Qui a dit que les paysages enfrichés n’étaient pas « beaux » … ou qu’ils sont « fermés » ??

02/04/2023 Si dans une discussion autour de l’environnement et des paysages, vous avez envie de « mettre le feu » et d’animer les échanges, prononcez le mot friche ou enfrichement : effets en tous genres garantis avec risques d’attaques virulentes si vous avez le malheur d’avoir un esprit un peu « enfriché ». La friche clive profondément et renvoie à une longue histoire culturelle d’usage des terres que nous ne développerons pas ici. Qu’elle suscite des réactions très vives et passionnées de la part des agriculteurs et des ruraux (et des politiques et dirigeants attachés à conserver leur électorat) se comprend aisément et doit être pris en compte. Par contre, elle engendre autant de réactions négatives et virulentes de la part de nombreux naturalistes/protecteurs et conservateurs des espaces naturels et de la biodiversité. Immanquablement, on vous opposera un argument imparable : la fermeture des milieux qui détruit la biodiversité ; un mantra répété depuis des décennies et qui sous-tend l’essentiel des politiques de gestion conservatoire des milieux. Nous aurons l’occasion via diverses chroniques (voir l’ensemble des chroniques autour du réensauvagement) de démontrer que cet argument ne tient pas et mérite, a minima, d’être très fortement nuancé, sans parler des aspects liés à l’empreinte écologique des actions de conservation que l’on se doit désormais de prendre en compte (mécanisation des interventions).

La belle déferlante des églantines en mai dans les friches

Dans une précédente chronique, nous avons fait le tour des « mots de la friche » soit l’ensemble des termes plus ou moins équivalents qui désignent ce milieu (friche) et le processus (enfrichement).

Dans l’immédiat, nous allons emboîter le pas soutenu de l’enfrichement des terres agricoles abandonnées pour découvrir les grands processus naturels en action.

Jour F  

Sur ce coteau piqueté d’épines vinettes, il y a eu de la vigne jusqu’au début du 20ème siècle puis du pâturage extensif avant un abandon complet ; la vigne revient en bas à droite

Comme nous l’avons vu dans la chronique sur les mots, la friche se définit en creux par l’abandon de tout usage agricole. Les raisons de cet abandon, innombrables et très complexes, ne seront pas abordées ici. On parle souvent de déprise agricole pour décrire ce processus ; pour moi, ce terme évoque en creux l’emprise antérieure de l’humain qui, malgré lui, va lâcher prise.

Anciens parcours à moutons et vignes

Je lui préfère nettement le terme d’abandon car je l’associe à l’idée d’abandonner sereinement la terre au monde vivant. Un lâcher-prise que l’on nomme désormais le réensauvagement passif (voir la chronique sur un exemple) ; le « ré » signifie le retour du sauvage sur une terre qui l’était avant d’avoir été occupée et exploitée par l’humain.

Coteau d’anciens vignobles abandonnés plus récemment

Le point de départ d’une nouvelle friche correspond donc, dans le paysage, à une parcelle exploitée et abandonnée. Chaque friche a de ce fait une date de naissance très précise (ce que j’appelle le jour F…) dont la connaissance permet de mesurer la vitesse de progression du processus d’enfrichement. La friche s’installe donc sur un micro territoire qui porte un long passé d’usage, parfois vieux de plusieurs siècles ; en cela, chaque friche-parcelle sera différente dans son évolution à venir et la chronologie de l’abandon va fortement impacter son évolution et sa nature à venir.

Pâturage en cours d’enfrichement en dépit du pâturage

Dans le cas des pâturages, l’abandon est souvent progressif et un processus d’embroussaillement commence à s’installer en cas de sous-pâturage : apparition de ronciers, d’arbustes non consommés (genêts, ajoncs, …) ou de fougère aigle qui se propagent par graines ou multiplication végétative intense. Sans interventions (gyrobroyage), ces « taches » s’étendent et réduisent la surface pâturable, augmentant la probabilité d’abandon. Ainsi, la friche est en fait déjà installée à bas bruit et l’enfrichement en sera accéléré et modifié.

Pâturage très enfriché aux portes de l’abandon

Pour les terres cultivées, l’abandon est par contre presque toujours « brutal » mais là encore le scénario d’abandon va impacter la suite. Ainsi, dans le cas de cultures annuelles, la parcelle est récoltée une dernière fois mais ensuite elle peut être abandonnée en chaume, ou bien labourée une dernière fois. Dans ce dernier cas, le retournement remet à la lumière la banque de graines enfouies dans le sol et va favoriser l’émergence d’adventices qui n’apparaîtront pas dans le cas de non labour. De plus, sur une terre labourée, les graines dispersées par le vent à grande distance comme celles des chardons (voir la chronique) ou des séneçons auront bien plus de chances de germer et de s’installer : le peuplement herbacé initial en sera changé et influera sur l’installation des ligneux.

Vigne abandonnée : les ceps restent en place et poursuivent leur vie

Les cultures pérennes comme les vignes et vergers suivent aussi des trajectoires différentes selon que l’abandon s’accompagne ou non d’arrachage. Si on les laisse, les ceps de vigne poursuivent leur développement et tendent à devenir parfois exubérants ; de même, les arbres fruitiers, une fois abandonnés (donc non taillés), se mettent à faire des rejets depuis leur porte-greffe qui est souvent une espèce sauvage. De plus, l’ombrage projeté par ces arbres, tant qu’ils seront en place (leur durée de vie d’arbres domestiques reste limitée), modifie l’évolution de la végétation ; les fruits qu’ils continuent de produire attirent divers animaux frugivores qui pourront par la même occasion déposer des déjections contenant des graines d’espèces sauvages (voir ci-dessous).

Pionniers

Sur cette vigne récemment abandonnée, enclavée dans un bois, la colonisation par les arbres ne tarde pas : chênes pubescents, pins sylvestres, bouleaux qui arrivent chacun à leur manière

La colonisation des ligneux (arbustes, arbrisseaux et jeunes arbres), marque le vrai début du stade intermédiaire de la friche au sens strict après un premier stade herbacé de courte durée, en général. Une part peut se faire depuis l’intérieur de la parcelle s’il y avait déjà des précurseurs installés (voir les vergers ou les prés avec ronciers) ; mais l’essentiel de cette colonisation ligneuse se fait depuis l’extérieur et tout particulièrement les bordures immédiates de la parcelle. Elle est l’œuvre d’espèces à tempérament pionnier à fort potentiel de dispersion de leurs graines et/ou fruits. Celle-ci peut se faire selon quatre grands modes bien connus.

 Pour les graines et fruits ailés ou bien les spores des fougères aigles, la dispersion se fait par le vent (anémochorie : voir la chronique). Sont concernés : les conifères avec des graines ailées qui s’échappent des cônes : pins, épicéas, mélèzes, cèdres, … ; bouleaux et aulnes : akènes ailés ; frênes, érables, ailantes, ormes : fruits ailés ou samares (voir la chronique) ; graines plumeuses des saules et peupliers (voir la chronique).

Les fruits charnus et souvent vivement colorés sont consommés par des frugivores (oiseaux, mammifères carnivores ou herbivores) et voient leurs graines résistantes déposées dans les excréments (endozoochorie : voir la chronique) : cornouillers, viornes (voir la chronique), troènes, fusains (voir la chronique), aubépines, ronces (voir la chronique), églantiers, pruniers et prunelliers, pommiers sauvages, alisiers et sorbiers, merisiers (voir la chronique) et cerisiers sauvages, néfliers, lauriers, chèvrefeuilles, ….

Certains fruits secs ou durs contenant des graines très nutritives sont récoltés par certains animaux (écureuils, petits rongeurs, geais, casse-noix, corneilles et corbeaux, mésanges) et transportés pour être cachés au sol afin de les consommer en hiver ; mais ces animaux en oublient une partie ou ne les consomment pas tous : ces graines vont pouvoir germer. Sont concernés : les glands des chênes (voir la chronique sur l’exemple iconique du geai) ; les faînes des hêtres ; les noix (voir l’exemple du corbeau freux) ; les noisettes (voir la chronique) ; les cônes d’arole ou pin cembro en montagne. Ces trois modes de dispersion offrent la possibilité de transports à longue distance au moins pour une petite partie des fruits produits : ainsi, même des parcelles abandonnées très isolées ont la possibilité de recevoir des fruits ou graines.

Jeunes noyers implantés dans une friche ; noter en arrière à gauche, un noyer adulte ; sans doute le travail d’écureuils ou de corneilles noires ?

On peut aussi ajouter le cas particulier des arbustes à fruits explosifs qui projettent eux-mêmes leurs graines au loin comme les genêts (voir la chronique) ou les ajoncs (voir la chronique) mais les distances de dispersion sont assez courtes ; le transport (à courte distance) par les fourmis des graines tombées au sol peut en plus prendre le relais (voir le cas des genêts).

A noter qu’il existe encore un autre mode de dispersion à longue distance pour les fruits qui s’accrochent au pelage/plumage des animaux et aux vêtements humains (épizoochorie : voir la chronique sur les sangliers) mais ceci ne concerne que les espèces herbacées sous nos climats.

Effet de proximité

A droite dans ce pré abandonné, un jeune boisement de frênes installés spontanément ; à gauche, un frêne adulte sans doute « parent » de toute cette descendance (fruits ailés) ; le sens des vents dominants influe beaucoup

Pour autant, la vitesse de cette colonisation ligneuse reste très variable d’une parcelle à l’autre. Des facteurs comme la qualité du sol peuvent interférer mais, surtout, cela dépend du « pool » d’arbres et arbustes pionniers potentiels présents dans les environs, à portée de dispersion. Mais au-delà de la présence effective, un autre facteur clé intervient : la proximité de ces arbres ou arbustes matures produisant des fruits/graines en grandes quantités, les semenciers (voir l’exemple anglais de parcelles au milieu de grandes cultures).

La « mère et ses petits » : les graines ailées du pin sylvestre tombent des cônes sur l’arbre adulte

Si, juste en bordure de la parcelle abandonnée, se trouve par exemple un bois de pins sylvestres ou une plantation de pins noirs, une véritable pluie de graines ailées va arriver au sol avec de fortes chances de colonisation ; ainsi, en moyenne montagne ou sur les Causses (voir la chronique sur les pins) voit-on se former en lisière des pinèdes un front de jeunes pins qui s’avance très vite tandis que des avant-coureurs réussissent, au hasard d’évènements à longue distance, à s’installer au cœur des grandes parcelles. Même chose avec les frênes qui colonisent en masse les bordures immédiates : leurs samares sont certes aérodynamiques mais assez lourdes et ne vont pas loin. Idem pour les chênes qui colonisent plus loin grâce au transport par les geais qui affectionnent les prairies pour cacher les glands.

Ce vieux sorbier des oiseaux isolé dans une pâture de moyenne montagne va « inonder » les environs de ses graines via les grives qui se délectent de ses fruits en hiver.

Un seul gros arbre isolé comme il peut y en avoir au milieu des pâtures peut à lui seul inonder la parcelle abandonnée de ses fruits : sa situation bien éclairée facilite en plus sa mise à fruits et leur dispersion (voir l’exemple du merisier, souvent isolé en bocage ou le cormier). Les arbustes à fruits charnus abondants dans les haies de bordure (prunelliers, aubépines, églantiers, …) constituent aussi des sources de fruits/graines considérables via les oiseaux frugivores qui les consomment en automne hiver : les aubépines sont parmi les premières à s’installer ainsi. Selon les parcelles, des essences très différentes peuvent donc devenir dominantes et imposer à la friche un faciès particulier.

Rejets de prunelliers depuis des racines (drageons) : une progression très efficace « souterraine »
Ainsi le prunellier (en fleurs) colonise les friches selon un « front qui avance »

L’effet de proximité peut aussi se manifester via la multiplication végétative par des drageons (rejets sur racines) depuis des pieds situés en bordure : le prunellier est un spécialiste de ce mode de propagation et contribue d’ailleurs à « dissoudre » les haies d’où il part en les noyant dans les fourrés qu’il créé. Les ormes, les ailantes, les cornouillers, les cerisiers aigres et les merisiers sont d’autres spécialistes de ce mode de progression, moins rapide, mais redoutablement efficace sous forme d’un front qui avance en rangs serrés !

Certains pionniers comme le genêt à balais sont omniprésents en bordure des cultures … prêts à intervenir !

La présence de grands arbres en bordure apporte en plus une protection contre les vents froids et les épisodes de canicule ce qui facilite l’installation des jeunes plants fragiles dans le début de leur développement.

Rejets de robinier depuis des racines traçantes : un autre colonisateur hors pair

Un autre effet joue en faveur des jeunes arbres : l’effet « nounou » (voir la chronique) ou facilitation : les arbustes épineux prompts à s’installer, non consommés par les herbivores, forment des refuges qui protègent les jeunes arbres en croissance tant contre les ardeurs du soleil que contre la dent des chevreuils par exemple.

Ce frêne implanté au milieu d’un massif d’églantiers a peut-être bénéficié de la protection de ce dernier contre la dent des chevreuils qui fréquentent cette friche

Accélération

Haut fourré de prunelliers : il y a moins de 20 ans, ceci était un pré non pâturé

La friche arbustive sous forme de fourrés ou broussailles (voir la chronique sur les mots) n’est qu’un stade intermédiaire dont la mise en place va accélérer le processus global et son évolution vers le stade forestier. Globalement, la surface des fourrés augmente en moyenne pendant vingt ans avant de régresser au profit des arbres installés qui entre temps ont grandi (voir ci-dessous). Cette dynamique a été étudiée en Bretagne dans des zones bocagères et de landes.

Même si les vaches peuvent brouter un peu le jeune feuillage des ronces, elles les évitent plutôt ; les chevaux et les ânes sont plus agressifs envers la ronce
Ronciers : étape 1, l’attaque diffuse encore contenue par le pâturage ; les frênes installés témoignent sans doute que ce site a été une haute friche qui a dû être débroussaillée
Etape 2 : des massifs continus impénétrables ; ici, au beau milieu il y avait un chemin

La progression depuis les bords, ou les haies et les boisements dispersés a été évaluée à 20cm/an pour les ronciers par voie végétative (voir la chronique). Ceci facilite l’installation des jeunes chênes (voir ci-dessus). Poussant en pleine lumière, très espacés, souvent protégés par les ronciers, ils connaissent une croissance sans commune mesure avec celle au sein des parcelles forestières où la compétition est sévère. La croissance en hauteur atteint 30cm/an ; la circonférence, une fois les 1,30m atteints, augmente de 1 à 6cm par an. Mais la progression la plus spectaculaire concerne la surface des canopées qui reçoivent de la lumière de partout : en 3 ans, cette surface passe de 81 m2 à 290m2 dans une parcelle, soit un doublement annuel. Cette expansion accélérée modifie profondément la strate arbustive en dessous qui va désormais subir l’ombrage permanent.

Les prunelliers complètent l’enfrichement … mais il reste des petites clairières … On a rarement un paysage uniforme en fait

Cependant, cette vitesse d’installation dépend aussi du pionnier dominant qui s’est installé en amont. Si c’est la fougère aigle qui a pris possession des lieux, elle génère une couche de litière très épaisse se dégradant peu et mal : la biomasse de bactéries du sol diminue et très peu de nitrates sont produits (nutriments recherchés des plantes) ; une épaisse couche d’humus acide allant jusqu’à 10cm de hauteur se forme qui, avec la litière sèche, empêche les germinations de graines qui atterrissent là. La succession va rester ainsi presque bloquée assez longtemps avant d’évoluer ensuite très lentement vers une reprise. Inversement, si c’est un fourré de prunelliers qui s’est installé, il produit une litière abondante qui se décompose très vite et enrichit le sol, favorisant la vie bactérienne du sol et donc la croissance des arbres. Ajoncs et genêts de leur côté fixent l’azote de l’air via des nodosités bactériennes sur leurs racines et enrichissent les sols pauvres en azote, facilitant grandement l’installation et la croissance de jeunes arbres.

Pré abandonné complètement submergé par la fougère aigle
Les fougères sèches forment un tapis épais qui se décompose mal et bloque la reconquête … pour un temps

Trajectoires multiples

Pour illustrer la variabilité du processus d’enfrichement, nous présentons pour terminer sommairement les résultats d’une étude menée sur la montagne limousine et qui distingue quatre grands scénarios selon l’usage originel des parcelles enfrichées.

Sur les landes à bruyères, anciens parcours à moutons, en six à dix ans des jeunes alisiers et sorbiers viennent « piqueter » la lande ainsi que des pins, des bouleaux et des genévriers : ils s’installent au milieu des touffes de callune qui dégénèrent (faute de pâturage) ; ce piquetage se densifie vers 15-20 ans. Les chênes arrivent avec les hêtres. En 30 ans, on a une friche arborée avec de jeunes hêtres ; vers 50 ans, les hêtres prennent le dessus et éliminent les chênes ; on évolue vers une hêtraie claire.

Exemple de clairière inexpliquée au coeur de ce pré abandonné complètement embroussaillé de ronciers

Sur les anciennes cultures, le processus est bien plus rapide. En 2 ans, les parcelles encloses de haies sont colonisées par les genêts et les fougères, favorisés par les sols enrichis. Vers 5-6 ans, les aubépines arrivent et vers 15-20 ans, l’enfrichement buissonnant est complet. Une jeune futaie de hêtres se développe en moins de 80 ans.

Butte rocheuse au coeur d’une parcelle envahie par les genêts : un ilot de pelouse ouverte avec sa végétation propre

Sur les prés sous-pâturés ou délaissés, les genêts progressent très vite en 3-4 ans et éliminent les grandes graminées qui étaient présentes ; en dix ans, on obtient une genêtière, un fourré de genêts de plus de 2,50m de haut au milieu duquel s’installent de jeunes chênes et bouleaux qui grandissent vite grâce à l’enrichissement du sol (voir ci-dessus). En 40-50 ans, on arrive à une forêt-friche de plus de 15m de haut et une futaie de chêne peut s’installer en un siècle, un peu moins pour la hêtraie.

Les pacages très humides des fonds tourbeux restent rebelles à l’enfrichement du fait des conditions engorgées des sols. Seuls les saules arbustifs s’y installent formant des fourrés galeries le long des ruisseaux. Au bout de 50 ans, on n’a seulement qu’un semis lâche de bouleaux et pins rabougris et une forêt n’apparaît vraiment qu’au bout de 150 ans.

Pré marécageux envahi de saules cendrés arbustifs

Vous aurez compris que le processus d’enfrichement est extrêmement pluriel et complexe et qu’il s’appuie sur divers processus naturels et interactions entre espèces. Ceci en fait toute sa richesse et garantit la formation d’un nouvel écosystème fonctionnel … même s’il ne répond pas aux canons esthétiques et culturels dominants. Admettons que le monde vivant n’a plus beaucoup de place pour s’exprimer librement dans nos paysages ultra dominés par les cultures et les infrastructures. De plus, dans le contexte de crise climatique qui s’accélère, bien des certitudes sur les milieux ouverts semi naturels que l’on veut promouvoir à tout prix (au détriment des friches dont on cherche à neutraliser la progression) vont voler en éclats sous les coups de boutoir des épisodes climatiques extrêmes. Les friches en libre évolution, dispersées dans la matrice des paysages habités, sont les garantes de refuges pour la vie sauvage sans la moindre empreinte carbone (pas de gestion), un point majeur dans le contexte de crise actuelle … et en stockant beaucoup de carbone dans les sols en plus !

Bibliographie

La France des friches. De la ruralité à la féralité. A. Schnitzler ; J.C. Génot. Ed. Quae 2012

La dynamique d’enfrichement, ses expressions paysagères et ses significations : le cas du Beaujolais viticole. Pic, J., Le Guen, Y., Cossart, É. & Fressard, M. (2020). VertigO, 20(2)

Les conséquences spatiales de la déprise agricole en Haut-Languedoc occidental : l’éphémère victoire de la friche.  Derioz Pierre. Revue de géographie de Lyon, vol. 66, n°1, 1991. Connaissance de la friche. pp. 47-54

Vitesses d’enfrichement de la montagne limousine. André Marie-Françoise. Norois, n°168, Octobre-Décembre 1995. pp. 629-640;

Analyse spatiale du processus d’enfrichement sur l’île d’Ouessant (Finistère).  Bioret Frédéric, Gourmelon Françoise, Le Berre Iwan. Norois, n°164, Octobre-Décembre 1994. pp. 547-558

Etude des successions après abandon des pratiques culturales en Bretagne, Jean-Claude Gloaguen , et al.  (1994) Acta Botanica Gallica,