imprudent en balade hors du terrier !

25/01 La Mésange et le Roseau

En hiver, les Mésanges Bleues fréquentent les roselières pour y chercher des larves ou des chrysalides cachées dans les tiges creuses et sèches (chaumes) des Roseaux. Mais je n’avais jamais eu l’occasion de les voir en action : c’est chose faite grâce à cette Mésange très coopérative que je tiens à remercier !

Accrochée en travers d’un chaume, elle a commencé à piocher entre deux nœuds successifs et à déchirer la paroi avant de capturer à l’intérieur « quelque chose » qu’elle a avalé sans tarder.

Une fois la mésange partie, j’ai sorti mon couteau suisse (toujours dans le sac à dos !), et j’ai fendu en long au hasard des chaumes ; au bout de trois tentatives, bingo : des asticots qui se tortillent dans un entre-nœud ! Voir la chronique sur le Roseau Phragmite.

26/01 Tourner dans le vide … tourne, tourne

En hiver, sur les tiges sèches des roseaux le long des fossés, on observe souvent ces lianes herbacées qui ont séché sur pied. Les capsules vides en forme de casque à pointe signent le liseron des haies, une plante volubile qui enroule ses tiges autour des supports pour grimper.
La majorité des grimpantes volubiles enroulent leurs tiges dans le sens des aiguilles d’une montre (vues de dessus) : on les qualifie de dextrogyres. Le liseron des haies fait exception à cette tendance générale (comme le chèvrefeuille des bois, une liane ligneuse) : ses tiges sont lévogyres et s’enroulent de la gauche vers la droite dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ! On ne sait pas pourquoi un sens horaire prédomine ! En tout cas, ça n’a rien à voir avec le sens de rotation de la Terre. A lire la chronique sur le beau liseron des haies.

29/01 La seconde vie des coquilles d’escargot

Dans le Vivant tout se recycle ! Ainsi, les coquilles vides des Escargots de Bourgogne que l’on trouve en abondance dans les friches en hiver : des abris potentiels pour de petits invertébrés. J’ai eu la surprise il y a quelques années en récoltant des coquilles pour préparer une activité pédagogique d’y découvrir des dizaines de petites araignées-fourmis qui « imitent » la forme et le comportement de fourmis. Des bestioles incroyables (voir la mini-chronique) !

Hier, dans une friche, j’ai découvert cet adorable mini-jardin de mousse installé dans la terre qui avait rempli l’entrée de cette coquille. Toutes les opportunités sont bonnes pour s’installer ! Moralité : évitons de les écraser en balade et laissons-les en place !

30/01 Une petite pépite de biodiversité végétale en or massif

La gagée de Bohême est une petite plante à bulbe très localisée en France, essentiellement dans le quart sud-est : elle y atteint sa limite nord au sud de Gannat aux limites 03/63 là où ont été prises ces photos hier après-midi.

Elle ne se trouve que sur des rochers granitiques (comme ici) ou basaltiques au milieu de pelouses rases. Elle fleurit en plein hiver, classiquement à partir de janvier. Elle vit en colonies hyper localisées de dizaines ou centaines de pieds. Ainsi, dans le 63, la station la plus proche de celle-ci est à Saint-Myon 10 km au sud (voir la chronique sur sa découverte récente) ; la suivante est à Corent au sud de Clermont à 35 km à vol d’oiseau !!! Comment font-elles pour coloniser des sites aussi distants les uns des autres : mystère !

31/01 Un criquet en hiver

Hier après-midi : t° : 16°C ; temps estival. Je suis en haut d’une pente rocheuse exposée plein sud dans les gorges de la Sioule (03). Les lézards des murailles courent de tous côtés. Brusquement, l’envol d’un « gros » criquet me surprend ; puis un autre, … Je réussis à l’approcher un pour lui tirer le portrait.

Avant même de l’avoir bien vu, je savais de qui il s’agissait : l’Aïolope automnale ; le seul criquet de nos régions dont les adultes restent vivants en hiver et s’activent au moindre redoux. Chez toutes les autres espèces, les adultes meurent en fin d’été ; les œufs pondus passent l’hiver, éclosent au printemps et les adultes ne volent qu’à partir de fin mai pour les plus précoces.Découvrez ce criquet surprenant dans cette chronique .

N.B. Sur ce site, hier, j’ai aussi découvert une nouvelle station de Gagée de Bohême, 10km au nord de la plus proche.